Océane n’avait que 14 ans quand elle a lancé sa chaîne YouTube « Océane FuturAgricultrice ». Quatre ans plus tard, elle a réalisé près de trente vidéos qui comptabilisent plus de 3 millions de vues. Son objectif : reprendre la ferme familiale et défendre la place des femmes dans le milieu autant que l’image de l’agriculture.
Fière et intrépide comme le cerf, son animal fétiche, qu’elle s’est fait tatouer au-dessus du cœur, Océane expliquesur sa chaîne YouTube Océane FuturAgricultrice toutes les ficelles de son métier : agricultrice. Du haut de ses 18 ans, elle répond aux questions des internautes en affirmant qu’il n’y a pas de questions idiotes ! Le vibroculteur, quésaco ? Comment cure-t-on le fumier ? Comment se passe le pressage, le fanage… ?
“Dans ce métier, on est sage-femme, mécano… On fait tout à la fois !”
« Je poste des vidéos pour partager ma passion, explique-t-elle. Et, bien sûr, pour défendre les femmes dans un si dur métier ! »On est encore loin de la parité mais, actuellement,un agriculteur sur trois est une femme. Perchée sur son tracteur, dans les étables ou les pâturages, elle se filme avec son téléphone portable en pleine action et avec un sens inné du rythme selon les situations : « Quand j’ai tourné la vidéo du vêlage, c’était émouvant, donc je n’ai pas ajouté de musique. Quoi de plus beau que d’aider à donner la vie ? Dans ce métier, on est sage-femme, mécano… On fait tout à la fois ! »
Océane est une agricultrice nouvelle génération. Dans certaines vidéos, elle arbore sur son tee-shirt l’inscription « Paysanne et fière de l’être ». Fille et petite-fille d’agriculteurs, elle est née à Vesoul et a grandi dans la ferme familiale à Larret, près de Champlitte (Haute-Saône). Aujourd’hui, elle s’occupe avec son père, Christian, de 207 hectares où s’ébattent 260 vaches charolaises et où ils cultivent le blé, l’orge, le maïs et le colza. Dès ses 6 ans, elle a commencé à vouloir aider à la ferme : « J’étais une enfant très timide. Travailler dans les champs, cela a forgé mon caractère. »
“On peut travailler dans la merde et être aussi féminine !”
Océane ne compte pas ses heures et elle vient aussi de décrocher son bac pro conduite et gestion d’entreprise agricole avec la mention bien ! « À l’école, certains élèves et même des profs me traitaient de fille de paysan, juste bonne à être cuisinière et à faire le ménage ! Et puis, certains agriculteurs, jeunes ou vieux, sont misogynes. Ils pensent que je n’ai pas le physique. On peut travailler dans la merde et être aussi féminine ! »
Depuis février dernier, Océane fait partie de l’équipe des Jeunes Agriculteurs de Haute-Saône. En tant que chargée de la communication et des réseaux sociaux, elle milite pour que les jeunes se dirigent vers les métiers de l’agriculture : « Et ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’il faut avoir peur de se lancer. Il ne faut jamais baisser les bras et surtout ne pas se soucier du jugement des autres ! »On évoque avec elle le constat alarmant de plus de deux suicides par jour chez les agriculteurs en France. Elle nous répond que rien ne lui fera lâcher son tracteur, elle aime trop ses charolaises et sa vie à la ferme. Déterminée, Océane regarde doit devant, elle partage son expérience sur la Toile avec ses autres copines agricultrices et, soucieuse de l’environnement, a le projet de passer en culture bio.
