Les Transmusicales de Rennes se tiennent du 7 au 11 décembre. Voici huit artistes femmes pleines de promesses à ne pas manquer cette année !
Les Transmusicales ont toujours observé la création musicale avec un objectif panoramique. Cette année encore, on découvrira à Rennes des artistes ouïghours, des Estonien.nes, un duo des îles Féroés, des Colombien·nes… Il n'y a pas photo, le festival breton est un instantané de la production du moment et un puissant révélateur des promesses de demain. Focus sur huit artistes femmes programmées lors de cette 44e édition.
Rocío Márquez
La chanteuse espagnole de flamenco dépoussière la tradition populaire en frottant son chant grandiose aux expérimentations électroniques modernes du producteur et DJ Bronquio, avec lequel elle a conçu son nouvel album. Rocío Márquez est un peu la grande sœur de la star Rosalía, qui a brillamment détourné les codes du flamenco pour en faire une musique hybride et conquérante. C’est parce qu’elle connaît bien les fondations du folklore andalou que Rocío Márquez parvient à rénover de manière radicale la vieille bâtisse espagnole. En 2020, cette artiste militante a été la première espagnole à remporter une Victoire de la musique en France (catégorie album de musiques du monde) pour son album Visto en el Jueves.
Prochain album : Tercer Cielo (Viavox production). Sortie le 9 décembre 2022
Zaho de Sagazan
Depuis 1997, les TransMusicales de Rennes invitent un artiste émergent au théâtre de l'Aire Libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande, près de l'aéroport, pour une résidence de travail de quelques jours. Dans le passé, Stromae, Jeanne Added, Fishbach ou Aloïse Sauvage se sont brillamment illustrés dans cet exercice imposé et exposé de la "création". Cette année, la locataire des lieux se nomme Zaho de Sagazan. Ancienne danseuse originaire de Saint-Nazaire, la jeune artiste plonge sa voix grave dans un bain électro magnétique. Ses textes revisitent les zones sombres de l’adolescence (addiction, amours contrariés), exorcisent les démons sans tomber dans le pathos
Vicky Veryno
Au sein d’un univers queer singulier, la chanteuse-guitariste explore les sens et les sons. Guitare en bandoulière et pédales d’effets au pied, Vicky Veryno compose une musique pop-rock qui balancent entre l’intimité de l’acoustique et la puissance de la fée électricité. Se moquant des courants, Vicky Veryno dirige sa barque dans des eaux mystérieuses, se reposant, tel Nick Drake, tantôt au milieu d’un lac apaisé ou bien se laissant chahuter par les torrents psychédéliques chers à King Gizzard & the Lizard Wizard. Unique en son genre, l’artiste formée au Conservatoire de Rennes dessine en virtuose sa propre ligne.
Grace Cummings
La voix tonitruante de cette Australienne possède l'éclat des tempêtes et la beauté apaisée des ciels lavés par le passage de l’orage. Inspirés par les poètes.ses folk du XXe siècle, les airs dépouillés de cette compositrice, productrice et comédienne basée à Melbourne traversent les époques. Ses chansons acoustiques débridées sont comme de la lave en fusion, elles remontent du fond des âges, charriant leur lot de drames et de passions, pour rugir au contact de l’air. Sur scène, les airs se font beaucoup plus rock.
Dernier album : Storm Queen (ATO REcords/[Pias])
Duo Ruut
Comme son nom l’indique, Duo Ruut est un tandem. Il est composé de deux jeunes artistes estoniennes de 22 ans, Ann-Lisett Rebane et Katariina Kivi. Les deux musiciennes mêlent leur voix et jouent simultanément sur un seul instrument, la rahvakannel, une cithare estonienne. Leur musique, minimaliste et aérienne, conjugue au présent le folklore du pays balte.
Dernier EP : Kulla Kerguseks (Duo Ruut Music)
Danielle Ponder
Un voix, un message, un son. Le premier album de cette américaine originaire de Rochester, dans l’Etat de New York, a déjà tout d’un classique. Danielle Ponder sait pourquoi elle chante. Cette fille de pasteur, biberonnée au gospel, met sa voix vibrante et profonde au service de la soul, du blues et de la défense des laissés pour compte (elle a été pendant 5 ans avocate commise d'office). Proche du mouvement Black Lives Matter, inspirée par l'emprisonnement de son frère, Danielle Ponder réveille le fantôme de Nina Simone pour s'élever contre le racisme et apaiser les souffrances dont sont victimes les Noirs aux États-Unis.
Dernier album : Some of us are brave (Future Classic)
Dea Matrona
Les Irlandaises Mollie McGinn (22 ans) et Orláith Forsythe (21 ans) accordent ”guitar hero" au féminin. Les deux jeunes femmes originaires de Belfast se sont connues sur les bancs de l’école. Depuis, les filles ont troqué leurs cartables contre des guitares portées en bandoulières. Héritières de Joan Jett et de Debbie Harry, les deux pétroleuses enflamment avec un charme désinvolte un rock seventies (Cream, Led Zeppelin), sensuel et accrocheur. Les Dea Matrona - “déesse mère” dans la mythologie celte - sont nos guitar héroïnes.
Nana Benz du Togo
Au Togo, les Nanas Benz désignent les femmes d’affaires qui dans les années 1960-1980 ont développé le lucratif commerce du wax, importé en Afrique de l'ouest depuis les Pays-Bas. Ces reines du textile doivent leur étonnant surnom aux berlines allemandes dans lesquelles elles circulaient, symbole de leur réussite. Elles sont même devenues une source d’inspiration. Collectif originaire de Lomé, Nana Benz du Togo est composé de trois chanteuses et de deux musiciens qui utilisent des instruments en matériaux de récupération. Le quintet balance une transe tribale et funky qui fait monter le palpitant dans les tours. Les Nana Benz du Togo, qui ont indéniablement de l’étoffe et du coffre, donnent aux Trans leur premier concert en Europe.
TransMusicales de Rennes, du 7 au 11 décembre. www.lestrans.com
