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© La Bulle

Être parent et mani­fes­ter, c'est pos­sible grâce au col­lec­tif La Bulle

La Bulle, un collectif basé à Paris et Rennes, organise un service de garde inclusif et gratuit pendant certains événements et manifestations. La prochaine a lieu samedi, lors des rassemblements du 25 novembre.

Être parent et mobilisé·e politiquement n’est pas forcément incompatible, même si, pour l’heure, la question reste trop souvent “un impensé”, avance Elsa Bastien, cofondatrice de La Bulle Île-de-France. Pour faciliter la participation des parents à certains événements, festivals et manifestations, La Bulle IdF propose un service de garde d’enfants gratuit, sur inscription. À Paris, il a souvent lieu dans des locaux prêtés gracieusement par le Centre international de culture populaire (CICP), près de la place de la Nation : ce sera le cas samedi après-midi, avec des horaires flexibles, à l’occasion de la marche contre les violences faites aux femmes, qui part de la Nation. Sur place, selon l’âge des jeunes enfants, des activités créatives sont proposées, comme la pâte à sel ou des ateliers pompons. Le tout, pensé avec un ADN inclusif, qui est celui du collectif francilien, fondé par trois personnes queers, Elsa Bastien, Adèle David et Estelle Jonier. “Quand on a le temps, on essaie de créer des outils en lien avec les événements organisés, détaille Adèle David. Pour la dernière marche du 25 novembre, on avait essayé de faire une comptine sur le consentement. Mais on accueille souvent des enfants d’âges très différents, des bébés et des enfants plus âgés, alors ce n’est pas toujours évident”. La garderie a aussi imaginé pour les petit·es un jeu des 7 familles inclusif, qui comprend un cercle familial et amical élargi : la voisine, les animaux de compagnie et les colocataires.

L’idée de cette antenne francilienne a germé en 2021, lors du festival Very bad mother, à Concarneau (Bretagne), avec une première édition consacrée aux parentalités féministes lors de laquelle le collectif rennais d’origine, La Bulle – qui existe depuis 2019 – gardait les enfants : “Il y avait plein d’adultes et notamment des hommes qui s’occupaient d’enfants sur des plages horaires longues, avec des activités, ce n’était pas juste de l’accueil, se souvient Elsa Bastien. On a trouvé ça trop bien, on a voulu importer le concept en Île-de-France.

Si le collectif parisien, qui existe depuis 2022, est informel et sans existence juridique, il applique toutefois des règles de sécurité : ainsi, aucun·e enfant n’est laissé·e seul·e avec un·e adulte, afin de prévenir les agressions sexuelles ou les propos grossophobes. La Bulle Île-de-France peut compter sur vingt-cinq bénévoles dont certain·es, comme Adèle David, ont en poche le Bafa ou une expérience d’animation.

Faut-il emmener ses enfants en manif ?

Après une année 2023 riche en mobilisations et en violences policières, la question se pose pour de nombreux parents : faut-il emmener ses enfants en manif ? Pour Elsa Bastien, “certaines manifestations, comme celles sur la réforme des retraites ou pour la Palestine sont devenues dangereuses, même pour les adultes”. “Les enfants ne sont pas du tout protégés, on a vu des poussettes attaquées, gazées, des familles ressortir en pleurs avec les yeux rouges et des vomissements,” complète Adèle David. “Il y a aussi des enfants qui n’aiment pas du tout aller en manif, tout simplement”, conclut Elsa Bastien.

Quant aux adultes, parmi les inscrit·es à la garderie, on trouve surtout des parents LGBTQIA+ : “Croiser des enfants qui ont des parents queers, cela sensibilise aux personnes queers,” assure Adèle David. Et si l’offre est ouverte à tous et toutes, elle cible notamment les mères isolées, “les personnes les plus empêchées de manifester,” selon Elsa Bastien. “Les mères ont aussi besoin et envie de militer sans leur enfant, détaille-t-elle. Certaines manifs féministes sont festives, c’est un moment à soi et pour soi. Et pour elles, ce moment de répit est le bienvenu.”

Si l’idée d’une garde d’enfant collective est un vieil héritage des milieux ouvriers, le concept existe également à l’étranger, dans certains cercles militants américains, et s’invite de plus en plus chez les activistes écologistes, comme aux mobilisations de Sainte-Soline (contre les mégabassines), selon le média Reporterre.

À Paris, la garderie n’est pas prise d’assaut, avec cinq à sept enfants en moyenne, mais le bouche-à-oreille fait circuler l’idée. “Même s’il n’y a pas beaucoup d’enfants, on voit que, dans nos milieux militants, la question commence à être pensée,” remarque Elsa Bastien. Le but du collectif ? “Que cela devienne un réflexe pour les organisateurs de manifs et d’évènements de penser à la parentalité et aux enfants. Le but, c’est que chaque collectif y pense par soi-même et crée sa propre ‘bulle’.”

La Bulle IdF : [email protected]

La Bulle IdF organise aussi des boums mensuelles LGBTQIA+ à la Flèche d’or (Paris 19e) en non-mixité parents-enfants.

La Bulle Rennes : [email protected]

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