André Accary accueille les 2 premières spécialistes du CSD
Les gynécologues Béatrice Vassel et Pascale Bulot, avec André Accary lors de leur accueil au CDS en septembre © Conseil départemental de Saône-et-Loire

Saône-​et-​Loire : contre les déserts médi­caux, le dépar­te­ment sala­rie des gynécologues

Pour tenter de pallier le manque de gynécologues sur son territoire, le département de Saône-et-Loire a décidé d’en embaucher deux. Salariées de la collectivité, elles consultent dans deux cabinets depuis septembre.

Voilà bien trois ou quatre ans que Sandie n’était pas allée chez le gynécologue. « Je sais pourtant qu’il faut faire des frottis régulièrement », concède la jeune femme de 33 ans. Mais obtenir un rendez-vous n’est pas toujours aisé. Quand Sandie a su qu’une gynéco s’installait dans son village, elle a sauté sur l’occasion. Depuis septembre, deux gynécologues consultent à la maison médicale de Sagy, commune de Saône-et-Loire (71) de 1 200 habitants. Les deux praticiennes, qui partageaient jusqu'à présent leur temps entre l'hôpital et l'exercice libéral dans le département sont désormais employées par la collectivité territoriale. Comme un peu partout en France, la Saône-et-Loire manque de médecins, généralistes et spécialistes. Les gynécologues n’échappent pas à la règle : selon l'Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté, à peine 60 exerçaient dans ce département bourguignon en janvier 2020, soit environ 4,5 gynécologues obstétriciens pour 100 000 habitants, contre une moyenne nationale de 7,4. Difficile de comparer avec d’autres spécialités, puisque la patientèle des gynécologues est spécifiquement féminine. Mais notons que le département recensait 646 généralistes, ou encore 236 dentistes.

Pour attirer de nouveaux médecins, le département a lancé, en 2017, le premier centre départemental de santé de France. En quatre ans, 70 généralistes sont devenus salariés de la collectivité. Le président du Conseil départemental (apparenté Les Républicains) a continué sur sa lancée en recrutant les premiers spécialistes en septembre dernier : deux gynécologues. « C’est une spécialité sur laquelle je mise beaucoup, explique André Accary, car il existe un engouement sur l’achat de propriétés dans notre département, qui ramène une population active, notamment des femmes. » Même si le suivi gynécologique peut également être confié à une sage-femme ou un généraliste, des examens plus approfondis nécessitent l’intervention d’un spécialiste. « Nous sommes équipées pour effectuer des échographies mais aussi des colposcopies, en cas de frottis anormaux », rapporte Pascale Bulot, l’une des deux nouvelles recrues du département. Des actes que ne peuvent pas toujours réaliser d’autres médecins.

Attirer des gynécos, même en zone rurale

En proposant le salariat au sein d'un centre de soin, André Accary mise sur une autre façon d’exercer la médecine : « Certains jeunes médecins n’ont plus envie d’enchaîner 90 heures par semaine, jour et nuit. Et ils ont envie de travailler en équipe. » « A l'hôpital, les permanences de soin [les « gardes », ndlr] sont épuisantes », confirme Pascale Bulot, qui a passé la majeure partie de sa carrière en maternité. Sa tentative de mi-temps en libéral, en tant que remplaçante, ne l’a guère satisfaite : « Vous avez l’obligation d’un nombre d’actes minimum par jour pour faire tourner le cabinet, donc moins de temps à accorder à chaque patiente. Et les dépassements d’honoraires s’avèrent parfois problématiques. » Au CDS, les salaires correspondent à ceux de la grille hospitalière, « et on accueille tous les publics », salue Pascale Bulot. « Nous sommes libérées de la paperasse administrative et nous découvrons les 35 heures », sourit la gynécologue. Elle et sa collègue consultent deux jours par semaine à Sagy – bientôt trois – et quatre jours à Fragnes-la-Loyère, une commune en périphérie de Chalon-sur-Saône. « La pénurie de médecins n’est pas uniquement rurale », rappelle cependant André Accary. Mais s’ancrer dans des zones loin de grandes villes, comme à Sagy, peut permettre de se rapprocher des patientes, parfois peu mobiles. L’ancienne gynéco de Sandie se trouve à une vingtaine de minutes en voiture de chez elle. « Et elle est saturée », note Pascale Bulot. Pour voir un gynécologue, les autres femmes du secteur doivent se rendre soit à Chalon (plus de 45 minutes) soit à Lons-le-Saunier (30 minutes), soit à Bourg-en-Bresse (40 minutes). « D’autres renoncent à se prendre en charge, suppose Pascale Bulot. Néanmoins, ce n’est pas en venant à Sagy qu’on aura forcément accès à des personnes en refus de soins. Mais le CDS peut servir de porte d’entrée. »

« Ce n’est pas une solution miracle, reconnaît André Accary, car le nombre de médecins formés reste le même. » Mais en proposant un autre modèle d’exercice, le département tente d’installer des médecins dans des zones où un libéral ne serait pas allé, et/ou où les besoins sont intenses. Un troisième gynécologue devrait entrer au CDS en janvier prochain, à Mâcon.

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