L'art du sex­ting fri­pon avec @mercibeaucul et @amours_solitaires

Parce que sexter – qu'il faut comprendre comme l'échange de sextos – est une pratique courante qui requiert un chouïa de savoir-faire. Causette est allée à la rencontre de Léa, plus connue sous le pseudo « Merci beaucul » et Morgane qui tient les comptes « Amours_solitaires », pour décortiquer les bienséances du sexting.

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© Elizabeth Renstrom

Causette : Comment sexter dans les règles de l’art ?
Morgane Ortin : Le sexto est quelque chose que je pratique beaucoup : je trouve qu’on est dans le lieu même du fantasme parce que l’autre n’est pas là. Les mots ont un pouvoir de sublimation, on projette, on imagine... C’est un art qui n’a pas pris une ride : tout comme il existait jadis des lettres érotiques, passer aujourd’hui à une correspondance rapide a sublimé cet art de l’écriture érotique. Pouvoir répondre de manière spontanée crée du jeu, de la légèreté, de la répartie. Pour moi, le faux pas absolu, c’est la description trop précise de ce qu’on aimerait faire ou recevoir : stop aux discours trop anatomiques !
Léa : Le sexting est un outil qui fait partie à part entière de la sexualité, n’oublions pas que le sexe à travers un téléphone, ça reste du sexe ! Cela permet de poser les mots sur ce qu’on veut et de clarifier ce qu’on ne veut pas : le consentement est plus simple à l’écrit, il suffit de dire « ça ne me plaît pas, j’ai pas envie de parler de ça », ça apprend à poser ses limites. Mais aussi à développer sa créativité érotique et ses fantasmes. Il y a mille façons de sexter, tout est question de préférence : selon mes partenaires, je peux aimer qu’on aille droit au but ou, au contraire, ne pas aimer les termes trop crus. Moi, je le pratique plutôt avec des gens rencontrés sur des applis qu’avec des partenaires de longue date, car il y a moins d’enjeux et on ose davantage (à éviter toutefois avant de rencontrer la personne !). Quand les gens ne savent pas comment faire, je recommande de décrire ce qu’on a aimé avec son ou sa partenaire : « Quand tu m’as embrassé·e, ça m’a excité·e... » Ou ce qu’on a envie que l’autre nous fasse, ou ce que l’on veut lui faire. Ça apprend aussi à mieux communiquer : le sexting se fait de manière fluide, pas besoin de dire « j’ai envie de sexter », mieux vaut diriger la conversation et voir si l’autre personne est réactive. Il faut commencer de manière très basique et sans se forcer !

Pour ou contre l’émoji aubergine ?
Léa : 
Contre ! Ni la pêche ni l’aubergine. Je n’en utilise pas, hormis des yeux un peu coquins. Je préfère la ponctuation, comme les trois petits points...
M. O. : Ça m’arrive. Mes préférés sont la rose, la part de gâteau et... le pot de miel qui dégouline.

“Un nude, ça tombe bien dans la conversation, ça dévoile sans trop dévoiler”

Faut-il un moratoire sur la dickpic ?
Léa :
 Que le ou la partenaire le soit de longue date ou pas, on demande tou- jours avant d’en envoyer et on prend la température [d’autant qu’une dickpic non sollicitée est punie par la loi d’une amende de 750 euros, ndlr]. Il en va de même pour les nudes (selfis nus) : il faut prendre ça comme un acte sexuel. Je suis déjà tombée sur des gens qui insistaient beaucoup, en mode : « Mais allez, vas-y, réponds, envoie une photo. » J’aime autant faire des nudes qu’en recevoir, en revanche. Il faut bien constater que les photos masculines sont trop souvent des photos de teubs dégueulasses. Lors d’un sondage sur mon compte Instagram, 70 % des personnes ont répondu qu’elles n’avaient jamais reçu de beau nude de la part d’un homme. Ils disent qu’ils ne savent pas faire, mais nous, personne ne nous a appris, on a juste essayé ! Le nude est pourtant un excellent moyen de jouer avec la suggestion et la frustration et de se réapproprier son corps. Pour s’assurer d’être à l’aise, je recommande d’en faire d’abord pour soi-même avant d’en faire pour les autres. Si on ne sait pas comment procéder, on peut utiliser les jeux d’ombre et de lumière, les draps, les miroirs, la douche... Ne pas hésiter à montrer tout le corps, car on aime tout, les épaules comme le dos. Et surtout, mec, range ton appart : on n’a pas envie de voir tes toilettes ou ton caleçon sale. 
M. O. : Recevoir une dickpic est hyper désagréable et ça n’a rien à avoir avec un nude, pour moi. Un nude, ça tombe bien dans la conversation, ça dévoile sans trop dévoiler : c’est un art que les hommes maîtrisent très mal. Rien ne sert de s’exposer de manière trop frontale, il faut avoir une démarche de dévoilement et se concentrer sur des détails. Tout ne tourne pas autour de leur sexe, on n’en peut plus de leur pénis ! 

Le Secret. Le bruit du silence, de Morgane Ortin. Éd. Albin Michel, 2021.

Lire aussi I Avec Discultons, démystifiez le sexe en vous amusant

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