L’Agence de biomédecine, rattachée au ministère de la Santé, lance une grande campagne de mobilisation autour du don de moelle osseuse. Objectif : recruter des hommes jeunes, les plus à même de pouvoir sauver une vie grâce à leur geste.
Vu de loin, les chiffres des nouveaux·elles inscrit·es au registre français des donneur·euses de moelle osseuse sont plutôt bons. Malgré la crise sanitaire qui a entraîné l’interruption des pré-inscriptions pendant quatre mois, 16 331 personnes se sont tout de même engagées à faire don de leur moelle osseuse en 2020 si un·e patient·e compatible en a besoin. Mais à y regarder de plus près, il y a un hic : parmi ces volontaires, seuls 31% sont des hommes, et c’est pourtant là le profil le plus recherché via la nouvelle campagne de recrutement, lancée lundi 22 mars.
« Notre cible prioritaire de nouveaux donneurs, ce sont les jeunes hommes, de 18 à 35 ans, détaille Hélène Duguet, à la communication de l’Agence de biomédecine. D’une part, plus les personnes sont jeunes, plus la moelle est riche en cellules. D’autre part, il y a une spécificité du don de moelle osseuse qui demande un niveau bas d’anticorps pour faciliter la prise de greffe. Or, le corps d'une femme enceinte en produit en grande quantité, et ces anticorps restent longtemps dans l'organisme même lorsqu'elle ne l'est plus. Les femmes sont donc globalement de moins bonnes candidates au don de greffe. Lorsque les médecins greffeurs ont le choix, ils préfèrent donc un donneur masculin. »
Le déséquilibre de genre concernant le don de moelle osseuse est particulièrement élevé, contrairement par exemple au don du sang, pour lequel 52,6% des donneur·euses sont des femmes (ce qui est légèrement plus élevé que la répartition démographique femmes-hommes en âge de donner son sang, de 18 à 70 ans). Les raisons ? « Elles sont toujours difficiles à cerner, reprend Hélène Duguet, mais que le don soit réalisé du vivant ou de la mort de la personne, les femmes répondent plus présentes que les hommes. Ces derniers sont plus réticents et craignent d’avoir mal lors du prélèvement de moelle osseuse, souvent par confusion avec la moelle épinière. D’autre part, beaucoup de greffes concernent des patients enfants et c’est vrai qu’encore aujourd’hui, d’une manière générale, les femmes sont plus sensibles que les hommes au fait que ce soit des enfants qui soient dans le besoin. » Enfin, il faut ajouter au tableau tout ce que la sociologie a pu dépeindre autour des femmes élevées pour se préoccuper d’autrui et prendre soin des autres (une preuve concrète résidant dans le fait qu’elles sont largement majoritaires dans les métiers dits du « care ») pour comprendre le manque de jeunes et vigoureux jeunes hommes volontaires pour passer quatre heures à l’hôpital pour se faire ponctionner sa moelle par prise de sang.
80% des dons se font par simple prélèvement sanguin
Face à ces réticences, l’Agence de biomédecine a donc lancé lundi 22 mars une campagne de sensibilisation pour trouver 20 000 nouveaux·elles jeunes donneur·euses, et surtout des garçons. Jusqu’en septembre, l’institution rattachée au ministère de la Santé entend mobiliser les réseaux sociaux sous le hashtag #Les20000, grâce à un spot publicitaire et des influenceur·euses. L’occasion de tordre le cou aux idées reçues sur les dons de moelle osseuse, puisqu’aujourd’hui, 80% d’entre eux se font donc par simple prélèvement sanguin, comme pour un don de sang ou de plaquettes. Seuls 20% nécessitent une opération sous anesthésie générale pour ponctionner directement dans l’os du bassin.
Dans la pratique, une fois que vous vous êtes porté·e volontaire sur ce site, vous êtes enregistré·e dans un fichier accessible par des hôpitaux à l’international et serez contacté·e en cas de grande compatibilité avec un·e patient·e (souffrant de leucémie ou d’une grave maladie du sang). Et Hélène Huguet de marteler à l’adresse des douillets : « Ce qu’il faut vraiment faire comprendre, c’est que cela ne fait pas mal ! »