Céline Sallette : « J’avais évi­dem­ment été tou­chée par la puis­sance du sujet, mais aus­si par la démarche d’Inès »

Elle est for­mi­dable en journaliste-​lanceuse d’alerte dans Les Algues vertes, l’adaptation de la célèbre BD d’Inès Léraud réa­li­sée par Pierre Jolivet sor­ti en salles ce mer­cre­di 12 juillet. Rencontre avec Céline Sallette, une actrice pas­sion­née et passionnante…

SIPA shutterstock41039372 000095
Céline Sallette © DAVID FISHER

Causette : Que saviez-​vous du phé­no­mène des algues vertes en Bretagne, ce désastre éco­lo­gique et social, avant de tour­ner dans le film de Pierre Jolivet ?
Céline Sallette : J’avais lu la BD d’Inès Léraud [Algues vertes. L’histoire inter­dite, aux édi­tions Delcourt, ndlr] bien avant que Pierre me contacte. J’avais évi­dem­ment été tou­chée par la puis­sance du sujet, mais aus­si par la démarche d’Inès. Une BD sur le scan­dale des algues vertes, donc sur le fonc­tion­ne­ment de l’agriculture indus­trielle en Bretagne… Ça ne se fai­sait car­ré­ment pas avant elle ! Et c’est vrai­ment une pré­cur­seuse, car elle avait d’abord com­men­cé cette démarche dans son Journal bre­ton, sa série docu­men­taire sur France Culture. Son intel­li­gence, sa per­sé­vé­rance, son cou­rage y étaient déjà à l’œuvre. Elle ten­dait son micro, fai­sait par­ler les gens, en quête de l’autre et de la véri­té. Se frot­tant à la com­plexi­té, bri­sant la loi du silence, mais res­tant tou­jours en contact avec l’humanité : très passionnant !

On par­tage votre admi­ra­tion. N’est-ce pas plus dif­fi­cile, mal­gré tout, d’incarner une per­sonne réelle, tou­jours en vie, plu­tôt qu’un per­son­nage de fic­tion ?
C. S. : Non, jus­te­ment, ce qui est mer­veilleux dans ce pro­jet, c’est que j’ai pu ren­con­trer Inès ! Je l’ai beau­coup ques­tion­née en amont pour bien com­prendre le sujet, les dif­fé­rentes étapes de son enquête. Elle est venue sur le tour­nage éga­le­ment. Inès est drôle, hyper maligne, elle dégage aus­si une dou­ceur opi­niâtre très puis­sante. En fait, elle est très habi­tée par un sen­ti­ment de devoir et d’action face à l’injustice. En bref, j’ai beau­coup de res­pect pour elle : l’incarner sur grand écran a donc été une chose effrayante et pas­sion­nante pour moi. Je lui ai deman­dé des conseils tout le temps !

Après avoir été une BD, Les Algues vertes est deve­nu un film. Est-​ce à dire que seule la fic­tion – très réa­liste, il est vrai – peut racon­ter cette enquête hyper sen­sible ?
C. S. : Disons que c’est une bonne façon de faire cir­cu­ler l’information pour qu’elle par­vienne au plus grand nombre. C’est ce qu’a vou­lu Inès par le biais de la BD, for­mel­le­ment puis­sante. Et c’est ce qu’a vou­lu Pierre [Jolivet, le réa­li­sa­teur] : rendre l’information acces­sible en fai­sant d’Inès l’héroïne de son film, en la pla­çant au centre. On peut plus faci­le­ment se pro­je­ter, car on découvre la Bretagne et le
monde pay­san à tra­vers elle, en même temps qu’elle. Pierre était vrai­ment la bonne per­sonne pour ce pro­jet, c’est un homme intègre, bien­veillant et drôle, très poli­ti­sé aussi…

Précisément, avez-​vous ren­con­tré des dif­fi­cul­tés pen­dant le tour­nage, comme Inès Léraud a pu en avoir au cours de son enquête (menaces, pro­cès et autres) ?
C. S. : On a tour­né essen­tiel­le­ment dans la région où se concentre une grande par­tie des algues vertes en Bretagne. C’est vrai que les maires ont fait pres­sion : on n’a pas pu mon­trer d’élevage inten­sif, par exemple. Parce que ceux qui pro­fitent de cette inten­si­vi­té contre nature, et de ce sys­tème mafieux, eh bien, ils consi­dèrent que cette his­toire d’algues vertes, c’est fini ! Ils ne veulent plus en entendre par­ler ! Cela étant, on a aus­si ren­con­tré une grande curio­si­té sur place. D’ailleurs, aujourd’hui, les avant-​premières des Algues vertes font salle comble en Bretagne. C’est un film très attendu…

Les Algues vertes, de Pierre Jolivet. Sortie le 12 juillet.

Lire aus­si l Menacé·es pour s'être inté­res­sé de trop près aux dérives de l'agriculture intensive

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accom­pa­gner les com­bats qui vous animent, en fai­sant un don pour que nous conti­nuions une presse libre et indépendante.

Faites un don
Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés