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© Marie Léautey

Marie Léautey : le tour du monde en trois ans… et en courant !

En trois ans, Marie Léautey a traversé quatre continents et parcouru 28 249 kilomètres en courant. Elle raconte son périple dans son livre Le Monde sous mes pieds paru mercredi 20 septembre.

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© Marie Léautey

“L’idée du tour du monde était en moi ancrée plus ou moins depuis l’enfance.” Certain·es font le tour du monde en train ou en bateau ou même à pied. Marie Léautey, elle, l’a fait en courant ! Elle est la septième personne au monde à avoir réalisé cet exploit. 28 249 kilomètres parcourus, quatre continents traversés (l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie) et 697 jours de course… Tout ça lors d’une aventure qui a duré trois ans, entre le 6 décembre 2019 et le 1er septembre 2022. Marie Léautey est ainsi devenue la première femme à avoir traversé quatre continents à petites foulées et détient le record féminin du tour du monde en courant, soit l’équivalent de 628 marathons en 825 jours. Clou de l’histoire, tout au long du parcours, elle a récolté des fonds pour l’association Women for Women, qui fournit un soutien matériel et moral aux femmes victimes de la guerre.

Un an après la fin de cet exploit, la nomade raconte son incroyable aventure riche en rencontres et en effort physique dans Le Monde sous mes pieds, paru mercredi 20 septembre aux éditions Calmann-Lévy. Un livre dans lequel la Normande nous embarque en petite foulée dans les Andes, du Chili à l’Argentine, au Portugal et sur la route des pionniers aux États-Unis. Un voyage truffé de rencontres émouvantes et marquantes.

Une nomade de la première heure

Mais pourquoi un tel défi ? À 42 ans, elle laisse tomber son job de directrice financière à Singapour pour réaliser son rêve. Cette idée, elle l’a toujours eue en elle. Globe-trotteuse dans l’âme, elle sillonnait déjà la planète pour son ancien job : Singapour, Grèce, Nigeria, Sibérie… “Je suis une vraie nomade ! Depuis mes 20 ans, j’habite à l’étranger, je bouge de pays en pays. Je suis guidée par une envie vraiment très forte de voir et découvrir le monde”, explique Marie Léautey. “J’aime arriver dans un endroit où on n’a pas les codes culturels ni le langage et réussir tout de même à me sentir chez soi. C’est ça que je trouve extraordinaire, c’est ma drogue”, ajoute la Normande. Cette curiosité pour le voyage, les autres cultures, elle l’a nourrie à travers la lecture. “Petite, elle a toujours eu une personnalité et un esprit qui étaient constamment en éveil”, se remémore son père, Pierre Léautey.

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© ZOI DRIMAROPOULOU

Ses parents étaient un peu sceptiques lorsqu’elle leur a annoncé ce projet de longue haleine : “Ça nous paraissait très long parce que c’est un engagement important. Mais on savait qu’elle s’entraînait dès qu’elle avait du temps, elle courait beaucoup. On connaît Marie et on sait que lorsqu’elle a un objectif, elle met tous les moyens disponibles pour l’atteindre”, explique son père.

Marie Léautey découvre la course à pied à 26 ans. Triathlon, marathon, courses… Elle devient vite totalement mordue. Pour se préparer à ce challenge, elle s’entraîne matin midi et soir.

“Je sais comment me préparer pour une course, mais là, c’est quelque chose de fou. Comment je vais pouvoir préparer mon corps ? Je me suis dit ‘à partir de maintenant, tous mes déplacements, je les fais en courant’”, explique la Rouennaise. “Je revenais du travail en courant, donc c’était l’équivalent d’un semi-marathon. Ajoutez à cela une journée de travail complète. Les journées étaient compliquées et fatigantes” ajoute Marie Léautey. Elle pratique aussi la proprioception durant sa préparation : une méthode qui consiste à corriger sa posture, sa foulée au ressenti et au visuel. Grâce à cela, elle apprend à courir en ressentant l’action des muscles et corrige ses appuis à chaque foulée. Un travail qui a payé puisque la Rouennaise s’est blessée seulement aux doigts durant son voyage.

Un accessoire de course pas comme les autres

Côté logistique, Marie Léautey a adopté un accessoire de course insolite pour transporter ses affaires : une poussette ! Cela peut paraître étrange, mais certain·es de ses prédécesseur·eures avaient déjà éprouvé cette technique : “Il y en a un qui avait une espèce de charrette aménagée et un autre, une sorte de poussette. J’ai fini par commander la mienne et je l’ai testée sur tous mes voyages. Elle passait partout, sur tous les sentiers, les montagnes, la route”, explique la Normande.

Pendant son voyage elle se rendra également compte que cet objet à roulette la protégera. Un véritable bouclier pour elle et un rempart contre les agresseurs : “La femme avec un enfant, ça représente une sorte de tabou universel. On ne peut pas y toucher ! J’ai eu l’intuition que c’était le cas dans mes cours de préparation en Australie, qui est quand même un grand continent dépeuplé. Lors d’un de ces marathons où j’étais vraiment au milieu de nulle part, une voiture s’est arrêtée et le type à l’intérieur m’a offert des sandwichs et des boissons pour moi et mon ‘nourrisson’.”

Une aventure aux accents de sororité

Au-delà de l’aspect sportif, le tour du monde de Marie Léautey est riche en rencontres. Tout au long de son voyage, elle reçoit beaucoup de soutien, notamment de la part des femmes. Trois rencontres, aux États-Unis, l’ont beaucoup marquée et bouleversée. Comme celle avec Pamela, une Américaine qui a perdu son fils dans un meurtre non résolu. “On s’est rencontrées sur la route lorsque je me dirigeais vers Fargo. Elle était au bord du désespoir : elle fêtait le premier anniversaire de la mort de son fils et elle avait pris la voiture. Elle m’a dit qu’elle attendait un signe, m’est tombée dans les bras en pleurs. Ensuite, elle m’a donné un petit tissu brodé avec les initiales de son fils, ses dates de naissance et de décès, et c’est à ce moment que j’ai compris que cela représentait la mémoire de son fils. Je me suis dit que j’allais emporter avec moi dans ce tour du monde extraordinaire un petit bout de cette mémoire et je pense que ça m’a tirée vers le haut”, raconte-t-elle. Marie Léautey fait aussi la connaissance de femmes qui la prendront sous son aile ou l’accueilleront comme si elle était leur propre fille.

Marie Léautey ne veut pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’elle projette de partir en Asie et en Afrique, les deux continents qui manquaient à son palmarès. “Ma soif d’aventure n’est pas complètement éteinte, pas du tout même ! Je planifie de faire ma traversée de l’Afrique en 2025.” Cours, Marie, cours.

Le Monde sous mes pieds, de Marie Léautey. Calmann-Lévy, 224 pages, 18,50 euros.

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