Acné : en quête du remède miracle

Entre les traitements interminables et les médocs à effets secondaires, se soigner c’est un peu, pour les victimes de l’acné, avoir le choix entre la peste et le choléra. Mais pourquoi diable est-il si difficile de se soigner ?

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© Marie Boiseau pour Causette

« C’est un parcours du combattant, en l’occurrence, dix ans de ma vie. » Aude n’a que 23 ans. Mais, comme nombre de témoignages sur les comptes « skin positive », la jeune femme dit avoir « tout essayé » contre l’acné. « Une dizaine » de rendez-vous dermato, de crèmes « dont la composition te dépasse complètement », deux essais de pilules, une généraliste, le zinc… puis elle est passée à l’homéo­pathie, au magnétiseur, à l’énergéticien et a même rencontré une chamane. Face au statu quo de sa peau, on lui propose de l’isotrétinoïne, la molécule du Roaccutane. Traitement radical accusé de lourds effets secondaires. Elle refuse et, depuis, cherche des solutions, seule. Anne Latuille, créatrice d’un compte Insta « skin positive », connaît l’histoire par cœur. Elle l’a elle-même vécue et remarque que toutes ses followers aussi. « Certaines disent même qu’on leur a prescrit des stéroïdes », souffle-t-elle. Elle résume leur combat par un adage souvent repris dans les groupes de soutien de victimes de l’acné : « La communauté médicale traite la surface du problème, pas ses causes. » L’acné est pourtant la maladie de peau la plus répandue en France, d’après l’enquête Objectifs Peau. Pourquoi est-on incapable de la soigner comme on soignerait une angine ? 

Derrière ce mal, une bactérie

Laurent Misery, dermatologue et président de la Société française des sciences humaines sur la peau, explique : « L’acné n’est pas due à un microbe. Elle est due à Cutibacterium acnes, une bactérie qui fait partie de notre microbiote cutané à tous. C’est seulement lorsqu’il y a un déséquilibre par rapport aux autres bactéries, en présence d’autres cofacteurs (pores bouchés, trop de sébum), qu’elle induit une inflammation. Le but n’est donc pas de tuer cette bactérie, mais de calmer ­l’inflammation lorsqu’elle apparaît. Pour ça, on a des traitements efficaces », assure-t-il. Selon son confrère Charles Taieb, le sentiment d’impasse des patient·es vient aussi d’une image erronée de la maladie. « Il faut voir l’acné comme une maladie chronique, déclare-t-il, et apprendre à la gérer comme telle. » C’est pour ça qu’il milite pour développer des « programmes d’éducation thérapeutique » censés donner à ­chacun·e les clés de compréhension des multiples vies de notre peau.

Mais que fait la recherche dans tout ça ? Essaie-t-on de trouver des solutions au fameux déséquilibre originel ? Christine Lafforgue est maîtresse de conférences en biologie et cosmétologie. Elle est l’une des rares à avoir un œil à la fois sur le monde dermatologique, celui des labos d’industrie et celui de la recherche sur la peau. « Pendant longtemps, résume-t-elle, on est restés sur l’idée que Cutibacterium acnes se développait grâce à l’absence d’oxygène. On cherchait donc à évacuer le sébum grâce à des actifs qui aéraient la peau. Sauf qu’on s’est rendu compte que cette bactérie a la capacité de s’adapter à son milieu. Aujourd’hui, on s’intéresse donc au microbiote. Notamment aux acides qui empêcheraient l’acné de “prendre le lead” sur les autres bonnes bactéries. » La papesse du sujet, c’est la dermato Brigitte Dréno. À ce stade, nous savons encore peu de choses de ses recherches, et son emploi du temps ne lui a pas permis de répondre à notre sollicitation. Ses travaux ne s’évoquent encore qu’à demi-mot – tant ce serait une révolution pour la médecine traditionnelle –, mais une piste se trouverait du côté des « prébiotiques et probiotiques », confie une source. Alléluia !

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