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Nouvelle-​Calédonie : après un fémi­ni­cide, les asso­cia­tions réclament un « plan d’urgence » face aux vio­lences conjugales

Samedi 16 juillet, des associations de lutte contre les violences conjugales se sont mobilisées devant le tribunal de Nouméa. Menées par le collectif Femmes en colère, elles exigent un « plan d’urgence », après le décès d’une femme de 35 ans, frappée à mort par son conjoint.

À l’initiative du collectif local Femmes en colère, une cinquantaine de personnes se sont réunies aux côtés de la ligue des droits de l’homme, de l’Union des femmes francophones d’Océanie et d’autres associations de lutte contre les violences conjugales, pour manifester devant le tribunal de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, dans la matinée du samedi 16 juillet. Les associations pointent du doigt le manque d’actions concrètes dans la lutte contre les violences faites aux femmes et réclament un « plan d’urgence » en Nouvelle-Calédonie, là où les violences conjugales sont deux fois plus nombreuses qu’en métropole. « Il y a un silence assez assourdissant de la part des institutions. Nous demandons un plan d'urgence pour que cette cause soit prise à bras le corps et devienne une priorité, avec les moyens qu'il faut », a revendiqué Fara Caillard, la porte-parole du collectif Femmes en colère, selon Franceinfo

Cet élan de protestation intervient au lendemain du décès d’une femme de 35 ans, battue à mort par son compagnon. Mère de deux enfants, elle avait été admise à l’hôpital avec une blessure profonde à la tête le 13 juillet, mais a finalement succombé aux coups reçus le vendredi 15 juillet. D’après le parquet de Nouméa et selon l’AFP, l'homme suspect a été placé en détention provisoire et a été mis en examen du chef d’homicide par concubin. 

Comme le décrit la 1ère - Nouvelle Calédonie, les manifestant·es se sont vétu·es de violet, en symbole du combat contre les violences faites aux femmes, et de blanc, en soutien aux enfants qui ont perdu leur mère. « Ici, nous avons la police nationale, les gendarmes, les autorités qui sont impliquées, sauf qu’à un moment il y a un bug. Est-ce que les plaintes sont réellement prises? Est-ce que les femmes sont accompagnées ? » s’est interrogé une femme venue soutenir les associations. « On ne peut plus fermer les yeux aujourd’hui. C’est indispensable qu’on marque ces événements, qui ne sont pas des petits événements, et on se doit, en tant que citoyen et citoyenne, de comprendre le fléau que sont les féminicides et les violences faites aux femmes », a quant à elle affirmé Chérifa Linossier, membre de Femmes en colère, aux journalistes de la 1ère.  

Un Grenelle contre les violences conjugales en demi-teinte 

Plusieurs manifestant·es reprochent au Grenelle contre les violences conjugales, dont les mesures ont été mises en place sur l'île en 2019, de n’apporter que trop peu de solutions concrètes pour lutter contre les violences faites aux femmes. Selon le bilan de suivi du Grenelle dressé par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie le 10 mai dernier, 5,4 personnes sur mille sont victimes de violences intrafamiliales dans la région, dont 90 % de femmes. Un chiffre deux fois plus élevé que dans l’Hexagone. Le procureur de la République, Yves Dupas, a également noté une « hausse de près de 20 % des dépôts de plainte pour violences conjugales », depuis 2018.

« ll y a eu des initiatives prises. [...] Au commissariat, quand une femme est reçue, elle est reçue discrètement, de préférence par une agente qui a été bien préparée à ce type d’entretien, a indiqué Gérard Sarda, président de la ligue des droits de l’homme à la 1ère. Mais je crois que c’est quelque chose de très profond qui ramène à cette discrimination entre hommes et femmes. » Une enquête statistique, effectuée par l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee) et commanditée en partie par le gouvernement, révèle qu’en 2021, près d’une Calédonienne sur trois se déclare « souvent » ou « de temps en temps » en insécurité dans [son] quartier, [son] village ou [sa] tribu », alors que ce score ne s’établit qu’à 21% de la population totale de la région. Autres résultats tout aussi édifiants : 23 % des Calédoniennes éprouvent ce sentiment d’insécurité au sein même du domicile, et représentent 70 % des « victimes majeures de violences physiques ou sexuelles au sein du ménage », selon l’Isee.

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