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© Coup de pédale contre les violences conjugales

Paris-​Montpellier à vélo : plus de 1 600 euros récol­tés par sept jeunes pour aider les vic­times de vio­lences conjugales

L’exploit sportif a été imaginé par deux associations de jeunesse pour financer le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) des Yvelines, qui apporte son soutien à des femmes battues par leur (ex)-conjoint.

Du 26 juillet au 1er août, sept jeunes de Mantes-la-Jolie (Yvelines) ont parcouru à vélo les 790 km qui séparent Paris de Montpellier (Hérault) dans le cadre de l’initiative « coup de pédale contre les violences conjugales ». Un projet élaboré par l’association Social Sport et Performance et financé par l’Ifep, une association de prévention spécialisée pour les 16-25 ans. À l’issue du road trip, plus de 1 600 euros ont été récoltés pour le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) des Yvelines et la cagnotte se poursuit jusqu’à fin novembre. Interview croisée avec les référents associatifs, Mounir Haddi, 26 ans, étudiant en Staps, et Mehdi Hahli, 32 ans, moniteur-éducateur, ainsi que deux participants de 21 ans, Mosshab Byade, étudiant en LEA Anglais-Espagnol, et Ilyass Parmentier, combattant en MMA.

Causette : D’où vous vient cet engagement contre les violences conjugales ? 
Mosshab Byade : Ça me tient à cœur parce qu’à travers les réseaux sociaux, on en parle énormément et pourtant, je vois très peu de personnes défendre cette cause par des initiatives comme celle-ci. J’ai un ami qui a été confronté à ça, qui a été victime, enfant, des violences intrafamiliales commises par son père. Ça m’a fait beaucoup de peine et c’est ce qui m’a motivé à faire ce périple. J’ai aussi le sentiment que les chaînes d’informations n’abordent pas assez les violences conjugales, dans leur traitement de l’actualité.
Mounir Haddi : Il n’y a malheureusement pas encore de femme au sein de Social Sport et Performance. Alors on s’est dit pourquoi ne pas organiser une opération pour une problématique qui touche les femmes. Cette réflexion est tombée avec l’actualité du deuxième confinement. Les signalements ont augmenté par rapport au premier. On a voulu sensibiliser les personnes, à commencer par notre entourage. Pour aller plus loin, on a décidé de faire un road trip à vélo, comme celui que j’avais réalisé en août 2020 avec un des cofondateurs de l’asso, Mossab El. M. Un Paris-Nice pour aider un orphelinat marocain, qui nous a permis de récolter plus de 2 200 euros. Concernant cette cagnotte à destination du CIDFF des Yvelines, on l’a prolongée jusqu’à une date importante pour notre cause : le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Mehdi Hahli : Je trouve qu’on n’en fait pas assez pour ça ; les confinements nous ont montré que ce n’était pas quelque chose de minime. C’est vraiment un problème qui a détruit de nombreuses familles. Quand Marlène Schiappa a retweeté notre projet, ça nous a convaincus de l’importance de notre action au niveau national.
Ilyass Parmentier : C’est un sujet grave qui a touché beaucoup de personnes, dont certains membres de ma famille et du groupe également. En parler est difficile sur les réseaux. C’est sensible, personnel et familial. La plupart du temps, les concernés eux-mêmes ont honte d’en parler. Ce n’est pas facile de se mettre à leur place pour comprendre, gérer et résoudre une telle situation. Et puis les gens ne s’intéressent pas forcément à ça. Alors, sensibiliser les autres par un projet sportif était une bonne alternative. Beaucoup de personnes m’ont contacté pendant le séjour pour m’expliquer leurs histoires.

Concrètement, en quoi a consisté votre projet ?
M. B., M. Haddi et M. Hahli et I. P. : « 7 jeunes, 7 jours, 7 étapes », c’est comme ça qu’on a décidé de résumer notre voyage. Les étapes correspondent à sept villes : Montargis, Nevers, Vichy, Clermont-Ferrand, Le Puy, Montélimar et Avignon. Chaque jour, lors de nos pauses, nous interpellions les personnes que nous rencontrions pour leur parler de notre projet et leur proposer de participer à la cagnotte, avec un objectif en tête de 150 euros par jour. Nous y allions un peu au feeling et ça a marché.
Pour ce qui est de la logistique, à chaque étape, nous dormions dans des auberges ou des hôtels que nous avions réservés en amont avant de repartir. Seule exception faite à Avignon, où le directeur de l’Ifep nous a accueillis chaleureusement. Avant de reprendre la route, on faisait des live Insta, le soir ou le matin, pour informer les internautes de notre avancée. Et on a essayé d’en profiter aussi pour faire des visites touristiques, mais c’était très rare par manque de temps, afin de finir le tour dans les temps.

Comment les personnes que vous rencontriez ont reçu votre initiative ?
M. B, M. Haddi et M. Hahli et I. P : Afin de rencontrer les gens durant notre virée, on s’est arrêtés principalement dans des villages un peu au hasard. Ce qu’on voulait, en tout cas, c’est trouver beaucoup de monde à qui parler. Beaucoup de personnes nous ont reconnus grâce à TikTok et nous demandaient comment participer à la cagnotte ou la partager. On a rencontré des jeunes, des personnes âgées et surtout des femmes. La force des réseaux a beaucoup joué sur les citoyens. Une jeune fille nous a dit : « Il y a deux jours, je vous ai vus sur Twitter et là, je vous rencontre en vrai. » C’était surprenant, mais très positif. Ça montre qu’on arrive à toucher du monde hors du cadre local.

« Physiquement, je pensais savoir à quoi m’attendre. Mais c’était quand même très très dur. Il a fallu se soutenir et se rappeler pourquoi on faisait ça »

Ilyass Parmentier

Que retenez-vous de votre périple d’un point de vue sportif ?
M. B. : Les deux premiers jours se sont bien passés, sans difficulté majeure. À partir des troisième et quatrième jours, les choses se sont corsées avec pas mal de montées. Mais c’est ce qui a permis de créer du soutien moral entre nous pour surmonter les autres étapes du road trip.
M. Haddi : Une vraie leçon de vie. On a eu un groupe solidaire, avec une énergie incroyable. Les jeunes ont fait preuve de détermination et de courage.
M. Hahli : Une expérience vraiment incroyable humainement. Voir des jeunes que j’ai choisis accepter la mission et exploser de joie en arrivant à Montpellier à 22 heures a été le plus beau moment.
I. P. : Physiquement, je pensais savoir à quoi m’attendre. Mais c’était quand même très très dur. Il a fallu se soutenir et se rappeler pourquoi on faisait ça.

Avez-vous déjà en tête une autre cause que vous aimeriez soutenir ?
M. B. : Les violences faites aux enfants sont quelque chose que je ne peux pas supporter, que je n’ai plus envie de voir. C’est pourquoi je serais prêt à m’engager pour un projet similaire, quitte à me surpasser encore et à dépasser les 790 km que j’ai parcourus avec mes compagnons.
M. Haddi : On verra sur le moment, mais l’idée de consacrer à nouveau mon énergie pour les enfants me tient beaucoup à cœur.
M. Hahli : Je travaille déjà sur le prochain projet de l’Ifep. L’idée serait d’aller à la découverte d’autres régions, mais aussi de s’intéresser au sport en vue des JO 2024. Mais nous n’en avons pas fini avec l’expérience de cet été : notre but c’est de raconter notre périple à travers un film en présence des élus locaux, des partenaires et de Marlène Schiappa, si possible, et de mettre en lumière des témoignages de victimes de violences conjugales.
I. P. : Lutter contre la pauvreté m’intéresse beaucoup. J’envisage d’ailleurs de rejoindre l’ACF – Au cœur de la fraternité –, une association qui aide les sans-abri à Mantes-la-Jolie, mais aussi à Paris.

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