Dans son nouveau livre Dites-lui que je l’aime, Clémentine Autain se raconte à travers sa mère, une actrice fantasque et tragique qui se donna la mort à 33 ans. Entre règlement de comptes et déclaration d’amour posthume…

En cette période de grand débat et d’actualité sociale plus qu’agitée, on la sent à moitié à l’aise à l’idée de faire la promo de son nouveau livre, Dites-lui que je l’aime. La députée de La France insoumise est plus habituée à dénoncer les injustices et les tragédies des autres. « Ce n’est pas un exercice classique chez les politiques que de se raconter intimement, ça décale, j’avais peur de ce décalage. À travers mon enfance, je parle de filiation, de mémoire et de règlements de comptes avec ses parents, c’est universel », ajoute-t-elle, comme pour se rassurer en inscrivant son récit dans une dimension collective. C’est à sa mère, en l’occurrence, qu’elle dit, entre les lignes, qu’elle l’aime, empruntant au passage le titre du film du réalisateur Claude Miller, qui offrit à sa mère son premier grand rôle en 1977 aux côtés de Gérard Depardieu.
Beauté tragique
« Je venais d’avoir 12 ans lorsque tu es morte, j’en ai 42. Tu es partie il y a si longtemps que la haine s’est éteinte, évaporée avec les années […] Tu n’avais pas seulement disparu, je t’avais fait disparaître. Tout a fonctionné comme si j’avais eu un besoin impérieux de t’anéantir pour pouvoir m’en sortir et tracer mon chemin loin de la déprime et de l’alcool. » Ainsi écrit Clémentine Autain avec des mots tendres et durs à la fois, qui claquent, glacent, émeuvent, se révoltent, pleurent, rigolent, racontent cette maman qui ne l’a jamais trop été.
Sa mère, c’est Dominique Laffin, une jeune comédienne qui crève l’écran dans les années 1970, une beauté tragique et frondeuse que se disputent les réalisateurs et réalisatrices Catherine Breillat (Tapage nocturne), Marco Ferreri[…]