IMG 6849

Accusation de viol : Cristiano Ronaldo sera-​t-​il rat­tra­pé par la justice ?

Contre Attaque, c’est un superbe webzine réalisé par une dizaine de jeunes femmes passionnées de foot. De quoi mettre du female gaze dans le sport préféré des Français·es. Pour l’Euro, qui a débuté le 11 juin, elles prennent leurs quartiers sur Causette.fr… À vos crampons !

Cristiano Ronaldo forme avec Lionel Messi, le duo le plus prolifique du football mondial. Célébré pour ses prouesses physiques et techniques, le joueur portugais de 36 ans traîne derrière lui l’accusation d’une femme pour viol.

L’Euro 2021 permet à la planète foot de retrouver les meilleurs footballeurs mondiaux, de les voir défendre leurs couleurs à l’aide de tant de prouesses physiques et techniques. 

Cristiano Ronaldo, alias CR7, dispute pour sa part son cinquième Euro avec la selecao, renforçant chaque jour un peu plus son prestige et entrant pour les amateurs dans une sorte de légende inébranlable. Controlfreak sur ce que son corps d’athlète ingurgite, on l’a d’ailleurs vu lors d’un point presse se permettre de repousser dédaigneusement une bouteille de Coca-Cola, l’un des sponsors de l’Euro, pour demander de l’eau.

Le joueur évoluant pour le moment à la Juventus Turin et âgé de 36 ans a su séduire petits et grands, tant par son travail physique incessant que par ses frappes surpuissantes ainsi que son autorité naturelle sur le terrain. 

Mais la légende Ronaldo a sa part d’ombre, qui a trop souvent été mise de côté au profit de ses performances sportives exceptionnelles, d’engagement humanitaire généreux, ou toute autre excuse de circonstance.  Excuser les actions de son champion au motif qu’il éclipse tous les autres joueurs sur le terrain n’est pas acceptable.  

Avant de devenir l’immense star qu’il est est aujourd’hui, comptabilisant près de 117 millions de dollars en 2020 dont 70 millions de salaire, le Portugais aurait violé une femme. Cela a cependant été bien trop rapidement oublié par les médias et la planète footballistique en général, comme si la durée de validité des erreurs de Ronaldo était périssable. 

Un comportement démesuré  

En 2009, Cristiano Ronaldo avait 24 ans, était en pleine ascension et venait d’être transféré royalement au Real Madrid pour près de 94 millions d’euros. 

Passant son été dans des destinations réservées à son immense fortune, il atterrit à Las Vegas et plus précisément au Palms Hotel, où il rencontre alors Kathryn Mayorga, jeune américaine de 25 ans. 

Jeune joueur déjà dans l'œil de tous les médias et des réseaux sociaux, Cristiano Ronaldo jouit déjà d’une influence incommensurable en lien avec un ego et une confiance en lui presque excessive. Il passe ainsi la nuit avec cette jeune femme, ce qui n’a rien d’extraordinaire ou de nouveau jusqu’alors.

Oui mais. 

Rapidement après cette nuit, Karthryn Mayorga se rend au commissarriat de Las Vegas pour dénoncer un viol commis à son encontre, sans toutefois mentionner ni l’auteur du viol ni le lieu où cela s’est passé.

Selon la jeune femme, l’auteur du viol l’aurait sodomisée de force, pendant qu’elle se cachait le sexe pour éviter d’être pénétrée et qu’elle criait à de nombreuses reprises d’arrêter.

En 2010, la jeune femme et les équipes juridiques de Ronaldo sont parvenus à signer un accord de confidentialité avec comme conséquence le versement de 330 000€ à la victime, procédure de silenciation que l’on connaît mieux depuis la révélation de l’affaire Weinstein. 

Une polémique vite éteinte 

En 2018, Kathryn Mayorga va néanmoins relancer l’affaire en affirmant publiquement que Cristiano Ronaldo l’a violée, allant même jusqu'à porter plainte à son encontre auprès du tribunal du Nevada.  

Cristiano Ronaldo ne prendra la parole sur ses réseaux qu’une seule fois à propos de ce qui lui est reproché en déclarant en 2018,  je cite, “Je sais qui je suis et ce que j'ai fait. La vérité éclatera au grand jour. Bien sûr que cette histoire interfère dans ma vie. [...] Imaginez ce que cela peut représenter que quelqu'un dise que vous êtes un violeur. J'ai une compagne, quatre enfants, une mère qui vieillit, des sœurs, un frère, une famille dont je suis très proche. Sans parler de ma réputation, qui est celle de quelqu'un d'exemplaire”. 

A cette époque, CR7 assure ses arrières alors en engageant une équipe “de spécialistes de la protection de la réputation” qui vont jusqu’à mettre la pression à la victime en menaçant de diffuser des informations selon lesquelles elle aurait sciemment eu une relation sexuelle avec le footballeur, dans l’espoir de le faire chanter après. Ce n’est pas étonnant une fois de plus, que les personnes disposant de moyens financiers disproportionnés sachent se protéger sur tous les fronts. 

Si l’ensemble des faits remontent à 2009, c’est en 2018  toujours que la justice américaine devait se prononcer officiellement sur cette affaire. Une justice ayant dû entre temps accorder une place conséquente aux affaires de violences sexuelles avec le mouvement #MeToo. Pourtant, en 2019 les tribunaux américains décident de ne pas inculper le joueur, pour cause d’absence suffisante de preuves à son encontre. 

Une victime mise sous silence  

Il est ici important de préciser que la justice ne s’est pas uniquement penchée sur les faits de 2009, afin de juger ou non de la culpabilité de Cristiano Ronaldo, mais a dû déterminer dans un second temps si la victime était en capacité mentale et physique de pouvoir agréer à cet accord de confidentialité. 

En effet, Kathryn Mayorga était en 2009, sur le coup des événements et, comme tant d’autres victimes, ne disposait pas des moyens émotionnels, juridiques, et financiers de devoir faire face à un mastodonte comme Ronaldo et son équipe juridique. 

Juridiquement parlant, elle s’appuie désormais sur le fait d’avoir un contrat signé à cause “d’abus de faiblesses sur personne vulnérable” montrant ainsi qu’elle n’était pas capable de consentir pleinement et fermement à un contrat de cette ampleur si tôt après les faits.  Une énième répétition de “David contre Goliath” sauf que cette fois-ci, David ne s’est pas arrêté à une première défaite. 

Pour appuyer sa requête et demander réparation, la victime réclame 56 millions de livres sterling à Ronaldo, soit deux ans de son salaire annuel à la Juventus. 

La procédure judiciaire date maintenant de près de 2 ans, et n’est toujours pas parvenue à son terme, bloquée d’une part par les difficultés à joindre Ronaldo vivant en Europe, mais d’autre part par les arguments de ses avocats, reprochant à Kathryn Mayorga d’utiliser des preuves illégales provenant entre autres d’opérations de “hacking”. 

S’il ne nous appartient pas de nous prononcer à la place de la justice américaine, il paraissait essentiel de mentionner de façon précise ce dont a été accusé le joueur, lui qui dispose d’une influence sans précédent, en venant de dépasser les 300 millions de followers sur Instagram. 

Zoé Faucher

Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.