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Danielle Bousquet, pré­si­dente de la FNCIDFF : « Nous ne sommes pas suf­fi­sam­ment connues des femmes qui pour­raient avoir besoin de nous »

À l’occasion de leurs cinquante ans d’existence, la Fédération nationale des Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FNCIDFF) organise son premier festival féministe qui aura lieu à la Cité fertile de Pantin les 7, 8 et 9. Une manière de se célébrer mais aussi de se faire connaître.

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Danielle Bousquet ©DR

Les Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) fêtent leurs cinquante ans cette année. L’occasion pour la Fédération d’organiser leur premier festival féministe. Baptisé « 50 heures pour les droits des femmes », l’événement gratuit et ouvert à tous·tes aura lieu vendredi, samedi et dimanche à la Cité Fertile de Pantin (Seine-Saint-Denis).

Au programme ? Des tables rondes, des ateliers et autres festivités pour découvrir l’importance des missions des CIDFF. L’heure aussi de dresser l’état des lieux des avancées féministes de ces cinquante dernières années, mais aussi et surtout des combats qui restent à mener. À deux jours du lancement des réjouissances, entretien avec Danielle Bousquet la présidente de la Fédération nationale des CIDFF. 

Causette : Qu’est-ce qu'un CIDFF ?
Danielle Bousquet : Un CIDFF est un centre d’information sur les droits des Femmes et des Familles qui exerce une mission d’intérêt général, confiée et subventionnée par l’État dans le but de favoriser l’autonomie professionnelle, sociale et personnelle des femmes ainsi que de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. Notre fédération compte 1 200 salariés qui délivrent dans nos centres, répartis dans toute la France, des informations et des accompagnements personnalisés dans tous les domaines concernant les femmes. Nous aidons dans les sphères intime, familiale ou professionnelle. Avec l’apparition dans la sphère publique dans les années 90-2000 de la question des violences faites aux femmes, la lutte contre ces violences est devenue l’une des priorités du CIDFF.
Nos équipes sont pluridisciplinaires. Il y a des psychologues, des conseillères emploi et formation, des juristes, des assistantes sociales et des référentes égalité. L’objectif, c’est de pouvoir orienter et accompagner une femme sur plusieurs problématiques.
Nous organisons des entretiens individuels dans nos centres mais aussi des actions de sensibilisation et de formation à l’extérieur. Par exemple, dans des entreprises qui nous sollicitent pour les aider à accompagner des salariées victimes de violences. Nous intervenons pour faire de l’éducation à la sexualité et à l'égalité dans les collèges et lycées mais aussi auprès des policiers et des gendarmes pour les former à l’accueil des femmes victimes de violences. En clair, nous proposons des actions multiples qui s’adressent à des publics différents dans un même but : répondre aux besoins des femmes.

« Nous envisageons également de changer de nom, car notre acronyme est très difficile à retenir »

Quel est l’objectif du festival féministe « 50 heures pour les droits des femmes » ?
D.B. :
Le premier objectif est de célébrer notre anniversaire avec notre réseau et le public. Cinquante ans, c’est un bel âge. C’est notre premier événement d’ampleur nationale. Le deuxième objectif est de nous faire connaître du grand public. Nous avons fait une analyse interne de ce qui va très bien et de ce qui va moins bien. Et nous avons fait le constat que nous sommes bien connues de nos partenaires, des pouvoirs publics et des collectivités, mais nous ne sommes pas suffisamment connues des femmes qui pourraient avoir besoin de nous. Cette grande fête est donc l’occasion de nous faire connaître. Nous envisageons également de changer de nom, car notre acronyme est très difficile à retenir. Il faut trouver un nom qui fasse consensus et qui puisse représenter au mieux toutes nos actions. Ce n’est pas simple.

Quel sera le programme de ce festival gratuit ?
D.B. :
Ce festival sera l’occasion de fédérer autour de ce qui nous rassemble tous et toutes : les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes. Avec plusieurs tables rondes sur des thématiques variées allant de la lutte contre les violences faites aux femmes, au sport comme moyen d’émancipation, à l’emploi ou encore à l’éducation non-sexiste. Il y aura également des ateliers, des projections de films, un marché de créatrices, une soirée stand up réunissant des femmes humoristes, mais aussi une soirée dansante samedi soir avec une DJette. Le but de ces trois jours, c’est d’offrir du contenu diversifié pour passer un bon moment ensemble.

« 106 centres répartis sur le territoire métropolitain et dans les territoires d’Outre-mer »

Vous avez également choisi de reconstituer physiquement un CIDFF. Pourquoi ?
D.B. :
Oui, des salariées vont reconstituer des scènes pour montrer comment se passe l’accueil et l’accompagnement des femmes dans un CIDFF. Une manière ludique de faire connaître nos actions mais aussi de rassurer les femmes qui pourraient avoir besoin de notre expertise. Beaucoup ont peur de pousser la porte de nos centres. Elles se disent : “Mais si je viens parler des violences que je subis, il va m’arriver quoi ?” Il faut leur montrer que ce sont des entretiens confidentiels, professionnels mais aussi amicaux. Leur montrer que nous sommes là pour elles.

Les CIDFF fêtent leurs cinquante ans. Racontez-nous les débuts du réseau.
D.B. :
Le premier centre, qui s’appelait à l’époque Centre d’information féminin, a été créé à Paris, rue de Varenne, en 1972. Il proposait aux femmes de l’information sur la vie quotidienne, juridique et professionnelle. Les femmes ont pris conscience dans les années 70 que l’information sur leurs droits était indispensable pour maîtriser leur connaissance de la vie et de la société. Le réseau s’est progressivement développé. Aujourd’hui, il compte 106 centres répartis sur le territoire métropolitain et dans les territoires d’Outre-mer.

« Notre objectif est de coller aux besoins des femmes »

Après cinquante ans d’existence, l’heure est à la célébration, mais aussi au bilan. Quel bilan dressez-vous ? 
D.B. :
Nous avons beaucoup évolué. En fait, nous sommes continuellement en train d’évoluer, car l’objectif est de coller aux besoins des femmes et les besoins des femmes évoluent sans cesse. Par exemple, les violences sexistes et sexuelles et le harcèlement de rue, on en parlait pas du tout il y a trente ans. Aujourd’hui, ce sont nos priorités. Quand apparaissent de nouveaux besoins, on se forme pour y répondre et accueillir les femmes. Cela nous permet aussi de faire remonter vers les pouvoirs publics les nouveaux besoins dont les femmes font état et donc de pouvoir aider à construire de nouvelles politiques publiques. 

Quelles ont été, pour vous, les grandes avancées de ces cinquante dernières années en matière de droits des femmes ?
D.B. :
Il y en a eu beaucoup, mais si je devais en retenir trois, ce serait premièrement la loi relative à l’interruption volontaire de grossesse en 1975. Pour une femme, maîtriser ses maternités, c’est avoir une vie qu’elle va pouvoir choisir. La deuxième, un peu plus vieille puisqu'elle a 57 ans mais que je trouve fondamentale, c’est le droit de travailler sans l’autorisation de son mari en 1965. Et pour finir la prise en compte par les pouvoirs publics des violences faites aux femmes.

« L’égalité entre les femmes et les hommes dans la parentalité et dans les tâches quotidiennes sera notre futur gros chantier »

Quels sont les combats féministes qui restent à mener ? 
D.B. :
On va les formuler avec les femmes elles-mêmes, notamment au cours de ce festival. Il y a beaucoup de combats mais je pense que l’égalité entre les femmes et les hommes dans la parentalité et dans les tâches quotidiennes sera le futur gros chantier des CIDFF. 

Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye a exprimé le 12 septembre sa volonté de renforcer l’éducation à la sexualité à l’école. Selon le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, au lieu des trois cours annuels obligatoires, les élèves s’en sortiraient en moyenne avec 2,7 cours sur douze ans d’études. Vous intervenez sur demande des établissements dans des collèges et des lycées dans le cadre de l’éducation à l’égalité et à la vie affective et sexuelle. Que pensez-vous de l’annonce du ministre ?
D.B. :
C’est une excellente idée. Bien que la loi ait rendu ces cours obligatoires depuis 2001, nous constatons sans cesse qu’elle n’est absolument pas appliquée sur le terrain. Il est important que le ministère de l’Éducation soit informé de l’ampleur de la non-application de cette loi. Aujourd’hui, compte tenu du contexte de violences dans lequel grandissent les jeunes, pour qui les films pornos sont parfois l’unique apprentissage de la sexualité, l’éducation est plus que nécessaire.

Festival féministe « 50 heures pour les droits des femmes », organisé par la FNCIDFF les 7, 8 et 9 octobre 2022 à la Cité Fertile (Pantin). Retrouvez toutes les infos pratiques par ici. Pour celles et ceux qui ne pourront se rendre à la Cité Fertile ce week-end, d’autres festivités seront organisées dans les 106 CIDFF tout au long du mois d’octobre. Le programme est à retrouver sur le site du CIDFF de votre région.

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