Série « Épifounie » : Ludmilla raconte com­ment une expé­rience liber­tine lui a don­né confiance en son couple

Épifounie, c'est le récit d’un moment d’épiphanie sexuelle. Qu’il s’agisse d’un orgasme inou­bliable ou d’une période d’abstinence, c’est la chro­nique d’une pépite intime et poli­tique dans l’histoire éro­tique de chaque témoin. Pour cet épi­sode, Ludmilla raconte com­ment une expé­rience liber­tine lui a don­né confiance en son couple. 
143 collage sans cadre
© Isabelle Motrot pour Causette

Ludmilla, tren­te­naire basée à Montpellier se défi­nis­sant comme pan­sexuelle et non-​binaire, n’aime pas être ran­gée dans des cases. Ancienne comé­dienne et man­ne­quin recon­ver­tie dans le coa­ching, elle voit ses expé­riences sexuelles comme autant d’occasions de ques­tion­ner les normes. L’histoire qu’elle choi­sit de par­ta­ger se passe il y a quelques années. Elle est en couple avec son com­pa­gnon actuel, après s’être sépa­rée du père de sa fille. Ils décident de mettre en com­mun leur sexua­li­té conju­gale avec celle d’autres par­te­naires : faire l’amour à plu­sieurs pour explo­rer leurs dési­rs, mais tou­jours ensemble. Ils en ont beau­coup dis­cu­té en amont. Le désir de cou­cher avec d’autres cacherait-​il des manques dans leur rela­tion ? « Mais fina­le­ment non, relate Ludmilla. C’était l’envie de s’éclater et de le par­ta­ger qui nous moti­vait. » Un couple d’amis, Paul et Mira, vient jus­te­ment de leur pro­po­ser une ini­tia­tion à l’art du shi­ba­ri (ou bon­dage), pour leur faire décou­vrir de nou­velles sen­sa­tions. Ludmilla et son copain acceptent, et dans le salon de leurs amis, face au feu de che­mi­née, Paul attache Mira tan­dis que Ludmilla est liée par son conjoint. Elle aime le lâcher-​prise qu’elle res­sent à être entra­vée par des cordes, mais la soi­rée reste sage.

« C’était l’envie de s’éclater et de le par­ta­ger qui nous motivait »

Après la séance, les quatre adultes dis­cutent de leurs par­cours res­pec­tifs de couple. Paul et Mira sont bien ins­tal­lés, mariés avec deux enfants. Ils confient avoir eu envie de vivre des choses plus intenses dans leur sexua­li­té. Ludmilla et son copain s’identifient. « On a mis les pieds dans le plat. J’ai osé leur par­ler de mon fan­tasme d’aller en club liber­tin et leur dire que j’aimerais bien y aller avec eux », retrace-​t-​elle. Tout le monde est enthou­siaste à cette idée et le rendez-​vous est pris.

Le jour J, Ludmilla et son conjoint attendent devant un club, sur le par­king. Des mecs défilent, de 50 ou 60 ans. Pas une femme à l’horizon. Cela refroi­dit la jeune femme : elle n’a pas envie de se sen­tir comme un bout de viande au milieu de tous ces hommes. Elle recon­naît même un parent d’élève de l’école de sa fille… Le couple remonte dans sa voi­ture et choi­sit sur Internet un autre endroit, où l’âge est en moyenne plus jeune et la mixi­té, bien réelle. Paul et Mira les rejoignent. « Sur place, il y a un bar et plein de petites pièces à thème, ain­si qu’un espace ham­mam. L’atmosphère est tami­sée, les lumières chaudes, les murs ten­dus de tis­sus », décrit-​elle. Ils vont d’abord au ham­mam. Il y fait très sombre, à part devant la porte vitrée. Mira se met à dan­ser pour exci­ter ses trois par­te­naires. Son ombre se découpe dans la lumière qui filtre par l’ouverture. Le qua­tuor entre ensuite dans une pièce avec des mate­las pour se livrer à du côte-​à-​côtisme – les deux couples ont un rap­port sépa­ré­ment, en même temps, l’un à côté de l’autre.

Puis, à mesure qu’ils découvrent le lieu, les quatre tren­te­naires se dirigent vers l’échangisme, l’échange de par­te­naires. Il y a le glo­ry hole, une paroi per­cée de trous pour se faire sucer par quelqu’un·e de l’autre côté. Puis une pièce avec des acces­soires, plus BDSM. « On avait une confiance totale dans ce couple, car ils avaient plus d’expérience et une vraie atten­tion por­tée au consen­te­ment », sou­ligne Ludmilla. Elle et Mira font aus­si l’amour ensemble. « Je ne l’ai pas fait pour faire plai­sir aux hommes, même si beau­coup de clients sont venus nous regar­der à ce moment-​là et que j’ai un côté exhi­bi­tion­niste. C’était pour nous, pour faire ce dont on avait envie. Tous mes fan­tasmes étaient réunis. » Pour autant, une chose la cha­grine : dans la nuit, elle a res­sen­ti, pen­dant quelques secondes, un pin­ce­ment au cœur quand elle a vu son com­pa­gnon don­ner du plai­sir à Mira. « On peut appré­cier une expé­rience sans être à l’aise 100 % du temps », constate-​t-​elle. Le len­de­main, elle lui en parle. Il l’écoute et ils ima­ginent com­ment créer l’espace néces­saire pour pou­voir expri­mer à l’autre, sur le moment, ce qui déplaît ou questionne.

« J’ai osé par­ler [à nos deux amis] de mon fan­tasme d’aller en club liber­tin et leur dire que j’aimerais bien y aller avec eux »

Malgré cela, Ludmilla est ravie d’avoir concré­ti­sé son désir d’aller en club liber­tin. « Cette expé­rience m’a mon­tré que je pou­vais vivre mes pul­sions et ma sexua­li­té comme j’en avais envie avec mon par­te­naire », poursuit-​elle. Avant, elle crai­gnait l’infidélité, celle de l’autre autant que la sienne. « J’avais envie de me taper tous les mecs et toutes les meufs qui m’attiraient. Aujourd’hui, comme ce n’est pas de l’ordre de l’interdit, je sais que j’ai le droit d’avoir des dési­rs, des fan­tasmes et d’en par­ler. Mon copain ne sera pas dans le registre "per­sonne touche à ma femme". » Ludmilla et son com­pa­gnon ne sont pas retour­nés en club depuis, mais ils conti­nuent de l’envisager. Leur aven­ture leur a per­mis de remettre en ques­tion la notion de pos­ses­si­vi­té dans la conju­ga­li­té. « C’est ce que j’aime dans notre couple aujourd’hui : on ne s’appartient pas, conclut-​elle. L’important est de se res­pec­ter l’un l’autre. »

Lire aus­si l Série « Épifounie » – Orgasme lunaire

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.