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On a vu Madonna à l’Accor Arena et la reine de la pop en a encore sous la pédale

Quarante ans de carrière résumés en un peu plus de deux heures de show. C’est le pari de la reine de la pop Madonna, que l’on a vue pour son deuxième soir à l’Accor Arena. Professionnelle, drôle et humaine, la chanteuse de 65 ans fend l’armure.

Quand on entre dans la salle de l’Accor Arena, ce lundi 13 novembre, on ne voit qu’elle. En body noir et bas résille, un verre de vin rouge à la main, elle flotte au milieu de la scène, un halo au-dessus d’elle, tel un ange, et un voile sur la tête, telle la vierge Marie. Une figure religieuse ? Presque... Sur une immense toile blanche est projetée une photographie légèrement distordue de Madonna, évidemment, maîtresse de la provocation depuis quarante ans. L’artiste vient célébrer sa longue carrière lors de quatre soirées à Paris, glissées dans une grande tournée mondiale de près de quatre-vingts dates. Mais celle qui a longtemps dominé le monde de la musique – on ne la qualifie pas de “reine de la pop” pour rien –, avec toujours un temps d’avance, semble avoir couru après les hits et le succès ces dernières années. Plus à la page la Madonne ? Encore capable de chanter et d’exécuter ses chorégraphies léchées ? De créer l’événement ? Les questions se bousculent. Et son état de santé n’a rien arrangé à l’affaire. Cet été, la chanteuse de 65 ans a été hospitalisée plusieurs jours en raison d’une grave infection bactérienne, l’obligeant à reporter la partie américaine de sa tournée. Remise sur pied, selon ses dires et ses photographies postées sur Instagram, on attend tout de même de la voir en chair et en os avant de se sentir soulagé.

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Avant son entrée sur scène, le DJ anglais Stuart Price essaie de faire monter la pression en remixant des tubes de la popstar. Mais cette heure d’immersion en boîte de nuit ne convainc pas vraiment le public autour de nous, une partie restant assise. "Il faut garder des forces", lance une spectatrice à son ami. Car on ne sait pas vraiment quand Madonna arrivera. Sa spécialité ? Le retard. Par mail, l’Accor Arena nous prévient : elle doit débuter son show entre 21 heures et 21 h 30. À 21 h 48, la toile au milieu de la scène disparaît, les lumières s’éteignent et l’artiste américaine Bob the Drag Queen apparaît. Grimée en Marie-Antoinette, en clin d’œil à un costume passé de la Madonne, elle lance, officiellement, ce Celebration Tour. "Ce n’est pas juste un concert, c’est une célébration", annonce-t-elle, alors que défilent sur de nombreux écrans des images et vidéos de la carrière de la chanteuse. Dans une grande robe noire bouffante, un cerceau argenté autour de la tête, la voilà enfin. Madonna ouvre le show avec Nothing Really Matters, issue de son septième album studio Ray of Light, considéré comme son disque de la maturité. Une ambiance mystique se dégage du tableau, signé du collectif de danseur·euses français·es (La) Horde. La voix est là. L’aura de la reine de la pop aussi. Elle ne danse pas encore, mais ça ne saurait tarder : les notes d'Into The Groove, l’un de ses premiers tubes, retentissent. Entourée d’une quinzaine de danseur·euses (et de zéro musicien·ne), elle déborde d’énergie face à ses fans qui se déchaînent sur cette chanson délicieusement rétro et ose quelques pas de danse. Maîtrisés, mais brefs. Elle prend ensuite la parole pour se raconter et se souvenir de ses débuts, avec franchise et drôlerie, entre deux blagues sexuelles, avant de prendre elle-même sa carrière entre ses mains. Du pur Madonna.

Cette légende qu’elle raconte, on la voit prendre forme sous nos yeux à travers la vingtaine de chansons qu’elle interprète, des tubes savamment sélectionnés, reflets de son évolution musicale mais surtout de ses audaces artistiques. On danse avec insouciance sur Holiday, pleure sur Live to Tell, accompagné d’un très beau tableau rendant hommage à ses amis homos morts du sida, frissonne sur Erotica, chante à tue-tête sur Hung up. À chaque fois, Madonna arbore une tenue différente, retrouvant les personnages qu’elle a incarnés tout au long de sa carrière. Danseuse bohème, religieuse désabusée, Marylin sensuelle, cow-girl survoltée... Il faut reconnaître, au fur et à mesure des morceaux, qu’elle n’a plus la même dextérité dans ses pas de danse, que sa voix semble parfois un peu trop se mêler à la bande enregistrée. Mais Madonna fait preuve d’un professionnalisme à toute épreuve. Et, contre toute attente, d’une vraie chaleur, loin de son image de froide icône. Comme lorsqu’elle fait monter sur scène l’artiste français JR pour noter avec elle ses (excellent·es) danseur·euses, à la manière d’un ball, ces soirées issues de la communauté queer afro-américaine, où se mêlent danse et performances artistiques. Ou comme lorsque ses enfants montent sur scène avec elle pour jouer d’un instrument ou performer, et qu’une fierté sincère se lit dans ses yeux. Ou encore, lorsqu’elle n’oublie pas, en ce 13 novembre, de rendre hommage aux morts des attentats de 2015, en chantant, juste avec sa guitare, I Will Survive, de Gloria Gaynor.

Bref, on n’a sûrement pas vu Madonna au sommet de sa technique, comme lors de son Blond Ambition Tour ou de son Re-Invention Tour. Mais on a pu observer une popstar enjouée toujours en forme (plus de deux heures de show), en quête d’expérimentation, et qui sait exactement quoi donner, à quel moment et à quelle dose. Les jeunes prétendantes qui en auraient après son titre ont encore beaucoup à apprendre.

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