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©Sian Kennedy

Environnement : des plantes d'intérieur pas si vertes

Elles embellissent nos intérieurs, envahissent nos comptes Instagram, nous remontent le moral : les plantes d’agrément sont partout et nous font du bien.Mais les conditions de production et de vente, elles, sont loin d’être green et sont néfastes à l’environnement et à la santé. Heureusement, il existe des solutions.

Qui connaît l’origine de son pilea, aloe vera, monstera deliciosa ou cactus ? Parmi les plus en vogue, nos plantes d’intérieur proviennent très rarement de France : seulement 10 % sont produites dans l’Hexagone, contre 75,2 % aux Pays-Bas et 15 % dans d’autres pays étrangers comme le Kenya ou la Colombie. En effet, ces variétés tropi­cales poussent difficilement sous nos latitudes. Ce sont les Néerlandais qui règnent depuis des décennies sur le marché mondial des fleurs. Ne ­possédant pas du tout le climat adéquat, ils cultivent une grande partie de leurs bulbes, plants et fleurs à base de serres chauffées, de pesticides, de lampes de croissance et de grandes quantités d’eau pour permettre une production toute l’année de plantes bien vertes. Et vu que, sous l’influence des jungles d’intérieur d’Instagram et l’envie de verdure provoquée par les confinements à répétition, la demande ne cesse de s’accroître, la culture se fait de plus en plus intensive pour proposer des prix toujours plus bas.

Une autre partie des cultures a été délocalisée dans des pays aux climats chauds, où les végétaux poussent même en hiver. Les producteurs européens achètent des terres bon marché en Colombie, en Équateur, au Kenya ou en Éthiopie, où la main-d’œuvre ne coûte que quelques dollars par jour. Pour s’assurer d’un flot continu de plantes, les produits chimiques sont utilisés en grande quantité. Celles qui arrivent dans nos salons peuvent en contenir de cent à mille fois plus que les fruits et légumes que nous mangeons 1. Difficile de réglementer l’usage de ces produits hors Europe, d’autant qu’il s’agit de produits non comestibles et donc moins contraints par les normes sanitaires. 

Aux impacts de la production sur la santé et sur l’environnement s’ajoute celui du transport. Qu’elles viennent de pays tropicaux ou des serres néerlandaises, les plantes d’agrément transitent dans des cargos et camions réfrigérés vers les quatre coins de l’Europe. Et une fois qu’elles sont installées dans les devantures des fleuristes ou les rayons des grandes surfaces, rien de tout cela n’est mentionné. En France, les distributeurs n’ont en effet aucune obligation d’indiquer l’origine et les conditions de production des végétaux. 

Un choix français limité

Pourtant, il existe des solutions pour verdir son intérieur de manière plus durable. L’idéal, comme pour les fruits et légumes, c’est de se tourner vers des végétaux produits localement. Rien de mieux que d’aller acheter directement sa plante verte chez le producteur, ou du moins dans une pépinière indépendante, pour s’assurer de son origine. Le choix sera très limité, la filière horticole française étant en grande difficulté depuis plusieurs années face à un marché mondial toujours plus concurrentiel. Il existe cependant une filière de cactus et de succulentes, qui font partie des plantes les plus achetées en France. Ces dernières poussent un peu partout, aussi bien en Île-de-France que sur la Côte d’Azur.

Mais tout le monde n’a pas la possi­bilité, le temps ou l’envie ­d’aller ­rencontrer des horticulteur·rices et pépiniéristes pour s’assurer des conditions de culture. Heureusement, de ­nombreux labels se créent pour garantir des plantes durables et aider les consommateur·rices. « On observe depuis plusieurs années une volonté tant des producteurs que des distributeurs de proposer des végétaux respectueux de l’environnement », observe Sylvie Robert, déléguée générale d’Excellence végétale. 

Labels écolos à gogo

L’association, soutenue par l’inter­profession Val’hor 2, gère plusieurs certi­fications. « Il y a eu la création, un peu dans tous les sens, de labels plus ou moins officiels, avec plus ou moins de contrôles. Face à ce constat, on a décidé d’officia­liser une certification environnementale pour les plantes d’ornement et de doter la filière d’un cahier des charges ­commun, en créant le label Plante bleue. » Il prend en compte un certain nombre ­d’éléments, comme la préservation de la biodiversité, la consommation d’eau ou encore la limitation des produits phytosanitaires. « Un tiers des surfaces horticoles françaises sont engagées dans cette certification, indique Sylvie Robert. Le label Fleurs de France a également renforcé ses prérequis. Il ne s’agit plus seulement de produire des ­végétaux français, il faut également être engagés dans une démarche environnementale comme Plante bleue ou AB pour ­obtenir l’appel­lation. » Vous ­pourrez par exemple trouver des ficus, yuccas, ­fougères ou tradescantia labellisés. 

Si vous ne trouvez pas la plante de vos rêves sous une certification française, la filière horticole néerlandaise, elle, s’est dotée du label environnemental MPS (« Milieu Programma Sierteelt »). Il ­s’appuie sur des critères similaires à ceux de Plante bleue et concerne 3 500 producteurs dans près de ­cinquante pays. Il y aura bien sûr l’empreinte carbone du voyage jusqu’à votre salon, mais les conditions de production seront au moins responsables. 

Une dernière technique : comme pour les articles vestimentaires, on peut acheter de seconde main, soit en guettant les dons, soit en bouturant la magnifique plante tropicale d’un·e de vos proches qui ne s’est pas soucié·e de l’impact écologique avant de l’acquérir.

1. « Exposition des travailleurs aux résidus de pesticides sur les fleurs coupées et sur les produits horticoles », par Khaoula Toumi, université de Liège, 2018.

2. Val’hor est l’organisation interprofessionnelle française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage.

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