Illustration épifounie

Série « Épifounie » – Orgasme lunaire

Série d’été « Épifounie », 3/​7

Cet été, Causette vous pro­pose de (re)découvrir sa série Épifounie qui s'intéresse, chaque mois dans le maga­zine, au récit d’un moment d’épiphanie sexuelle. Qu’il s’agisse d’un orgasme inou­bliable ou d’une période d’abstinence, c’est la chro­nique d’une pépite intime et poli­tique dans l’histoire éro­tique de chaque témoin. Pour ce troi­sième épi­sode, Élisabeth vit un moment de sen­sua­li­té hors du temps, dans un jar­din bai­gné de rayons de lune.

FINALVERSION B
© Isabelle Motrot pour Causette

Élisabeth est une thé­ra­peute de 43 ans, à l’écoute de ses dési­rs. Sa voix est enve­lop­pante quand elle parle de ses expé­riences sexuelles, dont elle aime évo­quer la dimen­sion qua­si mys­tique. En guise d’ « épi­fou­nie », cette femme blonde, gla­mour et pleine d’assurance choi­sit de par­ler d’une expé­rience vécue avec son der­nier com­pa­gnon. Elle a 40 ans à l’époque et sort de quinze ans de vie com­mune avec le père de ses enfants. La sépa­ra­tion a été longue et dou­lou­reuse. Pour lui remon­ter le moral, sa cou­sine lui a créé un compte Tinder. Élisabeth swipe sur l’application sans trop y croire. Elle ne va pas bien depuis sa rup­ture, et le récent décès de son chat ado­ré la rend encore plus mélancolique.

Une nuit, elle se réveille en pleu­rant. Sur son télé­phone, un mes­sage Tinder qu’elle n’ouvre pas. Elle se pro­met de sup­pri­mer son pro­fil. Mais le len­de­main, la noti­fi­ca­tion est tou­jours là. Elle se décide plu­tôt à lire le mes­sage et com­mence à dis­cu­ter avec l’homme qui le lui a écrit. Lui aus­si sort d’un mariage com­pli­qué. Ils passent les semaines sui­vantes à s’envoyer des mes­sages et à se télé­pho­ner. Ils finissent par se ren­con­trer. La connexion est immé­diate et confirme l’attirance née de leurs échanges virtuels.

« Je me sen­tais en confiance et por­tée par l’énergie de la lune. Ça fai­sait pen­ser à une sorte de rituel magique »

« Sexuellement, ça a très vite mar­ché. C’était une renais­sance », retrace Élisabeth. « Dans notre quo­ti­dien, on est tous les deux des êtres rai­son­nables, bos­seurs, cadrés. Mais ensemble, il y a comme une folie qui prend… une auto­com­bus­tion. On est capables de tout, comme deux enfants. Avec lui, chaque seconde est pré­cieuse. Je vis l’instant pré­sent. » Elle qui est plu­tôt de nature pudique se retrouve à faire l’amour avec son nou­vel amant dans la pis­cine d’un hôtel, ou encore dans son bureau contre la baie vitrée qui donne sur la rue, poi­trine col­lée contre la paroi de verre.

Après un an de rela­tion, son nou­veau com­pa­gnon l’invite à pas­ser un week-​end dans la mai­son de cam­pagne de sa mère. C’est une grande demeure avec une che­mi­née et d’innombrables pièces. La belle-​mère est absente, et Élisabeth voit dans cet endroit un vaste ter­rain de jeu pour lais­ser s’exprimer leur com­pli­ci­té sexuelle. Cette nuit-​là lui don­ne­ra raison.

Retour à l’état de nature

Elle raconte : « C’était une superbe soi­rée d’été. Une porte menait à un immense jar­din entou­ré de champs. On y est allé et on s’est retrou­vés à s’embrasser éper­du­ment, à ne plus pou­voir bou­ger. Il y avait une pleine lune énorme au-​dessus de nos têtes. Très natu­rel­le­ment, on a com­men­cé à se désha­biller, debout face à face. Ce n’est pas facile de se mon­trer comme ça, dans sa nudi­té authen­tique. Je me sen­tais en confiance et por­tée par l’énergie de la lune. C’était un peu comme une témoin de ce qui était en train de se pas­ser. Ça fai­sait pen­ser à une sorte de rituel magique. »

Élisabeth découvre l’émotion par­ti­cu­lière qu’il y a à se cares­ser dans un lieu à ciel ouvert. Le couple se met dans la posi­tion du lotus pour faire l’amour. Une pos­ture qui per­met de se rap­pro­cher au plus près pour se connec­ter l’un à l’autre. L’homme s’assoit nu dans l’herbe. Il est en tailleur. Élisabeth est dans ses bras, les jambes autour de sa taille. « On se regar­dait dans les yeux, puis on regar­dait la lune. Avec toute cette nature autour de nous, mes sen­sa­tions étaient décu­plées. C’était tou­chant d’être ces deux per­sonnes tota­le­ment nues, en train de res­sen­tir ces émo­tions très fortes. Cette image est puis­sante dans mon esprit, parce que c’est comme si, ce jour-​là, on s’était fait la pro­messe de vivre inten­sé­ment. C’était aus­si très beau de voir un homme qui se découvre et qui se laisse aller, en dehors de tout objec­tif de per­for­mance », se souvient-elle.

« À la fin, on en trem­blait tous les deux. Il avait les larmes aux yeux »

L’amante prête une atten­tion par­ti­cu­lière à chaque détail : la res­pi­ra­tion de son par­te­naire, son odeur, la tex­ture de ses che­veux. Elle a le sen­ti­ment de reve­nir à l’état de nature. Autour d’eux, elle entend des bruits d’animaux. Une chouette hulule. Leurs gestes sont lents, ils prennent leur temps. « À la fin, on en trem­blait tous les deux. Il avait les larmes aux yeux. » Ils regagnent leur chambre, leurs vête­ments dans les bras, por­tés par la puis­sance du moment. « Par la suite, quand on voyait une pleine lune, on se regar­dait avec un grand sourire. »

Le couple reste ensemble pen­dant trois ans, avant de se sépa­rer en rai­son de dif­fi­cul­tés de com­mu­ni­ca­tion. Mais Élisabeth ne regrette rien et dit gar­der pré­cieu­se­ment en mémoire tous les bons moments vécus à ses côtés. « J’ai appris que ça fait du bien de se lais­ser gui­der. Ce mec m’a cham­bou­lée, empor­tée, conclut-​elle. Il m’a mon­tré qu’il est pos­sible de lâcher prise, de s’en remettre à l’autre pour satis­faire sa curio­si­té sexuelle, sans que ce soit une to do list à cocher. Raconter cette his­toire est aus­si une façon pour moi de rendre hom­mage à cette relation. »

Lire aus­si l Série « Épifounie » – Un cun­ni, une clope et au lit 2/​7

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