Panthéonisation de Gisèle Halimi : aux grandes femmes, la patrie reconnaissante ?

Mise à jour 14 mai 2021 /// Le président de la République Emmanuel Macron hésite à faire entrer la militante féministe au Panthéon. La raison ? Son engagement contre la guerre d'Algérie qui froisserait certaines associations de pieds-noirs et de harkis.

Depuis la disparition de l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi, le 28 juillet dernier, de nombreuses voix s’élèvent pour demander son entrée au Panthéon. Une pétition lancée le 20 août a déjà recueilli plus de 18 000 signatures.

gisele halimi front de gauche 2009 03 08
© Marie-Lan Nguyen

L’infatigable combattante Gisèle Halimi, décédée le 28 juillet dernier, sera-t-elle la sixième femme à reposer au Panthéon ? C’est en tout cas le souhait de la pétition lancée le 20 août sur Change.org. À l’initiative de cette dernière, une jeune femme de 27 ans, Louise Dubray, membre des Effronté·es et psychologue au sein de l’association de lutte contre les violences faites aux femmes, Womensafe. 

La pétition, qui a reçu à ce jour plus de 18 000 signatures, exige « un hommage décent à celle qui a tant fait pour notre pays, pour la cause des femmes, pour celle des homosexuels·les et contre le colonialisme ». Gisèle Halimi est à l’origine, entre autres, de la criminalisation du viol en 1980 – deux ans après le retentissant procès d’Aix-en-Provence –, de la dépénalisation de l’avortement en 1975 à la suite du procès de Bobigny, ainsi que la dépénalisation de l’homosexualité en 1981. 

Lire aussi : Gisèle Halimi, tout le monde lui dit merci

Le Panthéon, une image symbolique 

Nombre de nos rues portent le nom d’hommes illustres, de nombreuses statues glorifient les actes d’hommes historiques et le Panthéon, monument situé au cœur de Paris et où sont inhumées les grandes figures de l’Histoire de France, représente sans doute l’hommage le plus significatif de la nation. Un lieu de mémoire qui accueille, depuis 1791, soixante-quinze hommes et cinq femmes. Une présence féminine bien faible rapportée au nombre de femmes qui ont marqué l’Histoire. Louise Dubray dénonce d’ailleurs que  « lorsqu’une femme passe toute sa vie à accomplir des choses magnifiques, comme ce fut le cas pour Gisèle Halimi, il n’y a pas les mêmes remerciements ». 

La psychologue regrette ainsi l’hommage timide du président de la République, se limitant à un tweet, « alors qu’il s’est déplacé en personne pour les obsèques de Johnny Halliday », ou encore la chaise laissée vide lors des obsèques, au Père-Lachaise le 6 août dernier, par le ministre de la Justice, Éric Dupond-Morreti. Un constat amer auquel s’ajoutent l’absence de minute de silence, de drapeaux en berne ou de deuil national. Autant de choses qui témoignent pour la jeune femme « d’un mépris à l’égard des causes féministes ». 

Autant de combats qui mériteraient, selon la pétition, une1entrée au Panthéon. L’un d’entre eux, la pénalisation du viol, résonne d’ailleurs tout particulièrement en Louise Dubray, qui s’occupe des femmes victimes de violence au sein de l’association Womensafe. 

Si la psychologue prend en charge la violence directe des victimes, la violence de la justice est, pour elle, parfois bien plus grave. « Le travail de Gisèle Halimi, c’était le premier pas vers la reconnaissance de la justice sur les violences », analyse-t-elle. Pourtant, en cinq ans de pratique, une seule de ses patientes a vu son violeur condamné. « Aujourd’hui, sur les 93 000 femmes victimes de viol ou de tentative de viol par an, il y a seulement 1 000 condamnations. Tant que la société n’entendra pas qu’en France le viol n’est toujours pas systématiquement condamné, on devra reprendre et continuer le combat de Gisèle Halimi. »

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.