En même temps, fable tordante du tandem Kervern- Delépine, parie sur l’engagement des femmes. Raison de plus pour en parler avec une nouvelle venue dans leur univers brindezingue : l’irrésistible India Hair, géniale en activiste féministe débordante d’énergie...
Causette : C’est la première fois que vous jouez dans un film signé Gustave Kervern et Benoît Delépine. Pourtant, vous semblez très à l’aise dans cet univers poético-punk. Expliquez-nous !
India Hair : J’ai beaucoup regardé Groland sur Canal+ en grandissant, et j’ai vu quasiment tous les films de Gustave et Benoît ! En plus, j’avais déjà tourné avec Gustave dans un film intitulé Poissonsexe [d’Olivier Babinet, ndlr], et l’on s’était très bien entendus. En fait, ce qui me passionne dans leur cinéma, c’est qu’ils font rire avec beaucoup de tendresse et de mélancolie. Ce mélange des émotions, c’est comme du Tchekhov... et c’est comme dans la vie ! Du coup, j’ai trouvé ça merveilleux qu’ils fassent appel à moi. Pourtant, je suis quelqu’un d’extrêmement impressionnable, j’aurais pu trouver ça difficile de travailler avec mes idoles ! Mais comme ils sont dans la vie comme dans leurs films, très gentils et très drôles, je ne me suis jamais sentie écrasée.
L’engagement est au centre d’En même temps, qui parle de féminisme et d’écologie. Deux sujets qui vous tiennent à cœur ?
I.H. : J ’ai 35 ans , je suis donc de la génération située juste avant que le féminisme redevienne populaire. Il a fallu que j’apprenne à déconstruire, j’en ai pris conscience il y a seulement huit, neuf ans. Aujourd’hui, ce combat est devenu central pour moi. J’ai deux enfants, une fille et un garçon, et j’y pense tous les jours : comment éduquer mon fils pour qu’il devienne féministe à son tour ? Pareil pour l’écologie : je suis en plein dedans. Ainsi, on a fait le choix de quitter Paris pour vivre à la campagne et ma maison est totalement écologique. Quand on décide d’avoir des enfants, c’est normal, je crois. Enfin... je ne veux surtout pas donner de leçons ! Disons que je suis curieuse, que j’essaie, et que mon engagement passe aussi par le choix de mes films. Celui-là est très frontal, c’est bien (rires) !
Précisément, votre personnage est une activiste féministe enthousiaste, drôle et amicale. D’où vient cette vision positive, plutôt inhabituelle ? Des deux auteurs ? De vous ?
I. H. : Non, pas de moi, le film était écrit comme ça. Mais j’y adhère totalement ! L’idée était de montrer que, lorsqu’on est une femme, que l’on défend une cause entre amies, donc que l’on se sent en sécurité, beaucoup d’énergie et de joie se dégagent. Je dois dire que mes partenaires, Jehnny Beth et Doully, m’ont beaucoup inspirée. De même qu’un documentaire incroyable, Je suis Femen, d’Alain Margot...
de Gustave Kervern et Benoît Delépine.
Kervern et Delépine disent de leur film qu’« il fait amende honorable aux femmes ». Que pensez-vous de leur démarche ?
I. H. : Je pense qu’ils ont raison, il y a encore trop d’injustices. Mais ils ne font pas que demander pardon, ils mettent en lumière des femmes incroyables et ils les filment merveilleusement. Cela veut dire qu’ils sont sincères, hypersensibles... et très intelligents (rires) !
