La série Pam & Tommy, lancée sur Disney Plus le 2 février, raconte l’histoire du sulfureux couple Pamela Anderson-Tommy Lee dans les années 90, et surtout de la « sex tape » qui a défrayé la chronique. Mais sans son accord, l’effort pour réhabiliter le personnage Pamela Anderson est vain.
Sexe, drogue et rock’n’roll font toujours autant vendre à Hollywood. Ce sont les ingrédients magiques de la série Pam & Tommy, qui relate l’histoire d’amour entre Pamela Anderson, la mythique bimbo d’Alerte à Malibu, et Tommy Lee, le « bad boy » batteur du groupe de heavy metal Mötley Crüe. Et le premier cas de « sex tape » virale grand public des années 90.
L’histoire commence à l’été 1995, dans la propriété de Tommy Lee sur les hauteurs de Malibu, en Californie. Le menuisier Rand Gauthier, au look terriblement 90’s – jean délavé large et coiffure mulet – interprété par Seth Rogen, doit subir les élucubrations de son client, joué par Sebastian Stan. Après des ébats très bruyants avec sa nouvelle femme Pamela Anderson, ce dernier malmène ses ouvriers et, lorsqu’ils réclament d’être payés, les vire sans les payer. L’histoire bascule quelques jours plus tard, lorsque Rand Gauthier vient récupérer ses outils et est menacé par l’arme de son ex-patron. Humilié, le menuisier va peaufiner sa vengeance, et voler le coffre-fort du couple. Il y découvre par hasard la fameuse « sex tape » de Tommy et Pamela, qu’il décide de vendre sur Internet.
Dans l'intimité de Pamela
De son côté, Pamela Anderson est jouée par une Lily James méconnaissable, qui a subi quatre heures de transformation quotidienne, y compris de généreux faux implants. L’actrice est fascinante dans ce personnage, elle oscille entre la beauté plantureuse peu vêtue qui fait baver tous les hommes, et la personnalité gentille mais aussi ambitieuse qu’elle dévoile dans l’intimité. Celle d’une femme qui a désespérément envie de montrer sa vraie valeur au monde.
Les premiers épisodes, qui nous replongent dans l’ambiance des fêtes déjantées de l’époque, montrent une Pamela Anderson profondément amoureuse, consacrée corps et âme au couple sauvage, rock et attendrissant qu’elle forme avec Tommy Lee. Lorsqu’elle apprend que son monologue dans Alerte à Malibu a été supprimé au profit d’une scène où elle court vers la mer, c’est son mari qui l’incite à taper du poing sur la table. Comme nombre d’entre nous, elle ne sait pas dire non, et n’a appris l’épanouissement que par l’approbation des hommes. Dans un extrait d’interview, lorsqu’une journaliste lui demande si elle a l’impression de devoir plaire, elle répond d’un sourire : « C’est tout ce que je fais. »
Revenge porn et double standard
À cette époque, Pamela Anderson a décroché son premier film, Barbwire, et n’a qu’un seul désir : fonder une famille. À la plus grande joie du couple, elle tombe enceinte. C’est au moment où tout semble lui sourire que sort la « sex tape », qui provoque bien sûr un déferlement médiatique. Avant même le scandale public, elle l’a compris : elle ne sera jamais plus qu’un modèle Playboy, tandis que Tommy Lee sera vu comme un dieu du sexe.
Et c'est ce qui s'est passé. La série s'emploie à dénoncer le traitement totalement misogyne de la presse tabloïd de l'époque : Tommy Lee révéré pour la taille de son engin, Pamela Anderson traitée comme la dernière des traînées, qui ne cherche que l’attention. Devant les caméras, elle tente de prendre la chose avec légèreté, ce qui la rend d’autant plus coupable aux yeux du public. Plus de 20 ans avant MeToo, le double standard entre les deux protagonistes de cette vidéo intime est déjà une injustice criante - d'autant que l'acte de revenge porn ciblait Tommy Lee et pas sa partenaire.
Pamela Anderson meurtrie par cette série
Pourtant le scénariste de Pam & Tommy, Robert Siegel, l’affirme : Pamela Anderson est le personnage central de la série. L’ambition était de réhabiliter une femme qui a été sous-estimée, objectivée et abusée par des millions de personnes. Le problème est que cette dernière n’a pas donné son accord à cette série et que les faits sont racontés via le prisme d’autres personnes. Selon ses proches, elle s’est même sentie à nouveau « violée » par l’exploitation de cet épisode de son histoire personnelle.
C’est finalement toute la tragédie de cette adaptation, qui exploite le sulfureux passé de Pamela Anderson sous couvert de la défendre. Une fois de plus, la femme de 54 ans n’a pas de voix dans sa propre histoire, encore une fois racontée par des hommes (même si plusieurs femmes réalisent des épisodes), et dont le succès tient à son nom. Comme une histoire qui se répète.
