Si les mamans solos s’expriment souvent, on entend moins leurs enfants. Quels sont leurs ressentis, leurs joies ou leurs frustrations ? Une journaliste de Causette, elle-même enfant de foyer monoparental, s’est penchée sur la question.
J’ai grandi seule avec ma mère à l’orée des années 2000. Si je chéris mon enfance passée en solo avec elle, le quotidien n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. D’aussi loin que je m’en souvienne, la première fois que j’ai compris que ma famille ne ressemblait à aucune autre, j’avais 6 ans. Nous sommes en septembre 2000, je fais ma rentrée en CP dans une nouvelle école, à 300 kilomètres du lieu de ma naissance. Sur les documents scolaires à remplir, la case du père reste blanche. Pas de nom, pas de numéro de téléphone, pas de profession. Ce sera le cas pour toutes mes rentrées scolaires. Dans la famille Terrien, on trouve la mère, la fille, et puis c’est tout.
Mes parents se sont séparés avant ma naissance. J’ai connu mon père et s’il occupait plus ou moins une place dans ma vie, il avait choisi de ne pas me reconnaître. Il n’a jamais souhaité participer ni à mon éducation ni à la moindre dépense me concernant. Ma mère est ce qu’on appelle une « maman solo ». Comme bien d’autres avant moi, je fais partie d’une famille monoparentale.
Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), une famille monoparentale comprend un parent isolé et un·e ou plusieurs enfants. Elle peut être subie, dans le cadre d’une séparation ou lorsqu’un des parents meurt. Elle peut aussi être choisie. Ce fut le cas pour ma mère mais c’est aussi celui des femmes qui ont décidé de faire un·e enfant seule, ce qui est autorisé en France depuis la loi bioéthique[…]