Dans cet essai, la prolifique quadragénaire décrypte sa « grève du sexe » hétéro depuis quatre ans pour mieux interroger notre « valeur sociale en tant que femme ».
Documentaires, court-métrage, essais, podcasts, série (Des gens bien ordinaires), animation (Libres ! Manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels, dont la saison 2 est disponible depuis mars sur Arte.tv) : depuis quatre ans, Ovidie n’a pas chômé. N’oublions jamais cependant que, depuis plus de vingt ans, tout passe chez elle par l’écrit.
Son nouvel ouvrage, au titre emprunté à un poème de Mallarmé, La chair est triste hélas, est son trente-troisième. Il débute par une confession : « Un jour, j’ai arrêté le sexe avec les hommes », et cette « grève du sexe » dure depuis quatre ans. Si le sujet mérite bien un livre, c’est que celui-ci pointe plus loin.
La quadragénaire interroge sa – et la nôtre – « valeur sociale en tant que femme. Car ce qui détermine la cote d’une femme dans notre société, écrit-elle, c’est sa baisabilité ». Les pages sur la masturbation invitent à reconstruire l’imaginaire érotique, celles sur les fantasmes à « réinventer son rapport à l’autre ». Et c’est bien de rapports (sociaux, moraux, réels comme symboliques) et de « rupture civilisationnelle en cours » que traite la gréviste Ovidie.
Ce règlement de comptes inaugure la collection Fauteuse de trouble dirigée par Vanessa Springora, dont le deuxième opus est signé d’Emma Becker. Il en respecte à la lettre la note d’intention : « Des textes articulant les thématiques de la sexualité et de la révolte, de l’intime et de l’émancipation ». Gros programme.
La chair est triste hélas, d’Ovidie. Julliard, 176 pages, 18 euros. Dans la même collection Fauteuse de trouble : Odile l’été, d’Emma Becker. 200 pages, 19 euros. En librairie le 6 avril.