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Sur Cnews et Europe 1, on affirme que l’avortement est la pre­mière “cause de mor­ta­li­té dans le monde” en consi­dé­rant que les fœtus sont des per­sonnes tuées par des IVG

Dans En quête d’esprit, émission dominicale de commentaire religieux de l’actualité, les deux médias de Vincent Bolloré ont affirmé que l’avortement était la première cause de mortalité dans le monde”, assimilant ainsi les fœtus à des personnes et l’IVG à des meurtres.

“C’est gravissime. Et contraire à la loi.” Dans un post Instagram publié ce lundi, la militante féministe Rose Lamy, qui gère le compte @Préparez_vous_pour_la_bagarre, a invité les personnes qui la suivent à signaler à l’Arcom une séquence de l’émission En quête d’esprit diffusée dimanche sur CNews et Europe 1. Le gendarme de l’audiovisuel public est ainsi interpellé sur une infographie assimilant l’avortement à une cause de mortalité, diffusée dans cette émission d’obédience catholique qui, chaque dimanche, commente l’actualité à l’aune de la foi.

L’infographie est titrée “Les causes de la mortalité dans le monde”. Au premier rang d’entre elles est cité “l’avortement : 73 millions par an dans le monde”. Sont ensuite mentionnés “le cancer” et “le tabac” et une source : Worldometer. Autrement dit, En quête d’esprit fait l’amalgame entre l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et la mort de personnes, ce qui contrevient au droit, comme le rappelle Rose Lamy. En France, pour obtenir une personnalité juridique, les personnes doivent naître vivantes et viables. L’IVG ne peut donc pas être considérée comme une cause de décès.

Ce “manquement à l’honnêteté de l’information”, tel qu’épinglé par Rose Lamy, révèle le conservatisme religieux de l’émission construite en partenariat avec l’hebdomadaire France catholique, consacrée dimanche à la constitutionnalisation de l’IVG, alors que les sénateur·rices discutent du texte mercredi. Le présentateur d’En quête d’esprit, Aymeric Pourbaix, a introduit son sujet en qualifiant l’IVG tour à tour de “dogme républicain”, de “blessure de l’âme” ou encore de “drame qui ne saurait échapper à la sollicitude des Chrétiens”.

Un panel d'invitées sur la même ligne

Aymeric Pourbaix et sa coprésentatrice, la polémiste conservatrice Véronique Jacquier, avaient sélectionné des invitées qui ont chacune fait valoir un point de vue qui ne risquait pas d’apporter le contradictoire. La première est la journaliste Cecylia Rançon, autrice du documentaire Le Deuil caché pour KTO, chaîne télévisée catholique, qui fait entendre la voix des femmes pour qui l’avortement a été un drame. La seconde, Sylvie Lepetit, est autrice du livre-témoignage Le Deuil défendu, regarder en face la blessure de l’avortement. La troisième, Lucie Pacherie, est juriste au sein de la fondation Jérôme Lejeune, qui milite pour l’interdiction de l’avortement. Aucune femme en plateau pour dire, donc, que leur choix d’avorter ne les a pas déstabilisées ou fait souffrir. Au contraire, Aymeric Pourbaix a préféré rappeler les mots de Simone Veil qui, devant un parterre d’hommes dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale en 1975, a dû s’en tenir à la ligne que l’avortement “est toujours un drame” pour faire passer sa loi le légalisant.

Une émission tendancieuse, qui s’inscrit dans l’agenda ultra conservateur et d’extrême droite du patron de Cnews et d’Europe 1, le milliardaire Vincent Bolloré. Il y a deux semaines, le Conseil d’État a d’ailleurs enjoint à l’Arcom de mieux contrôler la chaîne du groupe Bolloré, en exigeant que le pluralisme politique englobe les interventions de l’ensemble des participant·es aux programmes diffusés et plus seulement les personnalités politiques. Avec cette séquence d’En quête d’esprit, l’Arcom va pouvoir commencer les travaux pratiques. Et la chaîne l'a bien compris : ce lundi, la journaliste Laurence Ferrari a profité du début de son émission Punchline pour présenter les excuses du média. "La chaîne Cnews présente ses excuses à ses téléspectateurs pour cette erreur qui n'aurait pas dû se produire" et "auprès de toutes les femmes", a-t-elle déclaré.

Lire aussi l Coup de semonce pour la chaîne CNews, qui va être davantage contrôlée sur demande du Conseil d'Etat

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