precieux dechets
De gauche à droite © Tanguy Mélinand et © James Morris

Expo "Précieux déchets" : veste en algues, table en agave et mes­sage d'espoir

L'exposition Précieux déchets, à la Cité des sciences et de l'industrie, revient sur l'histoire des ordures, et expose ses solutions design pour leur dire bye bye pour de bon.

En parallèle de son installation permanente intitulée urgence climatique, la Cité des sciences et de l'industrie présentait mardi Précieux déchets, une exposition tournée vers la nécessité de mettre fin à notre production effrénée d'ordures. Dans un espace restreint, le parcours - articulé sur trois axes et doté de 75 projets exposés - parvient à rendre compte de notre relation historique aux déchets, ainsi que des solutions à notre disposition pour revaloriser ces détritus, voire pour révolutionner nos habitudes de production et de consommation.

Depuis les années 50, notre attitude de consommation peut se résumer ainsi : acheter et jeter. Une boucle infernale qui entraîne aujourd'hui la production dans le monde de plus de deux milliards de détritus chaque année. Au départ, pourtant, le plastique et la culture du jetable facilitent grandement le quotidien. "Dans les années 50, les produits à usage unique - comme les couches jetables - réduisent grandement la charge des tâches domestiques, surtout pour les femmes", rappelle Dorothée Vatinel, commissaire de l'exposition. C'est l'apogée des déchets. Très vite pourtant, les utilisations quotidiennes de matériaux polluants comme le plastique - à base de pétrole - se multiplient, tout comme l'obsolescence programmée des objets et la surconsommation, et menacent aujourd'hui la survie de la planète, et la nôtre. Submergé·es par les ordures, "on les envoie courageusement dans les pays pauvres", ajoute Dorothée Vatinel.

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Chaise Gravêne 5.5 @ Maximum

Face à ce constat, l'exposition Précieux déchets ambitionne, dans son second axe, de mettre en avant le potentiel de revalorisation des détritus. Conçue et exposée à l'origine par le Design Museum de Londres, l'expo met en lumière une nouvelle génération de designers qui propose un rapport nouveau aux objets. Elle a également été enrichie, pour son passage à Paris, par des projets imaginés en France. L'expo ellle-même a joué le jeu puisque la "scénographie éco-conçue" utilise des décors faits à base de matériaux recyclés et qui seront ensuite à nouveau réutilisés. "La valorisation des déchets, nous y sommes", se réjouit Dorothée Vatinel, qui précise que l'exposition cherche à poser un regard "optimiste" sur le futur.

On peut ainsi découvrir de nombreuses manières de faire des ordures des ressources précieuses. La déconstruction d'un gobelet Starbucks ou d'un menu Macdo révèle les matériaux réutilisables qui les composent, un kit permet de réparer seul·le son téléphone pour lutter contre le syndrome de la petite pièce manquante qui pousse à acheter un tout nouvel appareil... Des designs innovants de chaises, de vêtements, d'ustensiles se succèdent. L'exposition est riche et souligne les possibilités de revalorisation de la matière dans de très nombreux secteurs de l'industrie. Elle présente également des projets d'architecture, encourageant à repenser les espaces au lieu de les détruire. Des travaux particulièrement remarquables qui traduisent le rapport émotionnel qui existe entre nous et nos lieux de vies, rapport affectif qui se crée aussi avec nos objets.

Ce qui nous amène à la dernière partie de l'exposition - la plus ambitieuse - qui imagine un monde où les déchets n'existeraient plus. Les produits se répareraient à l'infini, seraient produits à base de matériaux durables et conçus pour être utilisés sur le (très) long terme. Une utopie qui parvient néanmoins à prendre vie dans la fin du parcours de Précieux déchets où sont exposés des objets créés à partir d'algues, de coquillages, d'agave, ou encore de déchets de pisciculture. Autant de pièces d'exposition créatives - certaines déjà commercialisées - qui laissent entrevoir un futur effectivement dénué d'ordures.

Veste algue. De Tanguy Melinand © Anais Valdher Untersteller
Veste algue. De Tanguy Mélinand. © Anaïs Valdher Untersteller

Dorothée Vatinel, commissaire de l'exposition, considère que nous vivons dans une "période de transition", où ces solutions oscillent entre rêve et réalité. Elle admet néanmoins que le changement ne viendra pas tout seul, et n'émanera certainement pas des entreprises capitalistes. "Il s'agit de mon opinion personnelle, précise celle qui ne peut pas se prononcer pour la Cité des sciences, mais je pense que c'est sous la pression des consommateurs que les industriels peuvent commencer à changer". Elle raconte : "je suis peut-être naïve, mais j'ai envie d'y croire. On peut moins consommer, c'est la première chose à faire. Et puis, ensuite, ne pas acheter chez des gens qui ne jouent pas le jeu et faire attention au greenwashing". La commissaire appuie son propos grâce aux exemples autour d'elle, à ces designers "militants" selon elle. "Face à la designer qui élabore une matière qui ressemble à de la matière plastique à partir de déchets de pisciculture, on pourrait se dire qu'elle est cinglée, et pourtant, elle y va. Et c'est ça que j'aime. Il faut changer nos lunettes, il faut regarder les choses autrement et se dire « et si on essayait ? ». Entre l'imagination que ça permet et notre militantisme en tant que consommateur, peut-être que les choses vont évoluer", poursuit Dorothée Vatinel. "De toutes façons, on n'a pas le choix".

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précieux déchets, exposition à voir à la Cité des sciences et de l'industrie, du 5 décembre 2023 au 1er septembre 2024.

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