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César 2024 : un think tank lance une cam­pagne pour visi­bi­li­ser les réa­li­sa­trices auprès des votant·es

Le think tank Le Lab-Femmes de cinéma mène une campagne pour mettre en avant les nombreuses réalisatrices francophones en pleine période de vote pour les César. Et éviter qu’aucune ne soit nommée pour le prix de la meilleure réalisation, comme cela était le cas l’année dernière.

En ce mois de janvier où les professionnel·les du cinéma votent pour élire les nommé·es de la prochaine cérémonie des César, le think tank Le Lab-Femmes de cinéma, qui travaille sur la parité et la mixité dans le 7e art, souhaite éviter que le revers subi par les réalisatrices en 2023 se reproduise.

Souvenez-vous, l’année dernière, sur les cinq personnes retenues, aucune cinéaste n’avait été nommée pour le prix de la meilleure réalisation, malgré une production foisonnante de longs-métrages réalisés par des femmes. Causette lançait alors son prix Cléopâtre, marrainé par la députée écologiste Marie-Charlotte Garin, pour pallier cet oubli manifeste. “Nous avons décidé de prendre les devants et de ne pas simplement réagir à la sélection après coup”, nous explique, quant à elle, Lise Perottet, coordinatrice générale du think tank.

Le Lab-Femmes de cinéma s’est plongé dans les productions des cinéastes francophones sorties l’année dernière et les a classées sur son site internet en différentes catégories : “meilleure réalisation”, “meilleur film”, meilleur premier film”, “meilleur documentaire”… À chaque fois, soit l’ensemble des œuvres s’affichent lorsqu’elles sont en nombre raisonnable, soit le top 20 de celles ayant engrangé le plus d’entrées est proposé. Un lien permet ensuite d’accéder à un tableau Excel reprenant tous les films signés par une réalisatrice et dans quelle catégorie ils sont éligibles.

Rien que pour la “meilleure réalisation” et pour le “meilleur film”, on en dénombre 83 réalisés ou coréalisés par une femme. On peut évidemment citer Justine Triet (Anatomie d’une chute), mais aussi Jeanne Herry (Je verrai toujours vos visages), Mélanie Auffret (Les Petites Victoires), Valérie Donzelli (L’Amour et les Forêts), Vanessa Filho (Le Consentement), Katell Quillévéré (Le Temps d’aimer) ou Monia Chokri (Simple comme Sylvain). Ces listes se veulent être des “pense-bêtes” pour les 4 694 votant·es des César, qui ont jusqu’au 23 janvier pour se prononcer. “On voulait créer quelque chose de concret et de facile d’utilisation pour que les personnes qui votent se souviennent de réalisations qui les auraient marquées ou en découvrent une qu’elles auraient manquée”, précise Lise Perottet.

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Mettre fin au génie masculin

Comment expliquer la déconvenue de 2023 ? “Je pense, tout d’abord, qu’il existe une trop grande pluralité de choix et qu’il est donc possible d’oublier pas mal de films, explique la coordinatrice générale du think tank. Ensuite, dans l’inconscient collectif, je crois que le génie se conjugue encore au masculin. La figure du grand créateur tout puissant est associée aux hommes. Alors que nous avons de plus en plus de réalisatrices puissantes. D’ailleurs, jusqu’en 2016, le César de la meilleure réalisation s’appelait encore César du meilleur réalisateur. Ce changement de nom bienvenu doit se refléter dans l’imaginaire collectif des votants et des spectateurs. À Cannes, avant la présentation de Simple comme Sylvain, Monia Chokri avait pointé du doigt cette notion du génie, capable d’humiliations et de colères. Elle avait appelé à mettre de la bienveillance sur un plateau de cinéma.”

Avec cette campagne de communication, Le Lab-Femmes de cinéma espère toucher le plus de votant·es possibles afin que les différentes sélections soient "plus représentatives" de l'ensemble des sorties en salle et qu'il n'y ait pas zéro ou une seule femme nommée. "On souhaiterait évidemment que les réalisatrices soient récompensées, en plus d'être nommées", ajoute Lise Perottet. Car, à ce jour, seule Tonie Marshall a remporté le prix de la meilleure réalisation pour Vénus Beauté (Institut) en 2000.

Le think tank glisse aussi vouloir, avec cette campagne, redire l'importance de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma français et rappeler à l'Académie des César son engagement de mettre en retrait toute personne mise en cause par la justice pour des faits de violences. "Il faut que l'impunité ne soit plus possible. On se souvient de la victoire de Roman Polanski en 2020. On espère que ce ne sera plus possible en 2024", conclut-elle.

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