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©Annie Spratt

Selon l’Arcom, 51 % des gar­çons de 12–13 ans fré­quentent des sites por­no­gra­phiques chaque mois

Au total, plus de deux millions de mineur·es consultent des sites pornographiques chaque mois, selon une étude publiée par l’Arcom ce jeudi 25 mai.

On le sait, l’accès aux sites pornographiques pour les mineur·es est un fléau. Leur exposition est d’ailleurs en forte progression, comme l’observe l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) dans sa dernière étude menée avec Médiamétrie sur la fréquentation des sites porno par les mineur·es en France. Publiée ce jeudi 25 mai sur le site de l'Arcom, elle a été réalisée en 2022 auprès de 25.000 panélistes.

Les chiffres sont effarants : chaque mois, ce sont 2,3 millions de mineur·es (30 %) qui fréquentent des sites pornographiques. Un chiffre d'ailleurs en augmentation ces dernières années puisqu'en 2017, le nombre de mineur·es visitant chaque mois des sites pour adultes était d’1,6 million. La fréquentation quotidienne est aussi en hausse : en 2022, 9 % des mineur·es ont consulté un site pornographique au moins une fois par un jour contre 4 % en 2017.

50 minutes par mois 

Selon l’étude de l’Arcom, les mineur·es passent en moyenne 50 minutes par mois et 7 minutes par jour sur des sites pornographiques. En comparaison, les adultes y passent en moyenne le double, avec deux heures par mois et 16 minutes par jour. L’étude a également permis de connaître les supports utilisés par les mineur·es pour consommer de la pornographie aujourd’hui. En tout, 83 % des mineur·es utilisent le téléphone portable contre 69 % des adultes. Pour 75% des mineur·es, c’est même le support exclusif.

L’étude menée par l'Arcom a aussi mis en lumière un « très fort écart » selon le genre dans la fréquentation des sites pornographiques en 2022. En tout, 53% des hommes majeurs fréquentent des sites porno chaque mois, contre 20% des femmes. Ils sont ainsi 2,5 fois plus nombreux. Ils y passent aussi trois plus de temps (2h12) que les femmes (43 minutes) par mois.

Écart selon le genre 

Cet écart se creuse chez les mineur·es, souligne l’étude. Entre 12 et 13 ans, 51 % des garçons fréquentent des sites pornographiques chaque mois contre 31 % des filles. L’écart se creuse d’ailleurs davantage en grandissant : à 14-15 ans, 59 % des garçons regardent du porno contre 27 % des filles. À 16-17 ans, ils sont 65 % pour 31 % de filles.

Les inégalités selon le genre s’observent aussi dans la durée de fréquentation des sites pornographiques. Si, à 12-13, les garçons passent en moyenne 57 minutes par mois sur un site et les filles 49 minutes, elle baisse chez les filles à 28 minutes à l’âge de 14-15 ans tandis qu’elle reste stable chez les garçons (54 minutes).  

En ce qui concerne les sites les plus visités par les mineur·es, Pornhub domine de loin la première place du classement avec 1,4 million de mineur·es en décembre 2022. L’étude souligne d’ailleurs que la fréquentation du site X établi à Chypre a bondi chez les jeune,s avec 900 000 visiteur·euses mineur·es en plus depuis 2017. Ils·elles représentent 17 % de l’audience de Pornhub.

Le gouvernement souhaite renforcer les pouvoirs de l’Arcom 

Pourtant, depuis la loi du 30 juillet 2020, les sites pornographiques accessibles depuis la France comme Pornhub doivent mettre en place un strict contrôle de l’âge de leurs visiteur·euses. Sauf qu’actuellement, les sites pornographiques demandent à l’internaute une simple vérification de l’âge en entrant une date de naissance ou en cliquant sur un encadré indiquant qu’il·elle est majeur·e sur leur page d’accueil. Un dispositif simple à contourner pour les jeunes, comme en témoigne l’étude de l’Arcom.

Le visionnage de contenus pornographiques a des conséquences délétères sur la santé mentale des mineur·es. « Les enfants n’ont pas la maturité psychique nécessaire pour gérer ces images de violences, alerte l'association Osez le féminisme dans un communiqué publié en réaction à l'étude de l'Arcom. Passé le premier choc, les adolescent·es peuvent ensuite s’exposer volontairement à la pornographie, ce qui renforce leurs stéréotypes sexistes, et les empêchent de distinguer violences et sexualité, souffrance et plaisir »

C’est pourquoi le pouvoir a été donné au gendarme de l’audiovisuel en 2020 de mettre en demeure les sites contrevenants et, dans le cas où ces derniers ne se mettaient pas en conformité, de demander leur blocage par la justice. Une première procédure judiciaire est actuellement cours à l’encontre de cinq sites : Pornhub, Tukif, Xvideos, Xhamster et Xnxx. Le verdict de la procédure lancée par l’Arcom fin 2021 sera rendu le 7 juillet prochain. Pour aller plus vite, le gouvernement a annoncé début mai qu’il allait prochainement confier à l’Arcom le pouvoir d’ordonner, sans passer par la décision d’un·e juge, le blocage par les opérateurs et le déréférencement des sites pornographiques accessibles aux mineur·es.

La mesure s’intégrera au projet de loi visant à « sécuriser et réguler l’espace numérique ». Il sera présenté mercredi 10 mai en Conseil des ministres puis soumis avant l’été au vote du Sénat et à la rentrée à celui de l’Assemblée nationale.

Lire aussi I Sites pornographiques : le gouvernement veut renforcer les pouvoirs de l’Arcom pour bloquer leur accès aux mineur·es

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