Témoignage d'Erica Chomsky-Adelson, fondatrice de l’association Culture Aid Nola, à La Nouvelle-Orléans.
« Nous sommes une ville où les gens aiment se rassembler pour jouer de la musique, danser, discuter sur un bout de trottoir. Habituellement, La Nouvelle-Orléans est toujours pleine de touristes. Aujourd’hui, nous sommes seuls et nous luttons. Ceux qui travaillent dans le secteur des services – qui étaient déjà scandaleusement sous-payés – sont maintenant sans emploi. Beaucoup travaillent comme barmans, serveurs, musiciens, chefs, organisateurs d’événements ou guides, et gagnent leur vie pendant la haute saison touristique, d’octobre à mai. Comme tout s’est arrêté mi-mars, ils n’ont même pas pu travailler assez pour avoir quelques économies.
Il existe quelques aides publiques, mais dans les faits, beaucoup ici ne peuvent en bénéficier, vu qu’ils vivent de l’économie informelle. Et puis, il y a tous ceux qui n’ont pas de papiers, qui ne parlent pas anglais ou qui ne peuvent pas remplir la paperasse pour obtenir une aide alimentaire. Avec Culture Aid Nola, on essaie justement d’aider les gens qui ne peuvent pas obtenir d’aide. En avril, nous avons distribué 50 000 paniers-repas, ce qui est à la fois beaucoup et tout à fait dérisoire. Car, en ce moment, tout le monde semble avoir besoin de nourriture, et nous voyons arriver des gens qui n’étaient jamais venus dans une banque alimentaire. Je crois qu’aucun d’entre nous n’avait imaginé que la situation allait devenir si dure. Aujourd’hui, tout le monde a peur. Nous ne savons pas à quoi ressemblera demain, et encore moins le mois prochain. Beaucoup de ces emplois ne reviendront pas et je ne sais pas ce que nous ferons si les gens ne viennent plus visiter La Nouvelle-Orléans.
Mais nous nous relèverons. Contre toute attente, nous sommes ici depuis plus de trois cents ans. Nous sommes faits de boue et de limon, de musique et de rires, et d’une manière ou d’une autre, on s’en sortira. »
Si vous le souhaitez, vous pouvez soutenir l’association sur Cultureaidnola.org.
