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Élisabeth Revol (premier plan) et son compagnon de cordée, Tomek Mackiewicz, mort dans l’Himalaya en 2018. © ELISABETH REVOL

Sports de mon­tagne : les femmes ouvrent la voie

Été comme hiver, les sports d’altitude se féminisent progressivement, à l’initiative de sportives motivées et soucieuses de répandre la bonne parole.

Alpiniste, moniteur·rice de ski, d’escalade ou guide de montagne… Quel est le point commun entre ces professions, à part le fait d’être exercées en altitude ? Elles comptent peu de femmes. Elles sont une trentaine seulement à évoluer comme guides de haute montagne sur 1 800 professionnel·les en France, soit environ 2 %. Pourtant, depuis plusieurs décennies, doucement mais sûrement, les femmes se fraient un chemin. La Japonaise Junko Tabei a ouvert la voie en 1975 : elle fut la première femme à gravir l’Everest, le sommet le plus élevé du monde (8 848 mètres). Plus récemment, en 2019, l’alpiniste française Élisabeth Revol a suivi ses traces et réalisé l’épopée. Des ascensions dangereuses, en témoigne le décès de l’ancienne championne du monde de ski-alpinisme Adèle Milloz, en août 2022, dans
le massif du Mont-Blanc (Haute-Savoie).

Ces dernières années, les passionnées de montagne, amatrices ou professionnelles, sont de plus en plus nombreuses à se mobiliser pour populariser et féminiser les activités d’altitude en espérant, à terme, briser le plafond de verre. Tanya Naville, encadrante et formatrice de groupes d’alpinisme féminins à la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM), en Haute-Savoie, a créé en 2015 le blog On n’est pas que des collants, dans l’objectif de promouvoir la pratique des sports outdoor. « Jusqu’ici, seules une ou deux femmes alpinistes hors norme étaient médiatisées, au milieu de nombreux hommes, constate cette sportive qui a pratiqué le ski-alpinisme en compétition. Je voulais montrer d’autres parcours, moins exceptionnels, pour prouver que la montagne est accessible à toutes et que les femmes peuvent s’intéresser à cette pratique sans forcément viser la compétition. »

Une piste qu’elle a explorée jusqu’à créer un festival de films, Femmes en montagne, dont la première édition a eu lieu en 2019. Au programme, projections, conférences et ateliers. « On veut faire de la montagne un lieu sportif, culturel, mais aussi et surtout un lieu d’émancipation », détaille-t-elle. Hiver comme été, l’association organise également des rencontres entre adeptes ou intéressées, dans les villes proches des Alpes, dans le but de pratiquer ensemble.

Et les cordées – ces groupes d’alpinistes relié·es par une même corde pour une ascension –, 100 % féminines progressent ! On en compte une dizaine aujourd’hui.
Parmi elles, le club féminin Lead the Climb, créé par l’alpiniste féministe Marion Poitevin, autrice du livre Briser le plafond de glace1, dans lequel elle retrace son incroyable parcours. En 2008, elle fut la première femme à intégrer le Groupe militaire de haute montagne (GMHM), puis de nouveau pionnière en 2016 en rejoignant les CRS de montagne, spécialisés dans les secours aux sommets. Avec la vague de cyberféminisme de 2010, celle qui décrit son quotidien sur les réseaux sociaux prend conscience « du sexisme ordinaire, du harcèlement et des violences sexuelles », qu’elle a subis et qui, dans sa profession, sont banalisés.

En racontant son histoire et via ces initiatives, elle espère faire bouger les lignes d’un univers encore très masculin et faire évoluer le paysage de la montagne vers plus de mixité. « Il est encore difficile pour les femmes de grimper en tête et de prendre le rôle de meneuse de cordées en présence des hommes, reconnaît Marion Poitevin. Mais les choses avancent. En montagne, il faut toujours s’armer de patience. »

  1. Briser le plafond de glace, de Marion Poitevin. Paulsen, 200 pages, 25 euros.[]
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