Euro 2021 : résu­mé des pre­mière et deuxième journées

Que la compétition commence !

Première journée
bird's-eye view photography of green soccer field with lights
© Izuddin Helmi Adnan

L’Euro a enfin commencé. Ce vendredi 11 juin, nous, supporters de football, nous sommes levés avec un sentiment particulier dans le cœur. L'impression d’avoir retrouvé quelque chose que l'on avait perdu depuis longtemps. Trop longtemps. Après cinq ans d'attente, l’Euro était enfin de retour. Et avec lui, cette ambiance si particulière. Et que cela nous avait manqué ! Croiser le regard d'un supporter ayant revêtu fièrement son maillot dans la rue et savoir qu'il attend le match du soir avec autant d’impatience que nous. Que cela nous avait manqué !

Et ce sont la Turquie et l’Italie qui ont ouvert le bal. Si la première mi-temps a été plutôt décevante, le match s'est débloqué en deuxième mi-temps. Un but contre son camp de Demiral à la 53e minute a déverrouillé la solidité de la défense turque. L'Italie retrouvera le chemin des filets à deux reprises : à la 66e avec Immobile et à la 79e avec Insigne. Victoire implacable de l’Italie qui faisait son grand retour en compétition internationale après son absence au Mondial de 2018.

Si on peut parler du score, plus qu’honorable pour un match d’ouverture, nous voulions aussi mentionner les supporters. Depuis plus d’un an, nous vivons devant notre télé les matchs à huit clos avec, souvent des sons d'ambiance enregistrés et un peu fake. Au point où nous avions oublié ce que cela faisait d’avoir de vrais supporters, de vrais chants. Une vrai ambiance, tout simplement. Ce match d’ouverture, c’était cela aussi. Des supporters qui retrouvent leur stade et leur équipe. Des supporters présents pour chanter leur amour du foot. Et comment avoir un meilleur début de compétition ? Espérons juste que cet Euro signera le retour définitif des supporters dans tous les stades de France et d’Europe pour la saison prochaine.

Deuxième journée
PAYS-DE-GALLE / SUISSE

Pour cette seconde journée de l'Euro, nous nous retrouvons avec les deux autres équipes du Groupe A : la Suisse de Vladimir Petković et le Pays-de-Galles de Ryan Giggs. La première est une équipe qui comporte des talents indéniables tels que Shaquiri ou encore le milieu de terrain d’Arsenal et le capitaine suisse Granit Xhaka. La seconde et la surprise du dernier Euro (ils avaient été demi-finaliste) avec notamment son joueur star : Gareth Bale.

Malgré un début de match assez équilibré entre les 2 équipes, très vite l’équipe Suisse a pris le dessus lors de la première mi-temps. Preuve en est, la possession du ballon, qui s’élève à 68% pour l’équipe helvétique. En réalité, la seule action dangereuse galloise fut une tête cadrée de Moore à la quinzième minute. Après, plus rien. Pendant toute la première mi-temps on a pu observer une équipe galloise reculer de plus en plus, voyant ainsi se multiplier les tirs de la part de l’équipe adverse. La stratégie galloise, qui semblait être celle de vouloir jouer les contre-attaques n'a pas du tout été efficace, les pertes de ballons étant trop fréquentes. Alors que l’équipe de Galle n’a tiré que deux fois en direction du but lors de toute la première mi-temps, l’équipe Suisse a, elle, tiré 11 fois.

Cependant, il ne faut pas surestimer la maîtrise suisse lors de cette première mi-temps. Certes, celle-ci avait une plus grande possession du ballon mais la circulation de ce dernier était trop lente avec beaucoup de passes latérales. Ainsi, les joueurs qui ont le plus fait de passes lors de cette première mi-temps étaient les défenseurs et le milieu de terrain. Le résultat fut donc une domination suisse mais concrètement, très peu d'actions dangereuses, les deux équipes se sont donc retrouvées à la mi-temps avec le même nombre de tirs cadrés : un de chaque côté. À ce titre-là, il faut saluer la dernière ligne de défense galloise qui a été assez solide face aux assauts suisses.

La seconde mi-temps avait donc pour enjeu de voir si la Suisse allait confirmer sa domination par la réalisation d’un but ou si nous allions voir une équipe galloise réagir.

Le début de seconde mi-temps fut similaire à la première mi-temps. Une domination et une possession du ballon suisse, à une différence près : la concrétisation de la domination avec un but sur corner de Breel Embolo à la 49ème minute. Alors que lors de la première mi-temps la Suisse n’avançait que trop lentement, la solution est venue du jeune attaquant, qui a ainsi dribblé et percé les lignes adverses, provoquant le corner qui aboutira sur un but de tête de la part de l’attaquant du Borussia M'gladbach.

Le sursaut gallois tardera à venir mais il viendra. À partir de la 60ème minute environ, on voit une équipe galloise peu flamboyante, il faut l’avouer, gagner en intensité, notamment au pressing. L’équipe de Bale enchaîne ainsi les longues phases de possession du ballon, chose peu ou pas vue lors de la première mi-temps. Celle-ci concrétise cette domination par un but de Kieffer Moore à la 74ème minute. Après le but gallois, on a vu une équipe suisse se ressaisir, reprendre la possession du ballon mais qui n’arrive pas à marquer. Le match se termine sur le score de 1-1.

Le grand tournant de ce match a été la sortie de l’attaquant de Liverpool, Xherdan Shaqiri pour l’entrée du milieu défensif Denis Zakaria à la 65ème minute. Ce changement a été problématique sur plusieurs points. Sortir un attaquant pour un milieu défensif, c’est donner l’idée que l’équipe va être moins dangereuse et va s’efforcer à conserver le score en l’état. Pas sûr que c’était le signal à envoyer quand l’on mène de seulement un but. De plus, l’équipe suisse n’a pas gagné en domination sur le jeu, tout au contraire. L’équipe galloise a, au même moment, gagné en intensité et en maîtrise du jeu. Résultat que l’on peut incomber à une plus grande liberté acquise par les joueurs de Ryan Giggs. En effet, le profil d’un joueur comme Shaqiri pose problème à l’équipe adverse : c’est un attaquant très créatif et surtout très libre, il ne reste pas que sur une position, il va ainsi de part et d’autre du terrain, mobilisant ainsi beaucoup de joueurs gallois pour défendre. Alors même si l’attaquant suisse n’avait pas été flamboyant, son changement décidé par l'entraîneur suisse Vladimir Petković a été une erreur.

Dans l’autre sens, l’entrée de l’attaquant suisse Mario Gavranović à la place du n°9 Haris Seferovic (excellent en 1ère mi-temps) à la 83ème minute a été bénéfique pour l’équipe de Petkovic qui a repris le dessus du match, l’attaquant étant même l’auteur d’un but refusé pour hors-jeu à la 85ème minute.

Tops et flops : s’il fallait retenir un joueur lors de cette confrontation, c’est le jeune attaquant de 24 ans suisse Breel Embolo. Toujours dangereux, le joueur a su se montrer aussi adroit dans son jeu de tête qu’avec son jeu de pied. Il n’est pas étonnant que le joueur qui est le plus allé de l’avant, qui a le plus cassé les lignes adverses soit le buteur du côté suisse.

Au niveau des déceptions, elles sont plus du côté gallois. On pouvait en attendre beaucoup plus des deux stars de l’équipe, Gareth Bale et Aaron Ramsey, qui ont été transparents lors de ce match. Notons le choix étonnant du coach gallois, Ryan Giggs, de sortir à la 75ème minute l’arme offensive la plus dangereuse et efficace de l’équipe galloise, le jeune attaquant de Manchester United Daniel James qui semblait lui aussi étonné par sa sortie.

Conclusion : pour battre l’Italie et se garantir une place au second tour, les deux équipes devront absolument élever leur niveau de jeu face à l’adversaire le plus dangereux du groupe A. La Suisse doit trouver plus de fluidité dans le jeu et surtout se montrer plus efficace face au but. Quant à l’équipe galloise, il faut absolument qu’elle soit plus constante lors du match et ne pas se montrer aussi invisible qu’elle l’a été par moment lors de ce match.

DANEMARK/FINLANDE

Pour le premier match du groupe B, on aurait aimé parler football. On aurait aimé parler du système de jeu des danois, critiquer les fautes de certains joueurs ou les changements du coach. On aurait aimé commenter ce match comme on a l'habitude de le faire en temps normal. Mais à la 41eme minute du match, le football est passé au second plan. Christian Eriksen, joueur majeur de l'équipe danoise a fait un arrêt cardiaque sur la pelouse. Les médecins sont restés une dizaine de minutes sur la pelouse à ses côtés avant de l'évacuer. Si, depuis les nouvelles sont rassurantes, les images restent et la peur aussi. Alors oui, dans ces conditions, on ne pouvait pas parler de foot pour ce match-là. Juste envoyer toutes nos pensées à Eriksen et sa famille.

BELGIQUE / RUSSIE

La Russie jouait à domicile (à Saint-Pétersbourg) tandis que l’équipe belge débutait son match avec de nombreux absents de marque comme Kevin de Bruyne ou encore Eden Hazard.

1ère mi-temps : il y a une très claire domination de la part de l’équipe belge. Pour tout fan de foot, de beau jeu, cette équipe est un régal. La possession du ballon est fluide, celui-ci circule beaucoup de droite à gauche avec de belles variations entre jeux long et court (le tout sans de Bruyne !).

Cependant, l’entame du match pouvait nous laisser croire le contraire. Pour tous ceux qui ont en tête l’équipe russe de la coupe du monde, c'est-à-dire une équipe très défensive qui va très peu de l’avant, il faut passer à autre chose. L’entame du match n’était pas mauvaise pour les hommes de Stanislav Tchertchessov, ils allaient de l’avant et arrivaient face au but assez vite. Cet élan a été stoppé à la 10ème minute par le but de Romelu Lukaku qui seul, face à 3 joueurs russes dans la surface de réparation, a profité d’une grossière erreur pour mettre son 57ème but avec la sélection belge.

Il faut noter que loin de se démonter, l’équipe russe a même augmenté son niveau de jeu durant les minutes qui ont suivi. Malheureusement pour elle, cette domination ne fut que de courte durée, les diables rouges reprenant l’ascendant à la 20ème minutes. Domination belge qui sera concrétisée par un deuxième but, marqué à la 33ème minute par Thomas Meunier. Lequel n’était pourtant entré sur le terrain qu’à la 27ème minute à la suite d’une sortie sur blessure de Timothy Castagne après à un choc à la tête avec le joueur russe Daler Kouziaïev (qui lui aussi sortira sur blessure).

La fin de la première mi-temps s’est soldée par une claire domination belge qui fait un pressing très haut, qui récupère beaucoup de ballons. Contrairement à ce que l’on avait pu voir du côté de la Suisse plus tôt dans la journée, les Belges ont continué de jouer pour marquer. Du côté russe, on peut noter que malgré les bonnes intentions de l’équipe cela n’a pas suffit, il y avait trop de pertes de balles et un usage abusif des passes longues qui a été à double tranchant. Certes, cela a permis quelques fois aux joueurs russes d’arriver très vite devant le but adverse mais les Belges ont aussi pu récupérer beaucoup de ballons car les passes longues russes manquaient de précisions (ce qui n’était pas le cas du côté belge).

La 2nde mi-temps : La seconde partie du match a été plus équilibrée. Cela est notamment dû à un pressing russe beaucoup plus agressif. On peut aussi se dire que l’équipe belge a intentionnellement laissé la possession du ballon aux Russes et s'est évertuée à sécuriser le score. Stratégie assez efficace car il n’y a eu en réalité aucun tir dangereux de la part des joueurs russes. En même temps, les Belges ont montré une efficacité quasi clinique en mettant un troisième but à la 87ème minute. Après un appel en profondeur, Lukaku a fait un doublé à la suite d' une passe décisive magnifique de Meunier.

On a vu durant tout le match une équipe belge qui, même si elle n’avait pas l’ascendant (et encore ces moment-là ont été de courte durée), n’a jamais vacillé et n’a jamais été foncièrement inquiétée par l’adversaire. Celui-ci était pourtant plein de bonnes intentions, avec un jeu beaucoup moins défensif que lors de la coupe du monde par exemple. Mais malgré ses bonnes inspirations, la Russie n'a jamais réussi à concrétiser (un seul tir cadré de tout le match). La faute à une défense belge solide (la meilleure défense de la phase qualificative de l’Euro) et à des joueurs offensifs russes qui n’ont jamais réellement proposé de solution efficace pour renverser le cours du match. Enfin, la défense russe, coupable de trop d’approximations et d'erreurs, a définitivement scellé le sort du match côté russe.

Il faut aussi souligner la discipline et l’engagement des joueurs belges, à l’image du joueur star de l’équipe, Romelu Lukaku, qui a autant brillé par ses actions offensives que par ses replis défensifs. Toute l’équipe belge brille par cette même polyvalence.

Tops et flops : ce n’est une surprise pour personne, les flops sont du côté russe. Le premier c’est le défenseur russe Andreï Semionov, fautif sur le premier but, qui remet dans le jeu un Romelu Lukaku initialement hors-jeu. Pas du tout dans son match, le défenseur va multiplier les fautes. L’autre joueur que l’on peut citer c’est Denis Cheryshev, rentré au même moment que Meunier, le joueur est totalement passé à côté de son match, à tel point qu’il a été remplacé à la 63ème minute.

Pour ce qui est des tops, on ne peut pas citer toute l’équipe belge malheureusement. Le premier à mettre en avant, c’est évidemment l’auteur du doublé : Romelu Lukaku. Ses appels en profondeur étaient toujours dangereux tandis que ses replis défensifs étaient toujours efficaces.

Il faut aussi saluer la performance de Thomas Meunier. Ce n’était pas chose aisée pour le joueur du Borussia Dortmund, auteur d’une mauvaise année avec son club (le joueur assume clairement que ce n’était pas sa meilleure année). Il n’était même pas titulaire puisqu’il n’est rentré qu’à la 2ème mi-temps en remplacement de Castagne. Le joueur a été l’auteur d’un but et d’une passe décisive, c’est mérité tant il s’est toujours montré disponible autant sur le point offensif que sur le point défensif. Le dernier joueur qui a brillé par cette même polyvalence a été Thorgan Hazard, le coéquipier de Meunier à Dortmund. Impérial sur son côté gauche, omniprésent lui aussi, tant en défense qu’en attaque. C'est l’auteur du centre qui permet à Thomas Meunier de marquer le deuxième but.

Conclusion : L’équipe russe a été coupable de trop d’imprécisions techniques, de fautes face à une équipe belge clinique dans son efficacité : 7 tirs, 4 cadrées, 3 buts. Il faut noter que la Belgique a fait une prestation très solide tout en étant amputé de certains de ses joueurs les plus clefs tels que Kevin de Bruyne ou Axel Witsel. Cela rend la prestation de la Belgique encore plus impressionnante. Il est logique de voir en cette équipe belge, qui a su faire oublier ces absences, un des prétendants les plus sérieux à la victoire finale lors de cet Euro 2020.

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