Ma famille imaginaire, premier roman graphique de l’illustratrice Édith Chambon, paraîtra le 12 octobre prochain. Un récit bouleversant, savoureux, où brillent des pépites d’humour, comme des larmes dont Causette dévoile les bonnes feuilles.
Tout commence par un mariage et par une IRM. Ces deux événements, si dissemblables, déclenchent ensemble un véritable séisme dans la psyché de l’autrice. Son univers va s’effriter doucement, dévoilant des secrets de famille, intimes et dévastateurs. Servi par une mise en images inventive et un dessin faussement naïf, le premier roman graphique d’Édith Chambon ne peut laisser indifférent ou insensible. Causette, qui aime bien en savoir plus sur ses coups de cœur, ne s’est pas privée de poser quelques questions à l’autrice, et vous propose de découvrir les bonnes feuilles.
Causette : Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer de l’illustration à l’écriture ?
Édith Chambon : Cela faisait déjà quelques années que j’avais envie d’écrire, mais j’étais prise par des commandes d’illustration ou de bande dessinée. J’ai donc décidé de partir en résidence à la Maison des auteurs à Angoulême pour me consacrer à l’écriture de ce qui devait être, à l’origine, une fiction. Mais j’ai vécu un deuil très douloureux qui m’a mise face à mes illusions et à un immense sentiment d’impuissance… faisant alors écho à mon histoire familiale, que j’ai ainsi décidé d’exorciser.
C’est difficile de raconter son histoire, l’avez-vous beaucoup modifiée ?
É. C. : J’ai d’abord fait un travail méthodique de recensement des souvenirs et des rêves qui me semblaient pertinents avec ce que je souhaitais raconter. Je les ai ensuite organisés de façon chronologique, puis sous forme de script. La mise en scène a été l’étape la plus compliquée et la plus exaltante. Je souhaitais offrir une diversité de mise en pages et en images, pour que le récit soit vivant et dynamique. J’ai tâché de rester fidèle à la réalité des événements ou de ce que j’en savais, tout en assumant ma subjectivité. Car il s’agissait de rendre compte de ma vérité.
Est-ce que l’écriture vous a permis d’approfondir ce travail de mémoire, ou est-elle intervenue après ?
É. C. : L’écriture a été partie intégrante de ma thérapie et même, c’est ce qui m’a permis d’accepter mon histoire et de sortir des ruminations douloureuses. Ce travail était d’abord mû par le désir intuitif de réparation et[…]