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(©Mat Napo)

Variole du singe : à l'Hôtel-Dieu à Paris cet été, la mobi­li­sa­tion d'étudiants et méde­cins retrai­tés a concou­ru au suc­cès de la vaccination

À quelques jours de la rentrée de septembre, entre 200 à 250 personnes se font vacciner quotidiennement contre la variole du singe au sein de l'hôpital Hôtel-Dieu à Paris.

Dans l'aile de l'hôpital Hôtel-Dieu dédiée à la vaccination, les allers et venues ne s'arrêtent pas en cette fin du mois d'août. Si son personnel vaccine habituellement contre toute sorte de maladie, « 99% des injections concernent actuellement la variole du singe », indique le Pr. Frédéric Batteux, responsable du centre de vaccination.

Face à la montée de l'épidémie, trois boxes de vaccination dédiés au monkeypox ont été mis en place à partir du 11 juillet au sein de cet établissement hospitalier, situé dans le 4e arrondissement de Paris, face à la cathédrale Notre-Dame. La première semaine, 300 doses de vaccin avaient été distribuées. Une capacité qui est rapidement montée en puissance. « Aujourd'hui, on vaccine entre 200 à 250 personnes par jour. Pour atteindre, en tout, 5000 injections contre la variole du singe. Soit 10% des 50.000 vaccinations réalisées dans toute la France [le bilan total s'élève à 59.384 vaccinations au 24 août selon le ministère de la Santé, ndlr] », se félicite le Pr. Frédéric Batteux.

L'immunologiste se souvient que la demande a été forte dès le début. Ce qui n'a pas été sans poser quelques problèmes concernant le personnel, entre les vacances estivales et le pont du 14 juillet : « On a eu un peu de mal mais on s'est finalement débrouillés. Une véritable solidarité s'est mise en place au sein de l'Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (APHP). Des internes et étudiants nous ont rejoints, ainsi que des médecins retraités ou travaillant au siège de l'APHP, dans l'administration. On a pu ouvrir nos boxes tout l'été et même vacciner des gens qui venaient sans rendez-vous. Personne n'est reparti sans avoir reçu une injection. » Depuis quelques semaines, à la centaine de primo-vacciné·es quotidien·nes, s'ajoutent désormais celles et ceux venant recevoir leur rappel, entre 100 à 150 par jour.

« On ne parle pas assez de l'épidémie »

Trois hommes, interrogés par Causette dans les couloirs de l'hôpital Hôtel-Dieu, attendent justement d'être vaccinés pour leur deuxième injection. Timothée (le prénom a été changé), 34 ans, souligne à quel point il a été compliqué pour lui d'obtenir son premier rendez-vous fin juillet. « Autour de moi, toutes les personnes qui souhaitaient se faire vacciner ont galéré à trouver un créneau », affirme-t-il. Ce dernier, célibataire, est resté abstinent tout l'été par peur d'attraper la variole du singe. Il espère aujourd'hui pouvoir retrouver « une vie normale » et estime que le gouvernement « n'a pas fait grand chose pour la communauté LGBT+ ». « Si on avait été chasseurs, on aurait peut-être reçu plus d'aide », tance-t-il, soulignant notamment avoir l'impression qu'il n'y avait pas assez de doses disponibles. Le nombre de vaccins détenus en France est une information classée secret-défense. Le trentenaire insiste cependant sur le rôle des associations LGBT+ qui ont réalisé « un important travail d’information sur les réseaux sociaux ».

À lire aussi I Monkeypox : Aides tire la sonnette d'alarme et demande une campagne de vaccination « coup de poing »

Paul (le prénom a été changé), 32 ans, déplore lui aussi un manque de communication gouvernementale sur le monkeypox : « Je trouve qu'on ne parle pas assez de l'épidémie, alors qu'il y a un nombre important de cas [3241 cas ont été recensés en France au 23 août, selon Santé publique France, ndlr]. Il faut plus de communication sur le virus, comment il se propage et comment s'en protéger. On a besoin de spots à la télévision, d'affiches pour informer et rassurer les gens. Je travaille dans une pharmacie et on en parle pas plus que ça. On n'a pas reçu de documents à afficher sur la variole du singe, par exemple. »

De son côté, Eliott (le prénom a été changé) reconnaît lui aussi qu'il existe un manque d'information sur le virus, notamment auprès de publics actuellement moins concernés, comme ses parents. Mais il estime qu'il n'a pas été trop difficile pour lui de trouver un rendez-vous : « Sur les conseils de mon copain, je me suis rendu fin juillet à l'hôpital Hôtel-Dieu sans rendez-vous et j'ai pu être vacciné en une demi-heure. Dans mon entourage, beaucoup de gens ont reçu ou vont bientôt recevoir leur deuxième injection. À la fois des hommes, mais aussi des femmes qui sortent beaucoup dans des lieux gays. »

« Il faut être ultra-prudent »

Actuellement, la vaccination est ouverte, postexposition, aux cas contacts à risque élevé et, de manière préventive, aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et aux personnes trans multipartenaires, aux travailleur·ses du sexe et aux professionnel·les exerçant dans les lieux de consommation sexuelle.

À quelques jours de la rentrée de septembre, le Pr. Frédéric Batteux estime qu'au vu des chiffres de contamination, « le nombre de malades augmente, mais de manière raisonnable ». « On dirait que ça a tendance à se contenir, mais il faut être ultra-prudent, notamment en période de rentrée. Les personnes à risque sont prudentes et se font vacciner, donc l'épidémie reste pour l'instant contenue, mais il faut faire attention. Il faut être prêt à pouvoir répondre si l’épidémie venait à se développer éventuellement dans d'autres populations », poursuit-il. Avant de conclure : « On est très vigilants, et on pourra augmenter notre capacité de vaccination s'il le faut. »

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