Qui est Pauline Clément, la seule femme des vidéos Broute ?

Elle est la seule femme à s’être fait une vraie place dans l’équipe mas­cu­line de Broute, les pas­tilles caus­tiques dif­fu­sées sur Canal+. Pauline Clément navigue éga­le­ment entre le ciné­ma et des rôles clas­siques à la Comédie-​Française. Son envie pour le futur ? Créer ses propres vidéos où les ques­tions fémi­nistes auront leur place.

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Pauline Clément © Fabien Lamadie

Dans une des vidéos de Broute, elle incarne une chef d’entreprise « flexi­ta­rienne du fémi­nisme ». Kézako ? Une femme ravie d’embaucher une femme… du moment qu’elle est sté­rile et ne gêne pas la bonne marche de l’entreprise. Dans la vidéo où Broute vante les mérites du jeu de rôle Me Too Inceste, elle est la maman de l’enfant tri­po­té par le grand-​père. « Je vois tout mais je dis rien », lance-​t-​elle, désin­volte, à la camé­ra. Pauline Clément, 34 ans, est aujourd’hui la seule femme du col­lec­tif Yes vous aime, mené par Bertrand Usclat, qui réa­lise depuis 2013 des vidéos humo­ris­tiques déca­pantes. Une situa­tion pas com­plè­te­ment inédite pour la comé­dienne : à 14 ans elle était déjà l’unique jeune fille dans une filière tech­no­lo­gique d’apprentissage de la méca­nique et de l’ébénisterie. « L’école ne m’aimait pas et je ne l’ai pas aimée en retour, explique Pauline Clément. On m’a très tôt fait com­prendre que ça allait être com­pli­qué pour moi. Je suis dys­or­tho­gra­phique, dys­cal­cu­lique et un peu dys­lexique mais on ne s’en est pas vrai­ment ren­du compte à l’époque. »

A 16 ans, elle délaisse pis­tons et rabots pour des pin­ceaux à maquillage. « Je me voyais bien deve­nir esthé­ti­cienne, se souvient-​elle. Mais à force d’entendre dire qu’il fal­lait être « propre sur soi » dans ce métier, ça m’a gon­flée. » En paral­lèle de ces études, Pauline Clément suit une fois par semaine les cours de théâtre ama­teur de Irène Crozefon à Paris. Passée l’angoisse des vingt pre­mières minutes consa­crées à la dic­tion (« J’avais peur d’avoir oublié la phrase quand mon tour vien­drait »), la voi­là mor­due. « J’aimais tel­le­ment ça que j’y pen­sais toute la semaine, se sou­vient la comé­dienne. Je me sen­tais libre et à ma place dans les exer­cices d’improvisation. Personne ne misait sur moi – même pas moi ! – mais je m’amusais tel­le­ment que ça m’a don­né envie de pour­suivre dans cette voie. »

Cours Florent ; Conservatoire du 8e arron­dis­se­ment de Paris ; École du stu­dio d’Asnières ; Conservatoire natio­nal supé­rieur d’art dra­ma­tique : après avoir détes­té l’école, Pauline Clément semble avoir eu du mal à arrê­ter celle du théâtre ! « J’ai pas­sé dix années dans les cours parce que j’avais peur de me lan­cer, reconnaît-​elle. On m’a tel­le­ment dit que j’étais la plus nulle… Il a fal­lu que je croise des per­sonnes qui me donnent du cou­rage pour que je croie en moi. »

Bertrand Usclat, ren­con­tré au Conservatoire du 8e arron­dis­se­ment de Paris, fait par­tie de celles-​là. Il co-​écrit et met en scène Comme la lune, un seul-​en-​scène où elle endosse de mul­tiples per­son­nages. Quand il lui pro­pose d’intégrer l’aventure col­lec­tive Yes vous aime, elle le suit sans hési­ta­tion. Même après être deve­nue, en décembre 2015, pen­sion­naire de la Comédie-​Française. « J’aime bien vivre avec ses deux rythmes dif­fé­rents, précise-​t-​elle. Très speed avec Broute puisque les textes sont écrits le lun­di et joués le mer­cre­di. Il n’y a pas d’essayage de cos­tumes ou de dis­cus­sion en amont avec le maquilleur. C’est beau­coup plus lent au théâtre. Hier, nous avons lu La Cerisaie de Tchekhov. Demain, on dis­cu­te­ra d’un acte. Après-​demain d’un autre. Et ain­si de suite pen­dant les quatre mois de répétition. »

La sil­houette gra­cile de Pauline Clément et sa voix canaille se glissent aus­si, de plus en plus sou­vent, au ciné­ma. On l’a vue en future mariée chi­ca­neuse dans Le Sens de la fête de Toledano et Nakache ou en ins­ti­tu­trice dépas­sée dans Les Blagues de Toto de Pascal Bourdiaux. Sans comp­ter plu­sieurs films dont les sor­ties ont été repous­sées à cause de la fer­me­ture des salles de ciné­ma. Comment vit-​elle cette période frus­trante, entre confi­ne­ments et couvre-​feux ? « J’ai adop­té un chat, dit-​elle en riant. Et puis je me suis beau­coup amu­sée à réa­li­ser une vidéo sur mon rap­port à l’école et à l’ennui pour la Web TV de la Comédie-​Française. Ça m’a don­né envie de créer mes propres cap­sules. » On lui demande si les pro­blé­ma­tiques fémi­nistes auront leur place dans ce pro­gramme. « Ah oui, c’est sûr, s’exclame Pauline Clément. Je m’aperçois que je dois encore me faire vio­lence pour oser dire ce que je pense vrai­ment ou que je ne suis pas contente. Et puis, ce n’est pas si facile de créer des rôles fémi­nins pour Broute. Alors, après avoir beau­coup joué chez les autres, je vou­drais deve­nir un peu plus décisionnaire. »

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