Une journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites mobilise ce jeudi plusieurs milliers de personnes dans les rues de Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille ou Lille. Causette est allée à la rencontre des manifestant·es place de la République, avant que le cortège ne s'élance dans la capitale.
À l'appel de huit syndicats de salariés (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU), plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue, ce jeudi, partout en France, pour protester contre le projet de réforme des retraites, qui entend notamment faire reculer progressivement l'âge de départ de 62 à 64 ans. Causette s'est glissée au début du cortège parisien, place de la République (3e arrondissement), avant qu'il ne s'élance vers la place de la Nation (11e arrondissement) pour donner la parole à quelques manifestant·es.
Christine, 61 ans, auxiliaire de puériculture : « Je suis dans la rue pour protester contre le fait de travailler plus longtemps. Je travaille en crèche depuis 42 ans, je suis cassée de partout, donc jusqu'à 64 ans, je n'imagine pas pour mes collègues et moi. Avec le projet de loi, je peux partir à 62 ans mais on m'a ajouté trois mois supplémentaires. Je suis donc surtout là pour les autres, comme moi je vais partir avant à la retraite. Les politiques ne se rendent pas compte. On nous dit qu'on vit plus longtemps, mais les gens que je connais autour de moi sont à peine à la retraite qu'ils attrapent des maladies. Donc si c'est pour partir et aller directement boulevard des allongés, ce n'est pas la peine. On a déjà assez travaillé et donné de soi. Pour certains, on part avec une misère. Dans ma profession on a beaucoup de primes, mais elles ne sont pas calculées pour la retraite, donc j'aurai 1300–1400 euros après 42 ans de travail… »
Antoine, 55 ans, employé dans un musée et Frédéric, 62 ans, peintre. Frédéric : « A priori, je ne suis pas concerné. Mais pour des raisons financières, je vais continuer à travailler. Car j'ai un fils qui en a encore pour au moins trois ans d'études et je dois avoir un salaire plein. C'est plutôt pour mon fils et tous les autres que je suis là. Pour construire un meilleur monde et pour l'avenir. Je suis peintre aux ateliers des musées de la ville de Paris, au côté de ferronnier, de tapissier… Nous étions 30, aujourd'hui nous ne sommes plus que 17, cela devient pénible pour travailler. Nous donnons beaucoup mais nous ne recevons pas grand chose en retour. » Antoine : « J'ai 55 ans, j'aurais pu espérer partir dans 5 ans car j'ai commencé à travailler à 19 ans. Mais là, non seulement c'est 62 et potentiellement 64. C'est insupportable de voir l'âge reculer sans aucune raison valable. La prochaine étape, ce sera quoi ? C'est de la supercherie, c'est uniquement pour faire des économies sur notre dos… Il faut reprendre la route du progrès social et non pas de la répression sociale. »
Pierre, 29 ans, employé dans un musée d'archéologie : « Je trouve ce projet de loi particulièrement inutile et injuste. Je pense que c'est une mesure économique qui n'a pas besoin d'être mise en place. On fait travailler des gens plus tard, alors que beaucoup galèrent à avoir un emploi après 50 ans. Essayons de régler ce problème-là d'abord. J'ai, en outre, du mal à me projeter concernant ma retraite. Si l'on continue à repousser l'âge de la retraite, cela m'inquiète. »
Charlie, 15 ans, lycéenne : « Je suis là pour militer contre la réforme des retraites qui, selon moi, n'est pas adaptée : si l'on continue comme cela, on n'aura pas de retraite. Ce n'est pas humain de travailler toute sa vie pour rien. Je suis très anxieuse par rapport à ma retraite. J'attends que le gouvernement écoute le peuple. Il faut que l'âge de la retraite reste à 62 ans ou repasse à 60 ans. »