La créatrice de contenus Dora Moutot est poursuivie pour « injures publiques envers une personne à raison de son identité de genre » et « provocation publique à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe » par les associations LGBT+ Mousse et Stop Homophobie, ainsi que par la maire de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord) Marie Cau et le journaliste Hanneli Escurier.
Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée ce mercredi matin contre Dora Moutot, créatrice du compte Tasjoui sur Instagram, a appris Libération. L'ancienne journaliste est poursuivie pour « injures publiques envers une personne à raison de son identité de genre » et « provocation publique à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe ». Contactée par le quotidien, Dora Moutot n’a pas répondu à ses sollicitations pour l’instant. Elle n'a, pour le moment, pas commenté le dépôt de cette plainte sur son compte Instagram.
La plainte a été déposée par l'avocat Etienne Deshoulières pour les associations LGBT+ Mousse et Stop Homophobie, ainsi que pour la maire de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord) Marie Cau et le journaliste Hanneli Escurier, après des propos tenus en août et octobre 2022 par la créatrice de contenus.
« L’injure discriminatoire frappe son destinataire, car elle lui rappelle le rejet dont il est l’objet au sein de la société. Plus ce rejet est présent, plus l’injure aura de force pour blesser son destinataire. Or, la transphobie est encore très fortement ancrée dans la société française, nombres de personnes transgenres vivant dans une situation de discrimination, de violence et harcèlement au quotidien. […] Alors lorsque Dora Moutot déclare qu’Hanneli Escurier est "une femme transidentifiée" et que Marie Cau est "un homme transféminin", elle frappe précisément là où cela blesse. Elle nie leur existence en tant que personne transgenre dans une société encore largement transphobe », écrit Me Deshoulières dans la plainte, citée par l’association Mousse, dans un communiqué publié sur son site internet.
Plusieurs propos visés
L'association Mousse explique que deux épisodes sont visés par la plainte. Dans une publication Instagram du 25 août 2022, Dora Moutot a notamment qualifié le journaliste Hanneli Escurier de « femme transidentifiée », comme l'atteste plusieurs captures écran postées sur leur site.
Le 15 octobre 2022, au cours de l'émission Quelle époque ! sur France 2, la créatrice de contenus a dit à Marie Cau, première maire transgenre de France, qu'elle était un « homme, un homme transféminin, une personne qui est biologiquement un mâle, sauf que cette personne a des goûts qui correspondent au genre femme ». Avant d'affirmer, concernant les femmes trans incarcérées : « On a un problème dans les prisons. Dans certains pays, aux États-Unis ou en Angleterre, on va se retrouver avec des hommes qui ont commis parfois des meurtres sur des femmes, ou bien des viols, qui vont être transférés d'abord dans une prison d'hommes et ensuite ils vont faire un programme de gender affirming, ils vont faire une transition en prison, ils vont devenir des femmes en prison, administrativement parlant, et ils vont être transférés vers des prisons de femmes. On se retrouve, je suis obligée de le dire, avec certains hommes qui violent leurs codétenues. Je ne dis pas que toutes les personnes trans font ça, loin de là. Mais on est obligées de se méfier des personnes à pénis en tant que femme. » Dora Moutot a assuré sur le plateau ne pas être « anti-trans », simplement commenter « l'idéologie transgenre » et critiquer « une façon de penser ». « Je n'ai rien contre les personnes trans », s'est-elle défendue.
Une des associations à l’origine de la plainte a reçu « un message anonyme de menace » après le dépôt, a affirmé Me Deshoulières à Libération.
