Psychologue spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences, Louisadonna est aussi chanteuse indépendante. Elle détourne les codes de la pop culture pour créer des morceaux drôles et féministes.
Du rose bonbon, des paillettes et… des poils ! Voilà les ingrédients de l’univers de la chanteuse indépendante Louisadonna, qui détourne depuis plusieurs années maintenant les codes de la pop culture pour créer des morceaux engagés, féministes et terriblement caustiques, qu’elle distille sur les plateformes de streaming ou sur ses réseaux sociaux.
En 2024, la toute juste trentenaire s’est lancé le défi de publier chaque semaine sur Instagram une “mini compo” sur un sujet d’actualité qui la révolte, ou au contraire, lui met du baume au cœur. Pour l’instant, le début d’année que l’on traverse l’a, sans surprise, plus mise en colère qu’autre chose. Le remaniement et l’allocution présidentielle se sont révélés être des thématiques prolifiques, sources de punchlines bien senties : “Tu parles de réarmement/Comme pour une guerre/Mais tu attaques toutes les femmes seules/Toutes les mères”, “J’ai nommé Premier ministre gay/Première fois qu’on voit tant de ministres contre nos droits qui siègent en même temps”, ou encore “Bienvenue en nouvelle oligarchie/Où l’on peut donner le pouvoir à ses ex ou amis”.
“L’humour est mon mécanisme de défense, explique à Causette Louisadonna. “Vu le contexte déprimant, je crois que les gens apprécient de s’informer en écoutant une musique courte, humoristique et légère, poursuit-elle. Cela peut parfois être dur de se confronter à l’actualité, ces compositions sont une autre forme d’accès à l’information. Généralement, je pars d’une phrase qui me fait rire et puis je déroule les paroles. Les personnes qui me suivent m’aident aussi à trouver des thèmes ou me transmettent des infos que je n’aurais pas vu passer.”
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Une question d'équilibre
La jeune artiste, originaire d'Annecy, écrit et compose de la musique depuis toute petite. Mais sur les conseils de son père, elle n'en a pas fait son seul métier. À côté, Louisadonna exerce deux jours par semaine comme psychologue au sein de l'association "Une femme, un toi", qui accompagne les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. "Très vite, mes amis se sont ouverts à moi sur les agressions dont ils et elles avaient été victimes, se souvient-elle. Je suis un peu un aimant à confidences. Je trouvais donc important de travailler dans ce domaine-là."
Elle confie voir, parfois, “des choses difficiles” dans son métier de psychologue. La musique apparaît comme “un espace créatif beaucoup moins violent”, qui lui permet de ne pas “broyer du noir tout le temps”. Ses deux activités lui apportent “un certain équilibre” dans sa vie. Mais évoluer en tant que chanteuse indépendante, tout en portant des messages féministes et queer (elle est ouvertement bisexuelle) n’est pas une promenade de santé : “Je parle de ces sujets car ils me constituent à 80 %, mais ils ne m’apportent pas une grande visibilité. Ce n’est pas facile de passer pour la féministe hystérique de service en France, quand on voit toutes les régressions qui existent et la montée inexorable du sexisme.”
Après deux EP entre pop et électro, Fatigue et Punchline, Louisadonna prépare la suite, qui prendra soit la forme d’un troisième minidisque ou d’un premier album. Elle espère que sa musique pourra “toucher un plus grand public”. “Je sais que toutes les portes ne s’ouvriront pas d’un seul coup. Mais j’apporte un message d’apaisement, d’égalité et d’amour pour tout le monde.” On espère que de plus en plus d’adeptes se laisseront toucher par ses mots.
