La sélec­tion d'avril 2019

99 RY X COLOR © DR
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Unfurl, de RY X

Après Dawn, paru en 2016, qui avait déjà placé le curseur très haut, Unfurl, deuxième album de RY X, vient confirmer la beauté singulière de son univers musical. Autour d’instruments acoustiques, piano ou guitare, les treize chansons, qu’il a majoritairement composées lors d’un voyage autour du monde entrepris à 17 ans, développent tout leur charme dans de subtils arrangements électroniques.
Les treize titres de ce jeune homme élevé en Angourie, une communauté côtière de l’est de l’Australie, sont des petites mélodies pop nichées quelque part au cœur d’un espace immense, dans lequel chaque recoin est d’une pureté cristalline.
On est happé par les arrangements lumineux que RY X a sculptés dans son home studio californien, à Topanga Canyon, où il s’est installé depuis quelques années. Le paysage sonore, d’une sensualité implacable, se révèle merveilleusement intimiste. Unfurl est l’album d’un personnage solitaire à écouter seul au monde. C.K.

Liberator Music/Sony BMG.

Eton Alive, de Sleaford Mods

Sleaford Mods, duo de quadras originaires de Nottingham, livre depuis 2012 des disques qui sont de véritables brûlots politiques. Leur cible ? Nos élites coupables d’avoir mis en place, avec cynisme et égoïsme, une machine à broyer les plus faibles. Sur des arrangements musicaux minimalistes d’Andrew Fearn, les textes de Jason Williamson, déclamés avec un accent cockney à couper au couteau, dévoilent toute leur puissance. Acérés, graves, avec colère ou un humour corrosif, ils décrivent le quotidien des classes moyennes. Eton Alive est leur cinquième album. Le premier sur leur propre label. Il permet d’apprécier l’évolution de leur travail vers une mise en forme plus mélodique qui rend leur univers plus abordable. Mais pas moins percutant. Humain, sans filtre et cash comme un film de Ken Loach, c’est un disque punk au sens littéral. La bande-son ­instantanée de la rue. C. K.

Extrem Eating/Differ Ant.

L’EP d’Oré, de Oré

Elle s’amuse avec les sons comme une gamine avec ses Lego, Oré. Elle vous emboîte des bips électro­niques avec des dentelles de cuivres, des morceaux de percussions et vous coiffe tout ça d’une ­mélodie bien ronde, que vous fredonnerez toute la journée. Côté parole aussi, la rappeuse s’amuse. Du haut débit pour des textes joyeux et engagés (comme 1000g, référence à l’expérience de Milgram). Dans cet EP, les titres ­s’enchaînent, même parfum pop-rap, mais ambiances différentes. Humour caustique pour Agence matrimoniale, ritournelle grinçante pour Vacances, qui mitraille gaiement le capitalisme et ses diktats. Bref, Oré parle d’or ! On se dépêche de faire ce jeu de mots vaseux sur son nom avant que toute la sphère musicale s’y colle, ce qui, vu son talent, ne va pas tarder. I.M.

Sur toutes les plateformes.

Blood Siren, de Sarah McCoy

Il est des voix qui vous transpercent dès la première écoute, Sarah McCoy est de celles-là. Pour qui ne l’a pas encore entendue chanter, on pourrait ­évoquer Nina Simone ou Amy Winehouse s’accompagnant au piano à la manière d’un Eric Satie jouant du blues. Comme un volcan qui pourrait exploser d’une minute à l’autre, elle chante ses blessures avec une émotion tout en finesse et nous embarque dans un spleen splendide. Après des scènes intenses où son exubérance fardée a fait des étincelles, elle ose, sur ce premier album, la délicatesse et l’élégance. Sur des tempos souvent lents, on entend aussi en arrière-plan des textures évoquant l’eau ou le vent, les craquements de son siège de pianiste et des matières non musicales qui colorent sa musique d’une nostalgie futuriste. Un choc à ne pas manquer. E.H.

Blue Note.

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