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"Ultimatum: Queer love" - Netflix © 2023

On a vu "Ultimatum : Queer love" : Netflix à l’heure drama-gouine

La télé-réalité de dating Ultimatum se consacre cette saison aux amours saphiques, aux États-Unis : on fait le bilan calmement.

Après avoir mis en scène, y compris en France, des couples hétérosexuels sur la sellette, Ultimatum accueille cette saison des femmes lesbiennes, toujours selon le principe qui a fait son succès : dans chaque couple, l’un·e des partenaires souhaite ardemment se marier tandis que l’autre hésite. Les participant.es vont alors échanger leur conjoint·e pendant trois semaines puis se décider, à l’issue de la saison, pour le mariage ou la rupture. Au menu : chaos, coucheries, tromperies et triangles amoureux à gogo. Et, toujours, l’idée selon laquelle il est admis de pressuriser l’être aimé pour arriver à ses fins.  

Si les lesbiennes dans la télé-réalité se comptent encore sur les doigts de la main, de Koh Lanta à Top Chef, elles font aussi figure d’exception dans les émissions de « dating », comme Princess Charming (RTL Deutschland). En raison de sa rareté, l’émission a donc suscité l’adhésion d’une partie de la presse spécialisée outre-Atlantique et a été largement suivie par les sites queer comme Autostraddle ou Them, conquis par les trajectoires amoureuses des protagonistes, Mal, Roxy ou encore Xander. Ultimatum : Queer love donne en effet à voir un large spectre d’identités et d’orientations au sein de la communauté LGBTQIA+ : lesbiennes féminines et masculines aux morphologies variées, pansexualité, personnes racisées et non-binaires. Certain·es partenaires font également preuve d’une sororité et d’une adelphité rarement vues dans ce type de programme formaté. Surtout, le show apparait débarrassé de la masculinité toxique et des violences sexuelles qui gangrènent traditionnellement de nombreuses télé-réalités, comme le rappelait dans son essai éclairant l’autrice Valérie Rey-Robert. L’émission se garde toutefois d’idéaliser à outrance les romances lesbiennes, celles-ci n’étant pas dénuées de rapports de domination, comme en attestent certains épisodes (no spoiler, promis).

Sororité et normes conjugales

Les couples lesbiens font-ils mieux que les hétéros ? Oui… et non. Sommé·es de composer avec une logistique complexe et des discriminations à la pelle, les protagonistes n’ont d’autre choix que de proposer ici un modèle familial alternatif -tant mieux. Néanmoins, lorsqu’il s’agit de réinventer le couple ou d’interroger la monogamie, les conjoint·es sont limité·es par le cadre normatif imposé par la production : soit le combo cohabitation, fiançailles et mariage avec progéniture à la clé. Cette saison d’Ultimatum s’inscrit dans la stratégie de Netflix pour capitaliser sur des publics de niche, ce qui n’empêche pas le diffuseur d’égrener les clichés sur les couples lesbiens qui emménageraient ensemble au bout de trois jours ou consacreraient leurs soirées à d’interminables discussions lacrymales.

L’émission, rapidement transformée en pugilat n’échappe pas non plus aux écueils du genre, qui font le bonheur des télé-spectateur·rices : dramatisation outrancière de conflits artificiellement mis en scène, ébats captés dans le noir, images « volées »… Autre bémol, de taille : la plateforme a été étrillée pour avoir donné la parole et invité, lors du dernier épisode tourné en plateau, l’une des protagonistes, arrêtée pour violences conjugales à l’encontre d’une autre des participantes. Une omission gênante qui met en lumière l’invisibilité des violences conjugales au sein des couples de même sexe.

Ultimatum : Queer love, sur Netflix, disponible.

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