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©Instagram de Fatima Karim

Maroc : une blo­gueuse condam­née en appel à deux ans de pri­son ferme pour « atteinte à l’islam »

La cour d’appel de Khouribga a confirmé mardi 13 septembre la peine de prison de deux ans ferme pour la blogueuse Fatima Karim, pour « atteinte à l’islam », après la publication sur Facebook d'écrits jugés offensants.

La justice marocaine a confirmé sa condamnation en appel. Fatima Karim vient d’être condamnée mardi 13 septembre à deux ans de prison ferme pour « atteinte à la religion musulmane » par la cour d’appel de Khouribga, située à 120 km de Casablanca. La blogueuse de 39 ans, connue pour ses prises de position critiques de l’islam, était poursuivie pour avoir posté des publications sur sa page Facebook, jugées offensantes envers la religion d'État. Des publications qui ont depuis été supprimées de son compte. « C’est un verdict très dur », a déploré son avocat, Habib Aadi auprès de l’AFP après l’audience, ajoutant qu’un pourvoi en cassation est « encore à l’étude ».

En détention depuis la mi-juillet, Fatima Karim était poursuivie par la justice marocaine pour avoir tenu des propos satiriques à l’encontre des versets du Coran et des hadiths du prophète Mahomet, considérés comme sacrés dans l’islam. Elle avait été condamnée en première instance, le 15 août dernier, à deux ans de prison ferme par le tribunal de première instance d’Oued Zem. Fatima Karim avait également été condamnée à payer une amende de 50 000 dirhams (environ 4 600 euros). Une décision aujourd’hui confirmée par la cour d’appel.

Excuses publiques

Une décision motivée par l’article 267-5 du Code pénal marocain, qui punit de six mois à deux ans ferme « quiconque porte atteinte à la religion musulmane ». Une peine susceptible d’ailleurs d’être portée à cinq ans d’emprisonnement si l’infraction est commise en public.

Lors de son procès en appel, Fatima Karim a fait valoir en vain son droit à la liberté d’expression, garanti par l’article 25 de la Constitution marocaine instaurée en 2011. L’accusée a également présenté publiquement des excuses à « quiconque s’est senti offensé » par ses publications, assurant n’avoir jamais eu l’intention de porter atteinte à l’islam.

Débat sur la liberté d’expression

La condamnation en appel de Fatima Karim relance le débat sur la liberté d’expression au Maroc. Les défenseur·ses des droits humains dénoncent auprès de l'AFP cet article 267-5 qui entrave, selon eux, la liberté d’expression et dont la formulation « ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte ».

En juin 2021, une étudiante maroco-italienne avait déjà été condamnée à trois ans et demi de prison ferme pour le même motif que Fatima Karim. Sa peine avait ensuite été réduite en appel à deux mois de prison avec sursis à la suite d’une campagne de protestation des défenseur·ses des droits humains. Pour Bouazza Karim, le frère de Fatima, qui a réagi sur sa page Facebook, le verdict de sa sœur renvoie le pays « des années en arrière ».

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