shutterstock 94675978
© Shutterstock

Le sport, c’est que pour les garçons ?

Une question de môme embarrassante ? Des éléments de réponse à destination des parents et… de leurs marmots.

lARDONS 106

1. Les filles au vestiaire

Mon petit, il faut bien se rendre à l’évidence : globalement, les filles font moins de sport que les garçons. L’an dernier, lors de sa grande consultation annuelle auprès des 6-18 ans, l’Unicef l’avait d’ailleurs pointé : « Toutes les études menées dans le domaine de la fréquentation des clubs sportifs montrent un ratio de 30 % de licenciées filles pour 70 % de licenciés garçons entre 6 et 18 ans. » Hors des clubs, la tendance est la même. Et c’est au moment de l’adolescence que l’écart se creuse le plus. « En 2002, si 68 % des filles faisaient du sport à l’âge de 12 ans, elles n’étaient plus que 52 % à 17 ans. […] Hormis certains sports où elles sont très majoritaires, comme l’équitation ou la danse, on observe donc un “décrochage” des filles en termes de pratique sportive, mais aussi de fréquence et d’intensité, dès la fin du collège », alertait le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, dans un rapport publié en 2014. Pas très réjouissant, hein ?

2. Un bastion masculin

Si les filles désertent les terrains de sport, ce n’est pas, comme on l’entend souvent, parce qu’elles seraient « nulles ». Dans son rapport, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective le dit clairement : s’il y a un tel écart entre les pratiques sportives des filles et des garçons, c’est avant tout parce que « le sport constitue probablement l’activité de loisir où les stéréotypes de genre sont les plus présents ». Hé oui ! Longtemps réservé aux garçons, le sport reste encore perçu comme un « truc de mecs » – en particulier les sports d’équipe, de combat ou la compétition. C’est pour ça, par exemple, que les familles les plus modestes vont privilégier l’activité sportive des garçons plutôt que celle des filles – dans les milieux populaires, elles sont 15 % de moins à pratiquer un sport que la moyenne. Et c’est aussi pour ça que, dans les clubs sportifs, « on préférera créer une section masculine plutôt que féminine », observe l’Unicef. Restent alors les terrains de sport publics qui, eux, sont ouverts à tous et à toutes. Du moins, en théorie…

3. Les garçons dans la place

Comme toi, plusieurs chercheur·euses ont constaté que les filles se faisaient bien rares dans ces espaces sportifs. En 2012, le géographe Yves Raibaud a publié une enquête dans laquelle il a tenté d’évaluer ce phénomène. Et le résultat est sans appel : dans -l’agglomération de Bordeaux (Gironde), les garçons représentent 95 % des utilisateurs des skateparks et 100 % des usagers des stades urbains – où l’on joue au foot 80 % du temps. Sur le papier, pourtant, ces équipements sont censés profiter à tous et à toutes. Mais en réalité, ils sont accaparés par les garçons, qui bénéficient de facto de 75 % des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes. Un phénomène que l’anthropologue Pascale Legué a également observé… dans les jardins d’enfants. « Souvent, on crée des espaces où les enfants peuvent jouer au ballon. Mais, de fait, ce sont les garçons qui en profitent. Et les filles attendent », explique-t-elle. Comme dans les cours de récré où trône généralement un terrain de foot… occupé, là aussi, par des garçons. Pendant ce temps-là, les filles (et les garçons les moins sportifs) se retrouvent relégué·es en périphérie. Et chacun·e apprend ainsi, dès la plus tendre enfance, où est censée être sa place.

4. Passer son chemin 

Tu sais, tu n’es pas la seule à être intimidée à l’idée de devoir te frayer une place sur un terrain où les garçons règnent en maîtres. Le géographe Yves Raibaud l’a montré dans ses travaux : « Ces équipements sportifs d’accès libre mis à disposition des jeunes (en réalité des jeunes garçons) ont pour but avoué de canaliser la violence des jeunes dans des activités positives. Ils semblent fonctionner souvent, à contre-emploi, comme des “écoles de garçons”, produisant l’agressivité et la violence qu’ils sont censés combattre. » Pas vraiment les bienvenues, les filles, habituées à rester au bord du terrain, apprennent donc à passer leur chemin. « La pratique sportive libre valide l’appropriation de l’espace public par les garçons (et, à l’âge adulte, par les hommes) », confirme le Commissariat général à la stratégie et à la prospective. Et c’est évidemment un problème.

5. Exit le foot à la récré 

La bonne nouvelle, c’est que certain·es tentent aujourd’hui de renverser la vapeur. Comme cette école primaire d’Hérouville-Saint-Clair (Calvados) qui a choisi, en 2017, d’en finir avec le « tout foot » à la récré et propose à la place d’autres activités ludiques. L’année suivante, c’est la mairie de Trappes (Yvelines) qui a décidé de revoir l’organisation des cours des trente-six écoles de la ville, où espaces verts et nouveaux jeux remplacent progressivement les terrains de sport, désormais relégués à la marge. Un changement de cap dans lequel s’est à son tour engagée la ville de Rennes (Ille-et-Vilaine). À qui le tour ? 

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.