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Les député·es écologistes et insoumis réuni·es autour d'un drapeau LGBT+ © Louise Huet

Une mani­fes­ta­tion devant l’Assemblée natio­nale pour dénon­cer les pro­pos homo­phobes de la ministre Caroline Cayeux

Ce mardi 2 août, des militant·es engagé·es pour les droits LGBT+ ainsi que des élu·es de la Nupes se sont rassemblé·es pour pointer du doigt le passif homophobe de certain·es membres du gouvernement, et exiger une réelle politique de santé publique face à la variole du singe.

« La violence LGBTphobe, c’est aussi l’abandon par les pouvoirs publics des minorités sexuelles, de genre et de race. L’abandon de leur santé, et l’abandon des plus fragiles d’entre nous », déclame Nathan Boumendil, activiste contre le Sida au sein de l’association AIDES. Ce mardi 2 août, plusieurs militant·es pour les droits LGBT+, soutenu·es par certain·es élu·es écologistes et de la France Insoumise, se sont mobilisé·es à côté de l'Assemblée nationale aux Invalides, pour réclamer la démission de quatre ministres ayant tenus des propos homophobes par le passé. Le rassemblement visait également à tirer la sonnette d’alarme face à l’épidémie de variole du singe (monkeypox en anglais), à laquelle les travailleur·ses du sexe et les personnes trans, gays ou bi sont particulièrement exposé·es.

Les prises de parole se sont succédées, avec des intervenant·es d’associations engagées pour la santé des communautés LGBT+ et en lutte contre le VIH, comme AIDES, Act Up ou STRASS (syndicat du travail du sexe). Plusieurs représentant·es EELV et LFI, eux-mêmes et elles-mêmes LGBT+, se sont aussi exprimé·es, pour partager leur colère. Pourquoi ? « Parce que ce gouvernement vient de nommer au plus haut sommet de l’Etat quatre ministres ouvertement LGBTphobes. Parce qu’une ministre maintient ses propos en nous traitant de “contre-nature”, en nous demandant de l’excuser. Alors non, nous ne l’excusons pas. Madame Cayeux, vos propos sont inacceptables », s’est insurgé Chloé Sagaspe, ouvertement bisexuelle et nouvelle porte-parole écologiste. 

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Chloé Sagaspe, porte-parole EELV, prend la parole © L.H.

Le rassemblement fait suite à une tribune publiée sur têtu· ce lundi 1er août dans laquelle près d’une centaine d’activistes et de parlementaires ont signé un appel à manifester contre le maintien de Caroline Cayeux, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, pour ses positions contre le mariage pour tous en 2012 et 2013. 

Exiger le départ de quatre ministres perçu·es comme homophobes

« Quatre ministres LGBTphobes au gouvernement, ce n’est pas une erreur, c'est une orientation politique », a signalé Sandrine Rousseau, députée EELV. En effet, selon une autre tribune têtu· datant du 11 juillet, l’ex-maire LR de Beauvais aurait qualifié en 2013 l’ouverture du mariage pour tous de « caprice », de « dessein contre-nature » et d’une « ouverture de droit irrespectueuse de la nature et insensée ». La ministre a maintenu ses propos et s’est dite « contrariée » par la polémique, lors d’une interview sur Public Sénat le 12 juillet, dans laquelle Caroline Cayeux a tenté de se défendre maladroitement en rapportant avoir plusieurs amis parmi « ces gens-là ». Dans la foulée, en plus du tollé qu’ont provoqué ses propos, plusieurs associations luttant contre les LGBTphobies ont annoncé avoir déposé plainte contre la ministre. Madame Cayeux s’est ensuite publiquement excusée.

Lire aussi : Mariage pour tous : après avoir maintenu ses propos polémiques, la ministre Caroline Cayeux rétropédale

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Pancarte brandie au rassemblement, reprenant le format des affiches de Santé Publique France
contre les LGBTphobies qui avaient fait un flop en mai dernier © L.H.

Trois autres ministres sont mis en cause par les manifestant·es. Le premier : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Ce dernier avait affiché à de nombreuses reprises sur Twitter son soutien à la Manif pour tous, indiquant même y avoir participé dans un tweet supprimé. Il avait également assuré qu'il ne célébrerait pas, en tant que futur maire de Tourcoing, de « mariages entre deux hommes et deux femmes » avant de se raviser en 2017. Le second : Christophe Béchu, ministre de Transition écologique et de la Cohésion des territoires, qui avait fait retirer des affiches d’une campagne de prévention contre le VIH montrant des hommes s’enlaçant, lorsqu'il était maire d’Angers en 2016. Enfin : Sébastien Lecornu, ministre des Armées, qui déclarait en 2012 : « Le communautarisme gay m’exaspère autant que l’homophobie (...) Une famille se construit entre un homme et une femme. »

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Les élu·es réuni·es autour du drapeau LGBT+ © L.H.

« Ces gens-là : trois mots qui nous éclaboussent, et trois mots qui nous humilient tous », s’est indigné Chloé Sagaspe sous les arbres de l’esplanade des Invalides. Mais cette expression de Caroline Cayeux est aussi devenue le cri de guerre des militant·es LGBT+, qui refusent d’être méprisé·es et relégué·es au rang de citoyen·nes de seconde zone. « Après le mariage pour tous, après toutes les batailles qu’il y a eu pour les droits LGBT+, utiliser l’expression « ces gens-là », c’est revenir 30 ans en arrière », a souligné Sandrine Rousseau. « Tant qu’il y aura ce genre de propos tenus au plus haut sommet de l’Etat en toute impunité, on continuera à avoir du harcèlement, des violences, des discriminations à notre égard, partout dans la société », a quant à lui dénoncé Sébastien Tüller, responsable LGBT+ pour Amnesty France. 

Monkeypox : un vrai enjeu de santé publique pour la communauté LGBT+

Le second volet des revendications portait sur la vaccination contre la monkeypox, un fléau pour la communauté gay, particulièrement touchée. Au 28 juillet, 1 955 cas ont été recensés en France, principalement dans la région Ile-de-France. Sébastien Tüller a raconté avec émotion être sorti de trois semaines d’isolement après avoir été infecté par le virus. Il a été clair : « Concrètement, aujourd’hui, l'homophobie et la transphobie entravent la lutte contre l’épidémie. »

« Nous exigeons une réaction à la hauteur du problème. Nous avons vu la capacité de réaction du gouvernement face au Covid. Nous voyons se reproduire les erreurs commises lors du début de l’épidémie de VIH. Quarante ans plus tard, nous le répétons : la variole du singe n’est pas une épidémie d’hommes gays », a lancé Sarah Roubach, militante Générations à l’origine du rassemblement, sous les applaudissements des activistes.   

Les associations, ainsi que les élu·es Nupes, ont exigé une réelle politique de santé publique sur la variole du singe avec des mesures concrètes : la vaccination préventive en centres de soin et en pharmacie, par les infirmier·ères, plus de centres de vaccination, une meilleure visibilité sur les stocks de vaccins, plus de tests de dépistage, un traçage des cas contacts, des campagnes d’information ciblées, l’indemnisation des travailleuses et travailleurs du sexe, et la prise en charge de l’isolement des malades. Les député·es LFI ont aussi appelé à débloquer un million de doses de vaccin contre la monkeypox. 

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Nathan Boumendil © L.H.

« Malgré l’ouverture à cette vaccination, l’accès reste très compliqué. Les prochains rendez-vous disponibles sont en septembre ou octobre. Ça laisse des milliers d’entre nous dans la crainte d’une maladie que nous savons maintenant létale, et extrêmement douloureuse, s’est révolté le militant Nathan Boumendil. Comment ne pas voir, dans ce manque de moyens, au mieux, une manière de nous punir de notre sexualité jugée trop libre et pas naturelle, au pire, un mépris pour nos vies ? Une manière de nous faire porter sur nos peaux, à travers des pustules, le stigmate attaché à notre sexualité et à nos identités. » 

Pour Jean-Bastien et Quentin, étudiants venus protester contre les quatre ministres, la santé de la communauté LGBT+ est, encore une fois, depuis le premier cas du VIH détecté il y a quarante ans, directement stigmatisée et laissée pour compte. « On a vu par le passé que notre santé communautaire était mise sous le tapis même quand on était réellement en danger. Malheureusement, c’est presque devenu une expertise dans la communauté de devoir s'auto-défendre sur ça, soutient Jean-Bastien. J’ai vu des médias qui titraient : “la variole du singe va peut-être arriver dans la population générale”. Tout est dit. Tant que ça ne concerne que les autres et les marginalisés, ce n'est pas si grave. »

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Jean-Bastien et Quentin © L.H.

Un collectif de 200 personnalités publiques et politiques réclame d’ailleurs, dans une tribune publiée aujourd’hui sur le Huffpost, la mise en place d’une commission d’enquête au Sénat pour plus de transparence sur la stratégie gouvernementale face à l’épidémie de variole simienne. 

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