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La dépu­tée Marie-​Charlotte Garin dort dans une école avec des sans-​abri pour “faire la guerre à l’indifférence” 

La députée écologiste Marie-Charlotte Garin a passé la nuit de jeudi dans une école lyonnaise, aux côtés d’un couple de sans-abri et de leurs trois jeunes enfants. Une action parlementaire solidaire pour alerter sur la situation des familles à la rue et interpeller le gouvernement qui vient de rejeter deux amendements visant à créer 10 000 places d’hébergement.

Jeudi dernier, Marie-Charlotte Garin a eu bien du mal à trouver le sommeil. La députée écologiste du Rhône a passé la nuit dans le petit gymnase de l’école élémentaire Mazenod de Lyon, aux côtés d’Assia, Mohammed et leurs trois enfants. Deux garçons de 9 et 6 ans et un petit bébé âgé de 6 mois. Cela fait cinq semaines que la famille dort dans l’école, grâce à la mobilisation de parents d’élèves, d’enseignant·es et du collectif lyonnais Jamais sans toit.

L’élue a choisi de passer la nuit auprès d’eux pour alerter sur la situation des presque 3 000 enfants qui dorment à la rue chaque soir en France. Rien que dans la métropole de Lyon, ils·elles sont 300, précise Marie-Charlotte Garin. L’hébergement est rudimentaire, il s’agit d’une solution “d’extrême urgence”, rappelle l’élue auprès de Causette. Une occupation que “tolère” par ailleurs la mairie de Lyon. Selon la députée écologiste de 28 ans, ce sont dix-huit adultes et trente-cinq enfants qui sont actuellement hébergé·es dans dix écoles lyonnaises.

“Derrière les chiffres des personnes à la rue, il y a de vraies histoires”

Dans l’enceinte chauffée du gymnase, la députée écologiste a pu échanger sur le parcours de la famille originaire d’Algérie, arrivée en France il y a quelques mois. Les deux garçons sont scolarisés à l’école Mazenod et le papa enchaîne les petits boulots au noir. Chaque soir, à 18 heures, ils·elles sont accueillies dans l’école. Des commerçant·es du quartier leur fournissent alors un repas chaud et chaque matin, à 7 h 45, la famille doit quitter le gymnase. “Toute trace de leur passage doit être effacée”, déplore la députée qui a longuement raconté cette nuit dans un billet publié sur son site. Et comme il commence à faire froid aussi dans la journée, la mère et son petit bébé sont accueillis à tour de rôle chaque jour chez des parents d’élèves.

Pour elle, dormir dans cette école, c’est aussi faire le choix de “faire la guerre à l’indifférence”. “On a tendance à ne plus vouloir regarder la misère, mais on ne doit pas oublier que derrière les chiffres des personnes à la rue, il y a de vraies histoires, ce sont des hommes, des femmes et des enfants”, affirme la jeune députée. Emmitouflée dans son duvet sur un tapis de gym, juste à côté de la poussette, elle a eu du mal à s’endormir. “Et ce n’est pas à cause des conditions de confort, précise-t-elle. J’étais au premier plan de cette injustice et de cette violence sociale. Ça a généré aussi beaucoup de colère de voir que ce sont des parents d’élèves, des enseignant·es et des associations qui pallient l’absence de l’État.”

Une colère d’autant plus sourde que la veille, mercredi 8 novembre, la Première ministre, Élisabeth Borne, a activé un énième 49,3 pour adopter son projet de loi finances 2024, retoquant au passage deux amendements transpartisans, signés par Marie-Charlotte Garin. Ils visaient à créer 10 000 places d’hébergements supplémentaires. “On ne s’habitue jamais au mépris”, déplore-t-elle en soulignant que ces chiffres ne sortent pas du chapeau. “Ils répondent à une vraie attente du terrain.”

“La précarité est toujours le résultat de choix politiques”

La demande de créer 10 000 places d’hébergement, elle l’avait déjà formulée, à l’instar d’une cinquantaine de parlementaires de la Nupes, du Modem, d’Horizons et de Renaissance, dans une lettre envoyée à Élisabeth Borne le 7 novembre. Marie-Charlotte Garin précise n’avoir, à ce jour, pas eu de réponse du gouvernement. Une indifférence qui ne l’empêchera pas de poursuivre son combat. “Les signatures transpartisanes de ce courrier montrent que c’est un sujet qui mobilise et qui doit mobiliser tous les parlementaires, martèle-t-elle. On ne lâchera pas.”

La jeune députée assure qu’elle continuera à maintenir la pression sur le gouvernement pour la création de ces places. En dépit d’un sentiment de colère, elle se félicite que son action ait pu encourager d’autres initiatives parlementaires. Elle cite en exemple celle du député EELV Charles Fournier, qui a ouvert sa permanence de Tours à des familles sans logement. Sans date de fin pour le moment. “On espère que ces initiatives pourront faire monter l’indignation, lance Marie-Charlotte Garin. Je refuse la fatalité de dire que ‘la précarité n’est pas de notre faute’. La précarité est toujours le résultat de choix politiques.”

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