99 le cercle des petits philosophes © Atelier distribution
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« Le Cercle des petits phi­lo­sophes », Socrate en herbe

C’est un documentaire passionnant qui suit des écoliers de 7 et 10 ans en ateliers de philo et de méditation ! Jalonnés de fulgurances enfantines, ces échanges sont animés par le philosophe et auteur à succès Frédéric Lenoir. Une rencontre s’imposait…

Causette : D’où vous est venue cette idée d’ateliers philosophiques dans les écoles primaires ?
Frédéric Lenoir :
Elle est née du philosophe et pédagogue américain Matthew Lipman, qui en a inventé le concept. La démarche existe depuis trente ans, mais de façon marginale. J’ai souhaité la faire connaître à une grande échelle, grâce à l’association Seve (Savoir être et vivre ensemble). Nous avons eu la chance d’obtenir un agrément de l’Éducation nationale : en trois ans, nous avons formé quatre mille personnes – des enseignants mais pas uniquement –, issues de cinq pays, afin qu’elles puissent animer ces ateliers. Je l’ai fait moi-même pendant un an à temps plein. Je précise que tout cela est à but non lucratif…

« L’éducation est la clé de tout », dites-vous dans le film de Cécile Denjean…
F. L. :
Oui, car c’est l’éducation qui permet de faire d’un être humain un être conscient. Elle est d’autant plus importante, aujourd’hui, que l’organisation sociale est entièrement tournée vers le profit. Grâce à l’éducation, on peut accéder à des valeurs plus humaines, plus respectueuses du vivant. Par ­ailleurs, vu l’impact actuel des réseaux sociaux, il me paraît encore plus nécessaire d’apprendre à discerner. En ce sens, la philosophie a un rôle clé.

Dès l’âge de 7 ans, comme on le voit dans Le Cercle des petits philosophes ?
F. L. :
Je suis convaincu que l’on peut philosopher bien avant 18 ans ! Attention : ces ateliers ne sont pas des cours de philo, mais des animations pour que les enfants puissent apprendre à penser. Mon rôle est de les questionner pour les faire accoucher de leur pensée. Sans jugements, car chacun est légitime. De fait, la deuxième vertu de ces ateliers, c’est l’apprentissage de l’écoute et du dialogue dès le plus jeune âge. En clair, c’est une école de tolérance, mais pas molle !

C’est sûr que les enfants participent de façon très active, voire fulgurante !
F. L. :
L’enfance est un âge métaphysique : toutes les grandes questions, on se les pose entre 3 et 12 ans. La profondeur des enfants, lors de ces ateliers, le prouve. Pourtant, je suis encore surpris par leur grande sagesse. Ou par leurs peurs. Ainsi, leur peur de l’amour : on voit bien que cela renvoie à des modèles parentaux compliqués. Reste que leur hyperlucidité sur ce sujet est étonnante.

Y a-t-il des thématiques que vous vous refusez d’aborder avec eux ?
F. L. :
Non, pas vraiment. Déjà parce que je pars d’eux, de leurs questionnements. Sans doute aussi parce que je prends les choses avec philosophie ! Que l’on parle de la mort, du bonheur ou de la religion, il s’agit toujours de ramener à la raison. Et d’essayer de comprendre, en dehors de tout dogme.

Le Cercle des petits philosophes, de Cécile Denjean. Sortie le 17 avril.

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