Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner. Quand on a vu qu’un festival de philosophie sur la Zombie Theory* était organisé cet automne, on n’a pas résisté à l’envie d’interroger l’un des participants, Karim Charredib. Sa thèse en arts plastiques porte sur les zombies au cinéma. Où l’on apprend que leurs corps altérés portent des messages politiques sur les crises de la société moderne.

Causette : D’où viennent les zombies ?
Karim Charredib : La figure du zombie est apparue en Afrique de l’Ouest, puis s’est développée en Haïti au XVe siècle. Christophe Colomb et ses successeurs y avaient déporté des esclaves. Là-bas, ils ont synthétisé leurs religions, ce qui a donné le vaudou et, notamment, les zombies. Le mythe voulait qu’il s’agisse de personnes que l’on empoisonnait avec un produit destiné à ralentir les fonctions du corps. Les victimes étaient déclarées mortes, enterrées, puis déterrées en secret, pour être maintenues dans cet état passif et servir d’esclaves dans les champs. Cette image exprime la condition d’esclave. Car le drame du zombie, c’est de devoir continuer à trimer, sans pouvoir mourir.
C’est d’abord une allégorie, mais il existe aussi un vrai témoignage de zombisme : celui d’un[…]