Dis, com­ment on fait les bébés ?

Une question de môme embarrassante ? Des éléments de réponse, à destination des parents et… de leurs marmots.

101 Maume

1 - Pas d’âge pour être curieux·se

Mon petit, je te rassure : il n’y a rien de mal à poser des questions sur la sexualité, l’amour, l’intimité… Ce sont des choses qui font partie de la vie et c’est bien normal de vouloir comprendre comment ça marche. Il y a même des gens dont le métier consiste à discuter de ça avec les enfants. Comme Maëlle Challan Belval, directrice de l’institut Comitys, qui intervient dans les écoles lors de séances d’éducation à la vie affective et sexuelle. À chaque fois qu’elle arrive dans une classe, « les enfants sont à la fois intimidés, intrigués et hyper curieux. Quand ils comprennent ce qui va faire l’objet de la séance, ils ont des questions à n’en plus finir ! » raconte-t-elle. En fait, les petits qu’elle rencontre se sentent souvent bien seuls face à ces sujets : « Ils disent qu’ils aimeraient pouvoir en discuter avec leurs parents et, parfois, ils me demandent : “Comment je pourrais en parler avec eux ?” » Exactement comme toi !

2 - L’éducation sexuelle, c’est tout frais

Tu sais, le fait que les enfants puissent parler d’amour et de sexualité avec des adultes, c’est assez nouveau. N’oublie pas que, pendant très longtemps, ils n’avaient même pas le droit de parler à table ou de poser des questions. Alors leurs questionnements intimes, tu imagines… D’ailleurs, en France, le terme d’« éducation sexuelle » (c’est comme ça qu’en parlent les adultes) n’est apparu qu’au début du XXe siècle. Il a fallu attendre 1974 pour que « l’information à la sexualité » entre à l’école, mais de manière facultative. Et ce n’est qu’en 2001 que « l’éducation à la vie affective et sexuelle » est devenue obligatoire : pour répondre aux questions des enfants et des ados sur leur corps, l’amour, la sexualité, les relations filles-garçons, le respect… Même si, en réalité, la loi n’est pas vraiment appliquée : en 2016, 25 % des écoles primaires n’avaient toujours rien mis en place, et rares sont les élèves qui ont leurs trois séances annuelles du CP à la terminale. 

3 - Les parents à poil

Si la plupart des adultes sont mal à l’aise pour discuter de ça avec les enfants, ce n’est pas parce que c’est mal ou qu’ils s’en fichent. « C’est parce qu’on ne leur en a pas parlé quand ils étaient plus jeunes. Quand on n’a jamais (ou presque) entendu de réponses sur ces sujets, on ne sait pas comment dire les choses », explique Maëlle Challan Belval. Tu sais, ces sujets touchent à des choses très intimes. Et comme tes parents n’ont pas de modèle sur lequel s’appuyer, ils préfèrent botter en touche, « par peur d’être maladroits ou d’avoir à témoigner de leur propre vie intime… », observe-t-elle. C’est aussi ce qu’avaient constaté des chercheuses canadiennes en 2002. À l’époque, elles avaient interrogé plus de quatre mille parents : 94 % estimaient qu’ils avaient, avec l’école, un rôle à jouer dans l’éducation à la sexualité… mais la plupart n’avaient jamais abordé ces questions en détail (seuls 13 % avaient vraiment évoqué la notion de plaisir sexuel avec leurs ados !). 

4 - Un tabou très humain

Entre nous, tous les parents redoutent ces questions. « Parce qu’il y a un décalage entre ce qu’eux et leurs enfants ont en tête : ces derniers ont des curiosités très concrètes, alors que pour les adultes, ça a une connotation érotique. La difficulté, pour eux, c’est de répondre sans transmettre aux enfants cette connotation érotique qui ne serait pas de leur âge », explique le pédopsychiatre Michaël Larrar. Tu sais, la sexualité, c’est un apprentissage qui se fait au fil du temps. Et c’est aussi un sujet autour duquel il y a un tabou quasi universel très fort, surtout entre parents et enfants. « On ne veut pas se représenter la sexualité de nos enfants et on ne veut pas que des enfants se représentent notre sexualité. C’est un tabou qui est naturel, sain, et qui fait qu’en tant qu’adulte, on va mettre un filtre dans ce qu’on dit », poursuit-il. En fait, quand tes parents prennent du temps pour te répondre, ils te transmettent déjà un message. « En voyant leur gêne, l’enfant comprend qu’il va y avoir une pudeur à mettre, qu’il y a des gens avec qui on peut en parler, d’autres pas, certains avec qui on peut dire des mots plus crus que d’autres… Finalement, on transmet de façon honnête que ce sont des questionnements complexes », analyse le pédopsychiatre. Et c’est justement parce que ce sont des questions importantes qu’on a besoin d’avoir des adultes bienveillants pour nous donner des repères. Que ce soient tes parents ou pas ! 

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© Lux-in-fine/Leemage
Pour aller plus loin 

• C’est ta vie ! L’encyclopédie qui parle d’amitié, d’amour et de sexe aux enfants, de Thierry Lenain. Éd. Oskar, 2013.
• Ma sexualité de 6 à 9 ans, de Jocelyne Robert. Les Éditions
de l’homme, 2016. Existe aussi une version pour les 0-6 ans et les 9-11 ans.
• Osez en parler ! Savoir parler d’amour et de sexualité avec ses enfants, de Maëlle Challan Belval. Interéditions, 2019.

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