À l'occasion de la Journée internationale de visibilité lesbienne ce 26 avril, l'association L'Autre Cercle dévoile deux enquêtes, quantitative et qualitative, sur les femmes lesbiennes et bisexuelles dans le monde du travail.
Dans son dernier rapport sur les LGBTIphobies publié en 2022, SOS Homophobie relève que sur les 1515 témoignages reçus, 137 sont spécifiquement lesbophobes. Parmi eux, des insultes, menaces et du harcèlement qui se sont produits dans 13% des cas dans le cadre professionnel. À l'occasion de la Journée internationale de visibilité lesbienne, l'association L'Autre Cercle, spécialiste des droits LGBT au travail, dévoile ce mercredi deux études, quantitative et qualitative, sur les homosexuelles dans le monde du travail, révélant les discriminations subies par ces dernières lorsque leur orientation sexuelle est connue.
Premier constat de l'étude quantitative, réalisée par l'Ifop 1, 53% des femmes lesbiennes ou bisexuelles disent avoir déjà subi une discrimination ou une agression au travail. En particulier dans les secteurs où les hommes sont le plus présents, comme ceux de l’industrie (57%) et des transports (58%), ou lorsqu'elles exercent une activité isolée à l’image des artisanes/commerçantes (60%) ou des dirigeantes d’entreprises (68%).
Parmi les femmes lesbiennes et bisexuelles qui sont le plus confrontées aux discriminations et aux agressions se trouvent par ailleurs celles issues des catégories populaires : c’est le cas de 59% des ouvrières et 70% de celles dont le niveau d’étude est inférieur au bac. « Un résultat qui explose pour les lesbiennes et bisexuelles racisées (73%) », note L'Autre Cercle.
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Des conséquences sur l'état de santé
Des discriminations qui amènent les femmes lesbiennes et bisexuelles à cacher leur orientation sexuelle au travail pour ne pas subir une double peine, avec des propos sexistes largement diffus. Si près de 8 lesbiennes ou bisexuelles sur 10 sont visibles auprès d’au moins un membre de leur entreprise ou organisation publique, seul un tiers d’entre elles est visible de l’intégralité de ses supérieurs. Au sein de l'étude qualitative, menée par L'Autre Cercle 2, plus de la moitié des femmes interrogées expliquent ne pas vouloir ajouter une discrimination supplémentaire au simple fait d’être une femme. « Cette double discrimination rend encore plus difficile la visibilité et génère une autocensure spontanée des femmes concernées », explique l'association.
Ces situations ont des conséquences graves sur l'état de santé des femmes aimant les femmes. Plus de quatre lesbiennes ou bisexuelles sur dix déclarent, au sein de l'étude qualitative, avoir eu des idées suicidaires suite à des discriminations. Elles sont également 34% à avoir quitté leur emploi pour ces mêmes raisons. Cela les amène également à renoncer à toute vie professionnelle et sociale : 41% des lesbiennes et bisexuelles déclarent avoir renoncé à participer à un évènement professionnel où les conjoint·es étaient invité·es ou s’être déjà inventées une vie affective hétérosexuelle pour ne pas être visible.
« Ces résultats montrent le chemin qui reste à parcourir » conclut L'Autre Cercle, qui souligne que la présence de collègues lesbiennes ou bisexuelles visibles, ainsi qu'un environnement favorable, pourraient inciter les lesbiennes et bisexuelles non-visibles à le devenir, pour respectivement 61% et 59% d’entre elles.
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- L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 402 femmes lesbiennes ou bisexuelles exerçant une activité professionnelle, extrait d’un échantillon représentatif de 2 431 femmes homosexuelles et bisexuelles âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine[↩]
- sur la base de 88 entretiens menés entre octobre et décembre 2021[↩]
