Lubiana : son pre­mier album “Beloved” illu­mine la rentrée

Après dix ans d’une quête musicale fructueuse, l’artiste belgo-camerounaise Lubiana sort son premier opus Beloved. Avec sa voix envoûtante et sa kora (une harpe traditionnelle d’Afrique de l’ouest), elle livre une pop métissée, solaire, et délicieusement revigorante.

2.lubiana melie hirtz
© Melie Hirtz

Elle arrive tout droit de Bruxelles, où elle vit. Ce jour-là, comme souvent ces derniers temps, Lubiana a rendez-vous à Paris chez son label (Six et Sept), avec lequel elle vient de sortir son premier album, Beloved. Un opus à son image, lumineux et envoûtant, fruit de dix années de quête artistique. En 2011, le public belge découvrait en effet à la télévision cette jeune chanteuse belgo-camerounaise (son père est camerounais, sa mère belge), à l’occasion de son passage dans la première saison de The Voice. Du haut de ses dix-sept ans, Lubiana se retrouve alors projetée en pleine lumière, après sa reprise remarquée du titre soul Ain't No Sunshine de Bill Withers. « Ça a été hyper violent pour moi. Je venais juste pour chanter, sans aucun plan de carrière. D’un coup, j’ai eu une énorme visibilité. Et en même temps, je ne m’aimais pas, je me sentais comme un imposteur. Moi qui n’avais jamais été très populaire, je devenais la personne qu’on prenait en photo dans la rue. Et ça a été tout aussi intense quand, ensuite, je suis retombée dans l’anonymat », confie la jeune femme, aujourd’hui âgée de 27 ans.

Un succès fulgurant d’autant plus déstabilisant qu’à l’époque, Lubiana est inscrite au Conservatoire National, où elle travaille le chant. « Mes professeurs me disaient que je ne ferai pas carrière, que je devrais arrêter », se souvient la chanteuse. Pourtant, s’il y a une chose dont Lubiana est sûre, c’est qu’elle veut devenir artiste : « Petite, j’avais l’impression que le seul moment où j’avais vraiment ma place, où on m’écoutait, c’est quand j’étais sur scène. Mais c’est quand j’ai découvert le jazz, à l’adolescence, que j’ai vraiment su que je voulais chanter. » 

Premier signe du destin

Lubiana est déterminée, mais elle se cherche, elle qui a grandi bercée par la musique urbaine qu’écoutait son père à la radio et le répertoire classique qu’affectionnait sa mère. Et c’est au moment où elle s’apprête à arrêter le Conservatoire qu’elle trouve finalement sa voie. Ce jour-là, elle est en voyage à Majorque (Espagne) quand elle entend un homme jouer d’une sorte de harpe. Décharge électrique. Cet instrument, c’est celui qu’elle voit en rêve depuis des mois, et qu’elle cherche désespérément à identifier. « Ça m’a clouée sur place. Son instrument, c’était la kora. À partir de là, c’est devenu une obsession. J’avais trouvé une énorme pièce maîtresse de ma vie. »

De retour à Bruxelles, Lubiana rencontre un maître de kora, qui accepte de lui apprendre à jouer de cet instrument d’Afrique de l’Ouest, traditionnellement réservé aux griots. Aux hommes, donc. « On raconte que c’est la kora qui choisit son maître et qu’elle apparaît souvent en rêve. C’est ce que plusieurs griots m’ont répondu, notamment Toumani Diabaté [musicien malien considéré comme l’un des plus grands joueurs de kora au monde, ndlr], quand je lui ai dit que je ne voulais pas manquer de respect à la tradition », explique Lubiana, qui est aujourd’hui l’une des très rares korafoula (joueuses de kora) professionnelles à travers le monde. Et sans doute la première à avoir intégré cet instrument à un répertoire pop. 

Deuxième signe du destin

Dès lors, sa kora sous le bras, Lubiana parcourt les open-mics de Bruxelles, de Londres, puis de Los Angeles. C’est là, d’ailleurs, qu’elle dit avoir reçu un deuxième signe du destin : à l’issue d’une soirée plutôt calamiteuse, elle est approchée par une femme qui lui donne un livre, dans lequel se trouve un dessin réalisé des semaines plus tôt… et qui représente le visage de Lubiana, avec ce mot, « beloved » [bien-aimée en VF]. « C’est la signification de mon prénom, Lubiana », explicite-t-elle. Encouragée par ce qu’elle pense être « un message », Lubiana s’accroche. À raison. Après avoir décliné le contrat proposé par un gros producteur américain - « pour la première fois, j’ai choisi de me choisir moi » -, la chanteuse sort finalement un premier EP, le bien-nommé Self love. Et sera finalement repérée en France par Pascal Nègre, qui la signe en 2019 sur son label Six et Sept. 

C’est de cette longue gestation qu’est né Beloved, sorti le 10 septembre dernier. Un album solaire, où la pop africanisante de Lubiana nous invite à groover (sur Mamy Nianga), à rêver (Take Me To Zion), à combattre (Fighter) ou à poursuivre ses rêves (Don’t Get Me Wrong). Mêlant influences soul, folk ou R’n’B, puisant dans son héritage muticulturel et ses nombreux voyages, Lubiana livre ici un album métissé et lumineux. « À travers mon histoire, mon album, je me sens le devoir d’aider les autres en apporter un message d’espoir, un message d’amour - envers soi et envers les autres », résume l’artiste. De quoi nous toucher en plein cœur... et nous regonfler à bloc !

Beloved

Beloved, premier album de Lubiana, disponible depuis le 10 septembre.

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accompagner les combats qui vous animent, en faisant un don pour que nous continuions une presse libre et indépendante.

Faites un don
Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés