Pour marquer les un an de la mort de la jeune Mahsa Amini, survenue le 16 septembre 2022, et les soulèvements qui ont suivi, la dessinatrice et cinéaste de Persepolis, Marjane Satrapi, coordonne une bande-dessinée choc en soutien au peuple iranien, Femme, vie, liberté, d’après le slogan adopté par les résistant·es.
Un ouvrage, somptueux, à double vocation, selon l’artiste d’origine iranienne. D’abord, une visée pédagogique, puisqu’il s’agit de “décrypter les événements dans leur complexité”, indique Marjane Satrapi dans une note d’édition. Ensuite, un message adressé à ses compatriotes : “Donner un signe aux Iraniens pour leur rappeler qu’ils ne sont pas seuls.” Une version en persan est d’ailleurs disponible sur Internet.
Les textes ont été composés par trois experts : le professeur Abbas Malekzadeh Milani, le politologue Farid Vahid et le journaliste Jean-Pierre Perrin. Vingt artistes ont été sollicité·es pour l’occasion : certain·es bien connu·es chez nous, comme Johann Sfar, Catel ou encore Coco. Et d’autres d’origine iranienne comme Bahareh Akrami ou Shabnam Adiban, qui dessinent à leurs risques et périls.
Certains chapitres sont consacrés au sort des collégiennes empoisonnées au gaz toxique, à la situation des étudiant·es révolté·es dans les universités ou encore au quotidien inhumain des détenu·es dans la redoutable prison d’Evin. Les Gardiens de la révolution, les forces paramilitaires chargées de réprimer toute résistance y sont décrits avec humour et lassitude comme des “gros bâtards de merde”.
Une “opération commando” montée par les Éditions L’Iconoclaste, avec Marjane Satrapi, qui “piaffait” depuis plusieurs mois et a accepté avec enthousiasme de concevoir ce livre “dans l’urgence et la passion, la colère, la fraternité”, confie-t-elle au Monde.
Femme, vie, liberté, coordonné par Marjane Satrapi, 280 pages, 29.80 euros. En librairie.
