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(©Fifou)

Aloïse Sauvage : « J'avais très envie qu’on com­prenne expli­ci­te­ment que je parle d’une femme dans mes nou­velles chansons »

Le nouvel album de la chanteuse et actrice porte son nom, Sauvage, comme pour mieux affirmer sa souveraineté sur sa carrière musicale. Entre caresses et coups de poing, rencontre avec une artiste qui pratique en chansons le corps-à-corps.

Dans quelques jours, Aloïse Sauvage s’installera en résidence à Tours, en Indre-et-Loire, pour mettre au point la scénographie aérienne de ses concerts. Puis elle partira en tournée. Enfin. À la sortie de son premier album, Dévorantes, en 2020, le Covid l’avait privée de cette rencontre avec le public. La frustration digérée, la chanteuse, qui est aussi compositrice, actrice, circassienne et danseuse, a mis à profit cette pause imposée pour faire le bilan de sa jeune trajectoire musicale. Prendre du recul pour gagner un nouvel élan.

Au moment des retrouvailles, on se livre au petit jeu des sept différences. Au premier plan, la brune de 29 ans est devenue blonde et elle a signé avec un nouveau label. En profondeur, elle est passée par des épisodes sombres et des remises en question avant de prendre la résolution de ne plus faire de compromis. Ce parcours en dents de scie rythme Montagnes russes, le titre d’ouverture de son nouvel album. Sa détermination retrouvée est le carburant de l’explosif single Focus. Aloïse Sauvage continue d’écrire à l’instinct. Mais la plume s’enfonce de manière plus engagée dans les plaies de la société, prête au corps-à-corps. Elle se fait ainsi puncheuse sur Crop Top, abordant le thème du consentement et des féminicides.

Quand la colère retombe, la militante est une amoureuse transie qui ne demande qu’à profiter des plaisirs de la chair féminine. « Les chansons suivent mon évolution personnelle, commente-t-elle dans la cour du studio où elle répète ses gammes. Quand j’ai sorti l’EP Jimy [en 2019, ndlr], j’étais dans la découverte de mon homosexualité. Je la décrivais aux yeux des gens en même temps que je la vivais personnellement. D’où cette première chanson lesbienne écrite dans la peau de la protagoniste Jimy. Cela m’offrait un peu plus de recul, me permettait d’aborder mon intimité tout en restant générale. Cette fois, sur des titres commes XXL, Joli Danger, Love, je voulais qu’on comprenne explicitement que je parle d’une femme. J’avais très envie de ça. »

Métamorphose

Entre revendications collectives et confidences intimes, la chanteuse avance en équilibre sur une ligne musicale éclectique qui va du hip-hop au lyrique. Plus cheffe de meute que fauve solitaire, elle a monté sa propre maison d’édition baptisée Les Sauvages. Acceptation de soi, émancipation, autonomie pavent la nouvelle voie du succès d’Aloïse Sauvage. « L’industrie musicale peut te broyer. J’avais envie de me plaire à moi-même avant tout avec cet album. J’ai trop souvent cherché à le faire auprès des autres. Ce disque est l’aboutissement d’une métamorphose. Pour moi, c’est comme un deuxième premier album. »

À l’aise dans ses claquettes et son ample jogging couleur crème, Aloïse Sauvage recommence les présentations. L’album porte d’ailleurs son nom de famille : Sauvage. « Avant, j’avais l’impression que j’étais trop petite pour porter ce mot, comme un vêtement trop large. Sauvage, ça veut dire couper les mauvaises branches, ne pas se laisser faire, être farouche dans le bon sens du terme. » Deux ans après Dévorantes, qui scandait les envies et les angoisses qui la mangeaient tout cru, cette fois, c’est elle qui sort les crocs. 

Sauvage, d’Aloïse Sauvage. Capitol/Universal Music. Sortie le 7 octobre. En concert le 11 octobre à La Cigale, Paris, et en tournée dans toute la France.

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