L’école, pour­quoi il faut y aller ?

Une question de môme embarrassante ? Des éléments de réponse à destination des parents et… de leurs marmots.

Enfants lardons 103

1. Un droit… et un devoir

Mon petit, cela va peut-être t’agacer, mais aller à l’école, c’est une chance. Dans le monde, un enfant sur cinq n’a pas cette opportunité. Et, crois-moi, ils préfèreraient être à ta place. S’ils ne vont pas à l’école, c’est parce qu’ils vivent dans un pays en crise, qu’ils doivent mendier ou travailler pour survivre. Résultat, ils se retrouvent souvent condamnés à subir la pauvreté et, pour les filles – qui représentent plus de la moitié des enfants non scolarisés en primaire –, les mariages forcés et les grossesses précoces. Pas très réjouissant, hein ? Pourtant, l’éducation est un droit reconnu par l’ONU. Et en France, l’instruction est obligatoire jusqu’à 16 ans. Alors c’est vrai qu’on n’est pas tenu pour autant d’aller à l’école : aujourd’hui, 30 000 enfants (0,36 % des élèves) sont instruits à domicile et leur nombre augmente. Mais à moins que tes parents ne s’y mettent, tu vas devoir reprendre le chemin de l’école.

2. L’apprentissage de la vie

Tu sais, si l’école est si importante dans notre société, ce n’est pas seulement parce qu’on y apprend à lire, écrire et compter. C’est aussi parce qu’on y acquiert des outils indispensables pour comprendre le monde et, plus tard, tenter d’y trouver sa place – ce n’est pas pour rien si 70 % des parents estiment plus important d’épargner pour vos études que pour leur propre retraite. Et puis c’est là qu’on apprend la vie en société, avec ses bons côtés… et ses mauvais. Pas si simple ! « Aller à l’école est considéré par tous les parents comme une chance, mais pour beaucoup d’enfants, la classe est un lieu de tourment. Tout au long de leur scolarité, les élèves doivent à la fois vivre et apprendre au sein d’un groupe qu’ils n’ont pas choisi. Ils sont ainsi confrontés à une double exigence d’apprentissage et de socialisation, qui est à l’origine de la plupart des souffrances à l’école », constate la pédopsychiatre Nicole Catheline dans son ouvrage Souffrances à l’école. Les repérer, les soulager, les prévenir, paru en 2016.

3. Un long fleuve pas si tranquille

Eh oui, tu es loin d’être la seule à appréhender d’aller en classe ! En primaire, 43 % des élèves ont déjà eu du mal à s’endormir parce qu’ils pensaient à l’école. À la veille de la rentrée, c’est même assez classique – entre nous, les adultes ne sautent pas plus de joie à l’idée de retrouver la routine du travail. Mais il peut aussi y avoir des raisons plus profondes qui vous font dire que vous n’avez « pas envie d’aller à l’école ». « Chez les tout-petits, c’est surtout l’angoisse de la séparation qui s’exprime. Le passage au CP, comme tout changement d’environnement, peut aussi être inquiétant. Au-delà, se pose principalement la question du harcèlement scolaire [qui touche 11 à 12 % des élèves de primaire, ndlr].
Et puis, bien sûr, les difficultés scolaires : certains enfants en ont vraiment ras-le-bol et il arrive que certain·es soient quasiment en burn-out », résume la psychologue Catherine Verdier, spécialiste des enfants et des adolescent·es. Les mêmes maux, en somme, qui touchent le reste de la société.

4. Quand l’école fait mal

La difficulté pour les parents, c’est qu’ils ne savent pas toujours pourquoi vous traînez des pieds. « Si c’est une fois de temps de temps, il n’y a pas lieu de s’inquiéter », rassure Catherine Verdier. Mais quand les bobos et chagrins deviennent quotidiens (maux de ventre, de tête, pleurs, vomissements), c’est qu’il y a un hic. « Il faut regarder : la gravité des symptômes, leur amplification et leur durée. Au-delà d’une semaine, il est temps de s’inquiéter et d’investiguer », conseille cette spécialiste, qui invite aussi à prendre au sérieux « tout changement brusque d’attitude ». Derrière le dégoût de l’école peut se cacher une vraie phobie scolaire, qui touche 2 à 5 % des enfants et des jeunes d’âge scolaire. Et qui, rappelle Catherine Verdier, « est due au harcèlement scolaire dans un tiers des cas ».

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© Shuttersock

5. Pas de fatalité

Heureusement, l’école ne rime pas forcément avec souffrance, loin de là ! En 2010, l’Observatoire international de la violence à l’école a interrogé plus de 12 000 élèves de CM1-CM2 (88,9 % d’entre eux disaient se sentir bien dans leur école, 52 % s’y sentaient même « tout à fait bien »). Si jamais ce n’était pas ton cas, n’hésite pas à en parler à un adulte : ton enseignante·e, l’infirmier·e scolaire ou tes parents, qui pourront se tourner vers l’école. « Très souvent, quand on dit à l’enfant qu’on va aller voir le maître ou la maîtresse pour faire le point, ça le rassure déjà. Ce qui est important, c’est de l’entourer, de le rassurer, sans se montrer très pessimiste, mais sans enjoliver le discours non plus », estime Catherine Verdier. Car au fond, la scolarité n’est ni forcément formidable, ni forcément douloureuse : elle est souvent en demi-teinte. Un peu comme la vie, finalement. 

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